Le KKK des USA est toujours présent en toile de fond

Aux États-Unis, l’effrayante chasse aux livres “woke”

Dans l’opulente banlieue de Southlake, près de Dallas, une guerre fait rage. Le champ de bataille : les écoles, où des conservateurs cherchent à bannir tout ouvrage faisant référence à l’esclavage ou aux discriminations. Une lutte qui pourrait bien embraser le pays, à l’approche des élections de mi-mandat.

D’abord, les républicains, au pouvoir au Parlement du Texas, ont adopté une loi, en vigueur depuis septembre 2021 : elle stipule que les enseignants de l’État doivent s’efforcer de présenter à leurs élèves des « perspectives contradictoires » sur les débats de société.

Puis les autorités scolaires de Southlake ont recommandé aux bibliothécaires et aux instituteurs de proscrire les livres « représentant un discours singulier dominant, qui ne peut être contrebalancé par d’autres contenus ». Et en guise d’exemple, une responsable du district scolaire, l’entité chargée de la gestion des écoles locales, a suggéré que des points de vue alternatifs devaient être offerts quand l’Holocauste était abordé en cours…

Aussitôt, et de peur de subir les foudres de parents d’élèves majoritairement républicains, les enseignants se sont mis à passer leurs livres en revue. Lesquels étaient donc « acceptables » ou pas ?

Parmi ceux subitement devenus problématiques, The Hate U Give, sur l’éveil militant d’une jeune Noire, dont l’ami a été tué par un policier blanc lors d’un contrôle. Ou A Good Kind of Trouble, un roman pour enfants dont le personnage principal rejoint le mouvement Black Lives Matter.

Certains sont allés jusqu’à couvrir des livres de draps ou à les placer derrière un ruban jaune et noir… utilisé pour délimiter les scènes de crime.

« Les autorités se plient aux volontés de parents extrémistes qui veulent contrôler tous les aspects de la vie de leur enfant », commente Aaliya Mithwani, une lycéenne d’origine sud-asiatique, membre de la Southlake Anti-Racism Coalition (Sarc), une association locale de lutte contre le racisme.

“Pro-libertés” cherchent livres à interdire

Cette réalité n’est pas propre à Southlake. Dans tout le pays, la chasse aux livres supposés « offensants » est devenue le sport favori des groupes conservateurs.

À Katy, dans le sud-est du Texas, les autorités du district scolaire ont banni cinq livres LGBT à la suite de plaintes de parents.

Dans le Tennessee, des mères se disant « pro-liberté » ont tenté d’en faire interdire des dizaines d’autres – dont un consacré à la marche de Washington orchestrée par Martin Luther King en 1963 pour l’égalité raciale.

En Pennsylvanie, un district scolaire a refusé aux enseignants la possibilité d’utiliser des centaines d’ouvrages, de documentaires et d’articles recommandés par une commission de promotion de la diversité.

Même Beloved, célèbre roman de Toni Morrison (Prix Pulitzer 1988 et Nobel de littérature 1993) évoquant l’esclavage et contenant un langage violent, a suscité en Virginie un débat quant à l’opportunité de le mettre entre les mains des enfants… Et la polémique a contribué à l’élection du républicain Glenn Youngkin comme gouverneur de cet État, jusqu’ici dirigé par les démocrates.

Ce combat de la droite conservatrice n’est pas nouveau, mais il monte en puissance depuis la mort de George Floyd, tué par un officier de police blanc en 2020.

[…]

Tout laisse supposer en tout cas qu’au Texas comme ailleurs la bataille pour le contrôle des écoles et des programmes scolaires sera un thème majeur des élections de mi-mandat de novembre 2022.


Alexis Buisson. Télérama. Source (Extraits)


5 réflexions sur “Le KKK des USA est toujours présent en toile de fond

  1. marie 23/01/2022 / 9h03

    Bonjour Michel, ils m’ont toujours fait peur ces fantômes!
    Bon dimanche
    Amicalement
    MTH

    • Libres jugements 23/01/2022 / 12h40

      Bonjour Marie, et bon dimanche à toi aussi.
      Oui, tu as raison, ces fantômes sont en réalité des extrémistes et de quelques bords qu’ils soient sont toujours très inquiétants.
      Une raison de plus qui me fait haïr les dictatures de gauche comme de droite.
      Amitiés
      Michel

  2. luc nemeth 25/01/2022 / 11h14

    Bonjour Michel,
    C’est vrai, que les dictatures sont haïssables, mais les démocraties aussi peuvent l’être… Et si on considère les traditions respectives des deux pays (le « procès du singe » contre John Scope, dans le cas des Etats-Unis, date d’il y a moins d’un siècle) on peut estimer que la tenue les 7-8 janvier 2022 d’un… colloque-en-Sorbonne, rien que ça, où de « braves » imbéciles ont pu librement et en présence d’un ministre en exercice écouler leur haine du « woke » etc. est un phénomène tout aussi inquiétant
    Bien cordialement

    • Libres jugements 25/01/2022 / 16h33

      Bonjour Luc,
      Tout d’abord, merci pour les nombreux commentaires.
      Nous avons tous tendance à utiliser le verbe pouvoir à tous les temps et en toutes circonstances pour amoindrir la portée de nos propos. En son exploitation le verbe pouvoir ouvre ou ferme le propos. Ainsi lorsque tu dis: « C’est vrai, que les dictatures sont haïssables, mais les démocraties aussi peuvent l’être… », je veux bien souscrire dans les conditions du verbe pouvoir à ce que les démocraties peuvent être haïssables, mais…
      j’ai pas envie de disserter pendant des heures par écran interposé. Il me semble qu’une démocratie cesse de l’être, à partir du moment où l’autoritarisme discriminant (politique, religion, mœurs, etc.), s’exerce soit sur une certaine partie de la population, soit sur la totalité de la population. dans ces conditions, à partir de quel moment passe-t-on de la démocratie à la dictature… Qui le décrète, vaste question !
      Cordialement

  3. luc nemeth 27/01/2022 / 18h21

    Bonjour Michel.
    Effectivement, déterminer le moment où on passe de la démocratie à la dictature n’est pas si facile puisque Trump lui-même se revendiquait de la démocratie et que Poutine, en fait tout autant !
    Bien cordialement

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