Birmanie : « Ce n’est plus une révolte, c’est une révolution »

Le 1ᵉʳ février 2021, une junte militaire renversait le gouvernement démocratiquement élu trois mois auparavant en Birmanie.

De passage à Paris, Aung Myo Min, ministre en charge de droits de l’Homme pour le Gouvernement parallèle d’unité nationale (GUN) instauré dans la clandestinité après ce coup d’État, revient sur une situation devenue aujourd’hui révolutionnaire…

  • Dans quel état se trouve la Birmanie un an après la prise de pouvoir par les militaires ?

Aung Myo Min : La situation se dégrade de jour en jour. L’armée a intensifié ses actions contre les populations civiles, y compris dans des régions jusqu’alors considérées comme « calmes ». On parle de villages bombardés, de gens abattus, brûlés vifs, de violences sexuelles, de viols, de pillages, de probables crimes contre l’humanité ou crimes de guerre. Avec pour conséquence des milliers de gens déplacés, à l’intérieur du pays ou obligés de trouver refuge en Thaïlande, au Bangladesh ou en Inde.

Est-ce pour ces raisons que votre gouvernement a appelé à une « guerre de défense populaire » en juillet dernier ?

Nous n’avons pas été les premiers. Beaucoup parmi la population ne supportaient déjà plus les violences et les exactions commises par les militaires avant notre décision et, vu le manque de réaction de la communauté internationale, ils se sont dit qu’il était de leur devoir et de leur responsabilité de protéger les leurs et leurs biens. Plus qu’une guerre de défense, c’est une révolution. Une révolution démocratique pour renverser cette dictature militaire dont la lutte armée n’est que l’une des composantes.

Les populations organisent régulièrement des manifestations pacifiques, comme l’opération « Ville morte » qui a paralysé Rangoun hier [1er févier, ndlr], et le Mouvement de désobéissance civile des fonctionnaires est également très actif.

  • Le 21 janvier dernier, le pétrolier et gazier français Total annonçait son retrait de Birmanie. Une bonne nouvelle ?

Ils auraient pu le faire plus tôt. Nous avons demandé à Total de ne pas faire d’affaires avec les militaires […] Total annonce qu’il va quitter le pays dans les six mois à cause des violations des droits de l’Homme ! Ils devraient commencer par arrêter de verser ses royalties à la junte et songer à dédommager les populations victimes d’exactions du fait de leur partenariat avec les militaires.

 […]

  • Avant ce coup d’État, la Birmanie était au ban des nations en raison du « traitement » réservé aux Rohingyas, quelle est votre position ?

Ma position personnelle a toujours été très claire, même avant ma nomination à ce poste en charge des droits de l’Homme, aucune discrimination fondée sur la religion, l’ethnie ou l’orientation sexuelle ne peut être tolérée.  […]

  • Des nouvelles d’Aung San Suu Kyi ?

Elle est toujours assignée à résidence, sans beaucoup de contacts avec l’extérieur. Sa peine vient d’ailleurs d’être rallongée de quatre années. Reste que sa condamnation repose sur des accusations infondées […].


Propos recueillis par Patrick Chesnet. Charlie hebdo Web. Source (extraits)


Une réflexion sur “Birmanie : « Ce n’est plus une révolte, c’est une révolution »

  1. jjbadeigtsorangefr 04/02/2022 / 23:26

    Ce pays n’est pas producteur de quelque chose de grand importance alors la communauté internationale……

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