Convoquer le ban et l’arrière-ban

On le sait la société féodale était organisée en forme de pyramide. Le roi, au sommet, avait ses vassaux, ducs et comtes, qui avaient les leurs, ainsi de suite jusqu’au moindre vavasseur ou baron.

En principe chaque vassal devait aide et assistance à son suzerain direct, si celui-ci était attaqué ou s’il lui prenait fantaisie d’aller chatouiller son voisin. Si un de ces seigneurs faisait crier le ban (« proclamation ») cela voulait dire que tous les nobles de sa circonscription devaient prendre les armes et se joindre à lui sous peine d’être pendus s’ils essayaient de se défiler…

Dans la pratique ce principe fut assez tôt réservé au roi.

Le ban, dit Furetière, se dit « de la publication qui se fait pour convoquer tous les Nobles d’une Province pour servir le Roi dans ses armées, selon la Loi des Fiefs. On a publié le Ban, & l’Arrière-ban ».

Lorsque Picrochole, roi de Lerné, apprit l’outrage fait à ses fouaciers, il « entra en courroux furieux, et sans plus oultre se interroger quoy ne comment, feist cryer par son pays ban et arrière ban, et que chascun, sur peine de la hart [corde], convint en armes en la grande place devant le chasteau, à heure de midy » (Gargantua, chap. XXIV).

Aujourd’hui on ne convie guère que le ban et l’arrière-ban du cousinage à des fêtes familiales, et encore, de plus en plus rarement.


Claude Duneton. “La Puce à l’oreille”


2 réflexions sur “Convoquer le ban et l’arrière-ban

  1. clodoweg 31/01/2022 / 18:03

    Le « ban » c’est la frontière en Francique, un des rares mots de la langue des francs restés en Français (banal, contrebande banlieue ect…). L’expression veut dire convoquer tout le monde jusqu’à la frontière et même au-delà.

    • Libres jugements 01/02/2022 / 09:53

      Bonjour et merci pour cette précision.
      Cordialement,
      Michel

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