« La stratégie mise en place par le chef de l’État durant ce quinquennat, a sauvé le pays.
« C’est aussi simple que cela. Qui aujourd’hui a retrouvé son niveau d’activité économique d’avant-crise ? Pas le Royaume-Uni. Pas l’Italie. Pas l’Espagne. Pas l’Allemagne. La France l’a retrouvé, grâce au « quoi qu’il en coûte », à la protection de l’activité économique et au plan de relance ». Ainsi s’exprimait Bruno Le Maire sur la chaîne de service haineux CNews, le 22 décembre 2021.
Mais l’ego du ministre a été gonflé comme jamais le 14 janvier 2022, quand le New York Times a publié une tribune signée Paul Krugman (lauréat du prix de la Banque de Suède en sciences économiques), l’une des voix majeures de la discipline, dont le titre indiquait que la France avait connu « une bonne pandémie, ».
Krugman ferraille depuis toujours pour expliquer à ses compatriotes que le « modèle européen », c’est-à-dire des trucs aussi basiques que des services publics et un minimum de Sécurité sociale, est supérieur au « modèle américain », et ce du strict point de vue de l’efficacité économique.
Ce qui est une évidence pour tout le monde, sauf pour mes collègues économistes de fac, fonctionnaires, qui ne cessent de nous vanter les mérites du capitalisme goût sauce barbecue, peut-être en raison des rémunérations faramineuses des universitaires qui ont cours dans ce drôle de pays où être docteur fait apparaître des étoiles dans les yeux de vos interlocuteurs, au lieu de la question trop souvent entendue en France : « Ah bon? Vous avez fait une thèse? Jusqu’à 30 ans passés ! Vous ne vouliez pas d’un vrai travail ? »
Bref, pour Paulo, si la France s’en tire mieux que les États-Unis, c’est grâce au chômage partiel, qui a permis de « maintenir le lien entre salariés et employeurs », contrairement à ce qu’il s’est passé dans son pays, où les entreprises licencient joyeusement à la moindre crise (vous vous souvenez, en 2008, des traders millionnaires devant quitter séance tenante leur bureau avec dans les mains un petit carton contenant leurs affaires personnelles ?)
Krugman félicite aussi la France pour « ses services de garde d’enfants pour tout le monde », la meilleure politique en faveur de l’égalité entre femmes et hommes de notre pays, et dont la plupart des êtres humains ne peuvent souvent même pas croire qu’ils existent tellement c’est extraordinaire.
Pour Krugman, avoir maintenu les crèches et les écoles ouvertes a « libéré les parents, en grande partie les mères, pour qu’elles puissent reprendre le travail » (ce qui est exact) et aussi évité pas mal de crises de nerfs familiales ainsi que de nombreuses violences de nous autres (pauvres êtres pleins de poils, de testostérone et de frustrations) à l’égard de nos enfants ou de leur mère, mais cela, Paul s’en tape, c’est un économiste.
Alors, tout est bon dans le Macron ?
En un sens, oui, mais cela n’a fait que démontrer la fausseté de ses thèses.
Si l’économie française va aussi « bien » (à l’explosion de la pauvreté, de la précarité et des files d’attente devant les soupes populaires près), c’est parce que Manu a recouru à la dépense publique comme personne avant lui, lui qui n’a fait que jeter l’opprobre sur tout ce qui était public.
400 milliards d’euros lâchés par l’État aux entreprises, sans aucune contrepartie ni contrôle, c’est tout de même excellent. Ce qui serait encore plus fort, ce serait que tout le monde en tire les leçons.
Mais ça…
Jacque Littauer – Charlie hebdo – 09/02/2022
- « Wonking out : France’s Economy is Having a Good Pandemic », de Paul Krugman (le New York Times, 14 janvier 2022).
C’est gonflé de parler de « bonne pandémie » sans doute pour les affaires, mais certainement pas pour les 134.267 victimes (leurs familles et les soignants qui se sont acharnés à les prendre en charge, au péril de leurs vies.. dont 106.477 à l’hôpital et 27.820 dans les Ehpad (dont in parle beaucoup actuellement…, mais hors morts à domicile non recensés. Chiffres du 11 février. Sans évoquer le bilan mondial et toutes les conséquences familiales, économiques qui en découlent… notamment pour la Sécu.
Bonjour Danielle,
Eh bien oui, quoi, chère amie, selon les économistes financiers, un « bon » cataclysme, une « bonne » guerre, une « bonne » pandémie… enfin quoi l’événement passé, ça active le commerce… c’est de l’ordre de la « bonne chose » pour les financiers.
Non, ce n’est même pas de l’humour, juste une belle dose d’amertume, ça oui.
Très amicalement
Michel