Catholiques intégristes.

Civitas se refait une santé contre le vaccin

Le pass vaccinal et la situation sanitaire en général donnent des ailes aux catholiques intégristes de Civitas, dont le programme demande explicitement «l’abrogation de la loi de séparation des Églises et de l’État et le rétablissement du catholicisme comme religion d’État ». Une disposition clairement contraire à la Constitution et incitant à faire des non-catholiques des sous-citoyens, ce qui est, a priori, un appel à la discrimination et donc un motif possible de dissolution.

Devenu un parti politique le 18 mai 2016, dûment enregistré comme tel auprès de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP), Civitas, qui n’a pas droit à l’aide publique en raison de son non-respect des obligations légales, végétait un peu avant l’épidémie de Covid. Son idée de départ, présenter des candidats aux élections locales sur des listes d’intérêts communaux, n’a pas vu le jour. Le mouvement restait sur son thème de prédilection, la défense de la vie, de la conception à la mort naturelle.

Avec la pandémie, l’agenda s’est élargi.

Lors de son université d’été du Pays-Réel, qui s’est tenue en Haute-Loire en juillet 2021, Civitas avait pour mot d’ordre « Démasquons la tyrannie », en l’occurrence, la « tyrannie matérialiste occidentale» et sa conséquence supposée, la «tyrannie mondialiste ». Comment se manifeste-t-elle ? Par la « dictature sanitaire », notamment. Le parti a beau ne s’en prendre officiellement qu’à la vaccination obligatoire, celle-ci n’existant

pas, c’est bien l’ensemble des mesures sanitaires gouvernementales qui apparaît à Civitas comme le signe qu’est amorcé le « Great Reset » dont raffolent les complotistes et qui est le thème du dernier numéro de sa revue. Pour les intégristes, s’exprimant sur le site d’information Médias-Presse-Info qui relaye leur message, il existe une « religion covidiste », et « faire abstraction de la présence du virus, ou pire, ne pas croire en sa présence, choque l’opinion covido-conservatrice et est considéré comme une hérésie ».

La solution ? Selon le président de Civitas, Alain Escada, dans la présentation de ses vœux, elle tient dans la «désobéissance civile massive ». Ce qui est au fond assez cohérent du point de vue de personnes pour qui la république est un régime impie, donc illégitime.

La présence de Civitas dans les cortèges anti-pass gagne en visibilité. En France, mais également à Bruxelles, d’où Escada est originaire.

En Belgique comme dans l’Hexagone, des collages massifs d’affiches contre la vaccination obligatoire, d’une ampleur sans rapport avec le nombre de militants du groupe, fleurissent. Et peuvent tromper celles et ceux qui, tenant à leur liberté de se faire ou non vacciner, ne devinent pas, malgré le Sacré-Cœur surmonté d’une croix qui sert d’emblème à Civitas, la nature politico-religieuse d’un projet inspiré par la frange la plus intransigeante des catholiques lefebvristes, tout spécialement les Capucins de Morgon, dans le Rhône, qui sont les aumôniers du mouvement. Échapper au virus en misant sur des militants surtout préoccupés par l’au-delà, c’est un pari risqué.


Jean-Yves Camus. Charlie hebdo. 12/01/2022


2 réflexions sur “Catholiques intégristes.

  1. bernarddominik 18/01/2022 / 8h55

    Encore des dingues.
    En voulant mettre le catholicisme comme religion d’État ils avouent la faiblesse de leur croyance, Dieu aurait donc besoin des pandores pour s’imposer!
    Ce n’est pas un dieu tout puissant, mais un dieu impuissant.

  2. Danielle ROLLAT 19/01/2022 / 15h30

    hélas !

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