L’ÉGALITÉ DES SEXES

Tes yeux sont revenus d’un pays arbitraire  
Où nul n’a jamais su ce que c’est qu’un regard

Ni connu la beauté des yeux, beauté des pierres,

Celle des gouttes d’eau, des perles en placards,

 Des pierres nues et sans squelette, ô ma statue,
 Le soleil aveuglant te tient lieu de miroir

Et s’il semble obéir aux puissances du soir

C’est que ta tête est close, ô statue abattue

 Par mon amour et par mes ruses de sauvage.
Mon désir immobile est ton dernier soutien

Et je t’emporte sans bataille, ô mon image,

Rompue à ma faiblesse et prise dans mes liens.

Paul Éluard