L’art et la manière d’user de la stratégie du jeu d’échec (ou de go). Elle est toute autant légale que d’autres !
Macron-Philippe
Il y a, comme on le sait, de la friture sur la ligne entre eux deux.
Le 14 janvier 2022, l’ancien Premier ministre a fait annoncer par son vieux complice Gilles Boyer qu’il suspendait la participation de son nouveau parti, Horizons, à la « maison commune » macroniste, Ensemble citoyens !, lancée le 29 novembre 2021, dont les fondations étaient déjà bien branlantes.
Trois jours plus tard, il se confiait au quotidien « L’Opinion » (17/1) : « Je ne veux pas être ministre, je ne veux pas aller à l’Assemblée, je ne demande rien. Mais je n’ai pas envie qu’on m’emmerde, puisque c’est un terme à la mode. » Compris, l’« emmerdeur » de l’Elysée ?
Tout est parti d’une réunion d’Agir, le 11 janvier. Ce parti, qui regroupe quelques députés macronistes de centre droit, sous la direction du ministre Franck Riester, devait se prononcer ce jour-là sur une fusion avec le parti Horizons de Philippe.
Rien que de très logique, puisqu’il s’agit de deux mouvements regroupant des élus ayant rompu avec Les Républicains. Sauf que, ce jour-là, rien ne se passe comme prévu. Au moment de voter, Riester prend la parole : « Le Président m’a demandé de ne pas fusionner. Dans la Ve République, on obéit au président de la République, c’est lui qui décidera de vos investitures. »
Et vive les godillots !
Riester a donc vendu la mèche : au lieu de rester évasif ou d’invoquer la crise sanitaire, qui a toujours bon dos, il a avoué d’emblée aux troupes médusées que Macron s’opposait à une fusion. Et pour quelle raison ? Sans doute par crainte que Philippe ne dispose d’un groupe parlementaire trop important dans la prochaine Assemblée nationale.
Plusieurs proches d’Edouard Philippe se sont insurgés ouvertement, à commencer par le président du groupe Les Indépendants au Sénat, Claude Malhuret, le député Pierre-Yves Bournazel ou le maire de Fontainebleau, Frédéric Valletoux. « Cette fusion a été préparée, organisée, arguent-ils. Elle est une évidence politique car il n’y a pas de place pour deux partis sur le même créneau. » Surtout aux législatives.
De quoi rasséréner l’ancien Premier ministre, qui se confiait le 17 janvier 2022 devant ses proches. « On ne va pas passer un siècle sur cette histoire, leur a-t-il dit. Les élus d’Agir nous rejoignent un à un. Quelque chose me dit qu’on devrait survivre sans Riester. »
Et Philippe de conclure : « Toute cette histoire est une connerie. Mais, les conneries qui font parler, il faut s’en méfier. C’est comme les impôts et la dette, on finit toujours par payer. »
Transmis au président du « quoi qu’il en coûte ».
Article non signé lu dans le Canard enchaîné. 19/01/2022
On s’en tape…