… elle n’est plus que l’ombre d’elle-même…
Interview de Didier Billion
- Plusieurs membres du conseil central de l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine) ont boycotté la réunion de celui-ci. Qu’est-ce que cela nous dit sur l’état de l’organisation ?
La situation, qui semble se cristalliser, est l’expression d’une forme de déliquescence de l’OLP, qui a connu un encroûtement et une bureaucratisation extrême. La direction de l’OLP, et mécaniquement celle de l’Autorité palestinienne, s’est totalement coupé de la population, et n’est plus du tout acceptée. On constate une coupure générationnelle, avec des dirigeants qui avoisinent les 80 ans et une population très jeune. Au mieux, l’organisation laisse indifférents les jeunes, au pire, elle suscite chez eux une révolte contre la direction. Ce qui paraît clair, c’est que la classe dirigeante est complètement déconnectée des préoccupations citoyennes. En outre, la corruption qui gangrène l’OLP n’est un secret pour personne et accentue le discrédit à l’égard de la classe politique. Cette organisation, qui a arrimé le sentiment national palestinien, n’est plus que l’ombre d’elle-même puisqu’elle ne représente plus que la défense de ses propres intérêts. - Le président Mahmoud Abbas a appelé à « des réformes ». Quelle en serait la nature ?
Il faudrait directement lui demander. Plus sérieusement, il n’y a à mon sens pas de possibilité de réformes. Dans cette partie du monde notamment, lorsque les dirigeants locaux étaient fragilisés par leur population, ils ont toujours appelé à des réformes. Ces éternelles ritournelles de réformes viennent généralement régulièrement trop tard. J’ai tendance à penser qu’il faudrait revoir la totalité de l’organigramme de l’OLP, ce qu’aucun dirigeant en place n’est susceptible d’accepter. C’est un peu le chien qui se mord la queue, et nous sommes dans une situation que l’on ne peut résoudre par des réformes. Ce terme ne correspond pas aux nécessités actuelles et me fait amèrement sourire. Il faudrait un bouleversement radical et total.
Ce qui est terrible, c’est que les dirigeants de l’OLP se sont complu et moulés dans les apparences d’un pouvoir qu’ils n’ont pas. Et lorsqu’on a en tête la situation d’occupation dans laquelle sont les Palestiniens, ce mirage du pouvoir tout simplement tragique. Mahmoud Abbas est sur la ligne de la meilleure coopération possible avec Israël. Sa rencontre avec le Premier ministre Israélien Benny Gantz en décembre 2021 n’était d’aucune utilité pour le quotidien des Palestiniens annexés. Mahmoud Abbas le sait et l’accepte. En cas d’élection, les membres de l’OLP savent qu’ils risquent une défaite cuisante. - Quel rôle le parti islamiste Hamas peut jouer dans une éventuelle recomposition politique de l’OLP ?
Ce qui est à mon sens critiquable dans le fonctionnement de l’Autorité palestinienne peut, en large partie, s’appliquer aux dirigeants du Hamas. Ils ne sont pas exemptés de problèmes de corruption et de discrédits politiques. Si des élections s’organisaient, il n’est pas impossible que le Hamas en sorte renforcé. Mais, il ne faut pas s’illusionner. À l’instar de l’OLP, bien que les trajectoires politiques et les référents identitaires diffèrent, le Hamas est perçu par la jeunesse palestinienne comme une structure éloignée des réalités quotidiennes.
Aujourd’hui, aucune relève politique en tant que telle. Les partis traditionnellement opposés à la ligne de coopération de l’OLP avec Israël sont groupusculaires et n’ont que peu d’influence dans les institutions palestiniennes. Les formes d’engagements actuelles prennent des formes diverses et nouvelles au sein de la jeunesse. La musique demeure un fort levier d’expression. Mais, il n’y a pour l’heure aucune personnalité qui arrive à cristalliser une ligne alternative à celle incarnée par Mahmoud Abbas. - Dans la situation actuelle, l’idée d’une solution à deux États est plus que jamais mise à mal…
Évidemment. J’ai toujours été partisan d’une solution à deux États, sauf que le dire et le répéter ne sert à rien. Aujourd’hui, il ne peut y avoir une solution à deux États. Le véritable combat à mener est celui de l’égalité des droits et de la libération des territoires annexés par l’occupant israélien. Invoquer une solution à deux États est une sorte de mantra encore clamé par l’OLP, mais qui ne correspond en rien à la réalité et aux préoccupations du moment. Dans tous les sens du terme, il y a un rouleau compresseur israélien qui a fait sauter toutes les digues de résistance palestinienne.
Propos recueillis par Arnaud Deux pour La Marseillaise. Source IRIS (Lecture libre en suivant le lien)
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