Le petit vieux est-il encore rentable ?

Quel drame, cette affaire Orpea !

Surtout pour les investisseurs. Jusqu’ici, le petit vieux dépendant était un placement juteux. Vous mettiez dans les 200 000 euros sur une chambre d’Ehpad, ça vous rapportait tranquillou du 4,5 % brut minimum. Mais il a suffi d’un méchant livre-enquête pour flanquer ce business par terre. L’action Orpea a dégringolé carrément de 60 %. Et toutes celles du secteur.

Faut-il vendre en catastrophe, comme l’ancien patron d’Orpea, qui, ainsi que l’a révélé « Le Canard », a, dès qu’il a su avant tout le monde, vendu ses actions, ce qui lui vaut l’ouverture d’une enquête préliminaire pour délit d’initié ? Pour l’instant, l’hebdomadaire « Investir » conseille de conserver « ces valeurs massacrées » ; elles vont bien finir par remonter. Les chances sont faibles qu’elles retrouvent « leurs multiples historiques ».

Récemment encore, racontent « Les Échos » (11/2), « on pouvait lire sur le site « ehpad.pour-investir.com » l’accroche publicitaire suivante : « Investissez dans une chambre d’Ehpad et obtenez jusqu’à 7,98 % net par an » ». Le/la petit/te vieux/vieille dépendant/e était un placement « utile, rentable et sécurisé ».

Désormais, c’est risqué. D’où cette grave question posée par « Les Échos » (8/2) : « Faut-il encore investir dans les Ehpad ? » Certes, leur taux de remplissage ne va pas s’effondrer du jour au lendemain : « La demande est telle qu’il sera très difficile, voire impossible, pour les personnes âgées et leurs familles de trouver une solution alternative. » Le petit vieux dépendant, c’est de la clientèle captive : ouf !

Mais, observe un expert, « on peut anticiper un durcissement de la réglementation ». Une exigence de transparence. Des frais de gestion accrus. Imaginez que l’on oblige les gérants à servir moins de biscottes et plus de brioches ! À être moins radins sur les couches-culottes ! « Sous le poids des nouvelles charges », l’action des Ehpad pourrait « ne plus servir que du 2 à 2,5 % ». C’est le moment d’investir dans la brioche et la couche-culotte.


Article signé des initiales : J.-L.P. – Le Canard Enchainé – 16/02/2022


6 réflexions sur “Le petit vieux est-il encore rentable ?

  1. jjbadeigtsorangefr 23/02/2022 / 9h02

    Le traitement de la vieillesse ne devrait relever que de la seule Sécurité Sociale pas du fric.
    « Les jours heureux » doivent exister jusqu’au dernier…

    • Danielle ROLLAT 24/02/2022 / 0h13

      Oui, il faut reprendre la main sur la prise en charge de la perte d’autonomie gérée actuellement par les départements, avec des inégalités d’aides… et ne plus parler de dépendance qui a un côté péjoratif..et discriminant.
      Pour cela il faut absolument instaurer et mettre en place une grande loi Autonomie, applicable du 1er au dernier jour de notre vie, en incluant les personnes handicapées… enfants compris.
      Cela corrigerait une injustice flagrante : les handicapés devenant actuellement des Agés et basculent à l’âge de la retraite, perdent des avantages…financiers, en entrant dans le tronc commun !
      Enfin la gestion nationale par la Sécu et ses caisses permettrait d’allouer les mêmes aides sur l’ensemble des territoires de la République, et non pas en fonction des décisions et du budget des conseils départementaux et de leurs ressources…
      Cela devrait aussi passer par la reprise en main de la gestion par le Conseil d’Administration des Caisses de Sécu, qui voterait le budget, contrairement aux lois de financement actuelles votées par le Parlement..
      C’est ce que portent 9 organisations syndicales et associations de retraités depuis près de 10 ans maintenant, en parfaite coopération et respect mutuel. J’ai eu l’honneur d’y siéger !

