60 ans auparavant…

… Charonne

Il y a soixante ans, la police française assassinait neuf personnes au métro Charonne, à Paris.

Neuf étaient membres de la CGT. Huit étaient membres du PCF, à l’exception de Daniel Féry, il avait 15 ans,  […]

 […]

 Leur faute ?

  • Qu’avaient-ils bien pu faire pour mourir étouffés dans le métro, matraqués à mort ?
  • Pourquoi la police leur a-t-elle jeté les lourdes grilles qui entourent les arbres parisiens ?
  • Parce qu’ils étaient venus manifester pacifiquement contre les crimes et les attentats de l’OAS ?
  • Pour le droit à l’autodétermination du peuple algérien ?

« Mais nous étions dans un climat anticommuniste haineux consubstantiel de la naissance de la Ve  République », relève Alain Ruscio.  […]

« Ils sont pas lourds, en février / À se souvenir de Charonne / Des matraqueurs assermentés / Qui fignolèrent leur besogne », chantait Renaud dans Hexagone (1975). Emmanuel Macron s’en souvient-il seulement ? […]

L’Élysée assure […] qu’un communiqué officiel de la présidence sera rédigé. Son contenu est attendu de pied ferme. Soixante ans après, la France va-t-elle enfin reconnaître la responsabilité de l’État dans la tuerie de Charonne ? Ou bien va-t-elle de nouveau botter en touche, n’incriminant que le préfet de police de l’époque, ce coupable idéal qu’est Maurice Papon ?

 […]

Le 8 février 1962, la police a pourtant chargé alors que [les organisteurs] venaient d’annoncer la dispersion de la manifestation, comme le rappelle Henri Cukierman, présent ce soir-là. Pourquoi, diable, charger une manifestation non violente ?  […]  

En janvier 1961, 75 % des Français s’étaient d’ailleurs prononcés par référendum pour le droit à l’autodétermination du peuple algérien… « C’est le comble de l’absurde ! On a du mal à comprendre cette violence de la police alors que le gouvernement est en pleine négociation avec les représentants algériens pour un accord de paix signé un mois plus tard », observait l’historien Pierre Vidal-Naquet. […]

[…]

L’État n’a toujours pas reconnu ses responsabilités dans le massacre du 8 février 1962. De nombreuses organisations l’appellent à le faire soixante ans après les faits. Aucun membre du gouvernement ne participera aux cérémonies.


Aurélien Soucheyre, Cyprien Cadde. Titre original : «  Ils sont pas lourds, en février, à se souvenir de Charonne. ». Source (extraits)


Ajout

Contrairement a l’interrogation… Emmanuel Macron est le premier président français à rendre hommage aux victimes du métro Charonne. Dans un communiqué publié ce mardi, il déclare « soixante ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes et de leurs familles

Lors d’une cérémonie au cimetière du Père Lachaise (lieu où les victimes ont été enterrées), le préfet de police de Paris, Didier Lallement, a déposé une gerbe au nom d’Emmanuel Macron. Le président de la République en déplacement en Ukraine n’a pu se rendre à l’événement.

Cet hommage « s’inscrit dans une démarche globale de reconnaissance de toutes les mémoires liées à la guerre d’Algérie et qui vise à construire cette mémoire commune » indique un membre de l’entourage d’Emmanuel Macron.


5 réflexions sur “60 ans auparavant…

  1. Matatoune 09/02/2022 / 7h17

    Un bien triste anniversaire en ce moment où gronde une droite extrême à nos oreilles !

  2. jjbadeigtsorangefr 09/02/2022 / 9h56

    Comme tous les jeunes de mon quartier qui avions participé à plusieurs manifestations pour réclamer la fin de la guerre en Algérie et l’élimination de l’OAS je m’y trouvais. Repoussés par les forces de l’ordre (fachos) nous avons fait un grand détour pour parvenir au point de rassemblement. TOUT était calme. Presque arrivé, un hurlement général, des manifestants qui refluaient sous les coups des policiers, chacun cherchant alors à se protéger. J’ai fui … Ce n’est que le lendemain que j’ai appris le massacre. Nous étions plus d’un million aux obsèques et l’opinion publique a conduit les gouvernement à signer les accords d’Evian. Le sinistre Papon était aux commandes de la répression sous les ordres du gouvernement De Gaulle.

  3. luc 10/02/2022 / 17h12

    « les caressses de chien ça donne des puces », dit-on dans ma Charente natale : on imagine la rage de familles ou de proches des victimes en découvrant que le nommé Macron et le nommé Lallement, pour lesquels couvrir les violences policières relève du réflexe pavlovien, rendent hommage-sic à la mémoire des victimes et de leurs familles… Les frontières entre l’hommage et l’outrage sont décidément poreuses dans ce vieux pays gaulois

    • Libres jugements 10/02/2022 / 18h06

      Bravo Luc, parfaitement vu
      Cordialement
      Michel

  4. luc nemeth 11/02/2022 / 11h13

    Michel ton commentaire m’a mis de si bonne humeur que… j’en rajoute !

    Passe encore si en toute frilosité Macron s’était à propos de l’Algérie contenté de ne pas arbitrer entre les partisans de l’indépendance et en même temps ceux du statu quo : c’est là, comme on dit, de bonne guerre.
    Mais il y a beaucoup plus grave.
    Ce n’est pas de l’Algérie mais de la France, qu’il s’agit.
    On nous dit qu’un membre pas mieux identifié de l’entourage présidentiel (peu importe qu’il s’agisse ou non du dévoué Stora) assure que cet hommage-sic « s’inscrit dans une démarche globale de reconnaissance de toutes les mémoires liées à la guerre d’Algérie et qui vise à construire cette mémoire commune » : est-ce à dire, que Jupiter prétendrait RENVOYER DOS A DOS les victimes et ceux qui les tuèrent ?
    Belle mentalité

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