Pour Alexandre Dézé : « Les sondages transforment l’élection en course de chevaux », mais pourquoi les médias et les partis politiques y sont-ils accros ?
Alexandre Dézé : Le nombre de sondages pour ce scrutin ne cesse en effet d’augmenter. En cinquante ans, leur nombre a été multiplié par quarante : de 14 en 1965, ils sont passés à 560 en 2017…
Même s’ils sont souvent critiqués par les médias, comme après les régionales 2021, les sondages représentent un produit d’information peu coûteux et assez rentable, a fortiori si les résultats sont spectaculaires et offrent la possibilité de faire le buzz.
Ils permettent également de scénariser la campagne, en transformant la présidentielle en une sorte de course de chevaux, et ainsi de retenir l’attention du public. Pour les partis, les sondages restent considérés comme indispensables, pour tester l’image d’un candidat et ses propositions, ou définir une stratégie électorale.
- Les panels sondés sont-ils représentatifs ?
Alexandre Dézé : Pour qu’un échantillon soit représentatif, c’est-à-dire sans biais, il faut recourir à la méthode aléatoire. Mais aujourd’hui, en France, les instituts utilisent essentiellement la méthode des quotas, qui fonde la représentativité sur quatre variables : l’âge, le sexe, la catégorie socioprofessionnelle et le lieu d’habitation.
Le problème, c’est que la population française se définit par bien d’autres variables, et que ce n’est pas parce que l’échantillon est représentatif sur quatre variables qu’il l’est sur les autres. […]
- Les sondeurs prétendent que leurs enquêtes ne sont pas des prédictions, mais « une photographie de l’opinion »…
Alexandre Dézé : Oui, c’est une expression pratique, assez parlante par ailleurs, mais qui est aussi utilisée pour justifier a posteriori d’éventuelles erreurs d’estimation. Les sondeurs se défendent bien sûr du caractère prédictif de leurs enquêtes, mais on doit admettre qu’elles sont bien utilisées comme telles. C’est même pour cette raison qu’elles intéressent autant ! La question, c’est comment peut-on prendre une photographie de quelque chose qui n’est pas photographiable ? […]
- Les sondages sont accusés d’influencer l’élection. Peut-on vraiment mesurer leurs effets sur un scrutin ?
Alexandre Dézé : Il existe une vraie croyance dans l’existence de ces effets, très bien illustrée par ce qu’on appelle l’effet de tierce personne. Quand on demande à une personne si elle pense que les sondages sont influents, elle répond en général oui. Et quand on lui demande si elle se sent influencée par les sondages, elle répond en général non. Bref, il y aurait des effets sur tout le monde sauf sur soi… autrement dit, sur personne ! […]
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Cyprien Caddeo. Source (Extraits) https://www.humanite.fr/politique/sondages/presidentielle-2022-alexandre-deze-les-sondages-transforment-lelection-en-course
La comparaison des sondages à la réalité montre la pertinence de leurs résultats. Tout faux dirons-nous.
Les instituts eux-mêmes n’y croient plus et évoquent les causes multiples de leurs erreurs sans corriger d’ailleurs le tir.
Mais ça rapporte gros alors……….