      • Libres jugements 24/02/2022 / 10h15

        Bonjour Danielle, merci pour ton commentaire fort avisé.
        Ce n’est pas à toi très investie dans le domaine, à qui il faut en raconter des vertes et des pas mûrs.
        Jean-Jacques de son côté s’est investi dans tout le domaine prud’homal, dans son métier, dans ses convictions et je puis dire que vos règles de conduite ont des bases similaires.

        Ceci étant dit, bien préciser, pour avoir été confronté directement comme hélas beaucoup de personnes – beaucoup trop de personnes – aux problèmes des EHPAD, que notre dernier fils à travailler dans un EHPAD tout comme aujourd’hui la mère de nos petites filles, je pourrais hélas citer maints problèmes rencontrés dans ces établissements temps humain, social, soins, financiers.
        placer une personne en EHPAD ne devra pas être la solution reste que dans nos habitations modernes, dans les mœurs actuelles, n’est pas prévu de garder auprès de soi la parenté surtout lorsqu’elle est atteinte de maladies telles que Parkinson ou Alzheimer voire de handicap moteur dû à l’âge ou d’accident de la vie.
        D’un autre côté le personnel employé est trop souvent malformé, contingentée dans une obligation de rentabilité financière, souvent mal payés avec des horaires quelquefois incompatibles avec une vie familiale obligeant souvent le personnel à chercher d’autres solutions de rémunération.
        Reste un dernier point et pas des moindres, le financement des personnes résidentes qui au rythme des augmentations mensuelles ou il va, ne sera plus envisageable par la seule parenté et les APA actuels.

  2. bernarddominik 23/02/2022 / 9h14

    Chez « Orpea » les 2 repas petit déjeuner et collation coûtaient 4 €.
    Autant dire que nos seniors mangeaient des clopinettes tout en payant plus de 2 500 € mensuels. Les bénéfices des EHPAD ne sont pas seulement dans les dividendes, mais à travers la rémunération des dirigeants et les achats fournisseurs permettant de juteuses combines.

    • Libres jugements 24/02/2022 / 10h22

      Orpea Bernard, sert à juste titre de bouc émissaire cachant bien notre problème dans tous les EHPAD de France.
      Bien plus que le détail financier – certes pas négligeable et d’énonçable – il s’agit bien de parler de l’ensemble des problèmes que pose à un moment donné une parenté nécessitant une surveillance constante, des soins, dans un environnement adéquate.
      le double problème est d’une part, le financement de ses unités – famille, état, organisation publique/privée ? — et d’autre part, le professionnalisme et le temps accordé à chaque résident par le personnel d’encadrement.

  3. Danielle ROLLAT 24/02/2022 / 15h03

    D’après ce que j’ai connu, d’après les témoignages de nos amis de l’UNRPA résidant dans différents départements, d’après ma propre expérience familiale (belle maman, ma propre sœur, la mère d’un cousin, la grand mère de ma belle fille, et des amies ici) :
    * il apparait très clairement que les Résidents accueillis dans les EHPAD publics, soient mieux traités, mieux servis, mieux accompagnés que dans ces boites pompes à fric, et ce même s’il y a ponctuellement des problèmes d’absences de personnel…
    * et les tarifs sont beaucoup plus attractifs..
    Par exemple, ma sœur accueillie dans l’EHPAD public de Saint Pourçain sur Sioule débourse un peu plus de 1800€ par mois, soit 60€ par jour…
    * Je rappelle que les organisations de professionnels revendiquent la création de 200.000 postes dans ces établissements, soit aussi un agent par personne accueillie,
    * établissements qui bien souvent ne comptent pas d’infirmière de nuit, d’où mutualisation d’une infirmière pour plusieurs… solution provisoire qui avait été avancée, mais je n’ai pas de nouvelles infos
    Prière aux retraités de se concerter pour appeler en cas de besoin… bon courage aux veilleurs et veilleuses de nuit !

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