Vieille technique de chasse : imiter le cri des animaux pour les attirer vers soi.
Autrefois on attirait les oiseaux sur des branches d’arbres que l’on avait préalablement enduites de glu.
On prenait ainsi les oiseaux « à la pipée » — le mot étant de la famille de pipeau. « La saison de piper au bois as oyseaulx si commence après la Saint-Michel archange et dure tant comme les feuilles sont as arbres », dit un texte du XIVe siècle.
Furetière explique plus tard comment la méthode est passée à d’autres domaines : « Au figuré il s’employe communément pour dire tromper, & particulièrement au jeu. Les filous font métier de piper les dez, de les charger de mercure ou de plomb, d’y marquer de faux points. Ils pipent les cartes en y faisant quelques marques pour les connaître ou en les escamotant ».
Scarron, visitant la foire de Saint-Germain, commente à ce propos :
Icy le bel art de piper
Très-impunément sa pratique;
Icy tel se laisse attraper
Qui croit faire aux pipeurs la nique.
Un pipeur est un filou. Ils abondent. « On peut dire au féminin pipeuse — dit Littré qui ne doute de rien — et, dans le style un peu élevé ou poétique, piperesse ».
Si l’on considère tous les pièges où l’on peut tomber, les embûches de la vie courante, les traquenards qui nous attendent, si l’on songe à tous les appeaux vers lesquels on court, les leurres, miroirs aux alouettes, attrape-nigauds de tous bords — sans parler des peaux de banane et des planches pourries — on se dit qu’un homme averti en vaut une bonne demi-douzaine !
Claude Duneton – « La puce à l’oreille »