Révolution sans velours au Conseil d’État

Le conseil d’état en est resté pantois.

Le 4 janvier, le président de la République, le Premier ministre et le garde des Sceaux sont venus célébrer (avec une chorale entonnant des succès de Boney M. et de Dalida !) le départ à la retraite du vice-président de l’institution, Bruno Lasserre, sans que l’on connaisse le nom de son remplaçant…

Drôle de climat, ce soir-là, pour la petite fête. Le nom en question n’a été dévoilé au Conseil des ministres que le lendemain. Abracadabrantesque !

D’ordinaire, le poste est dévolu au président des prestigieuses sections du contentieux ou de l’intérieur.

Sauf que, surprise ! c’est Didier-Roland Tabuteau, 63 ans, qui a décroché la timbale.

Président de la section sociale depuis juin 2018, ce spécialiste du droit de la santé ne s’était jamais déclaré. « Il cochait trois cases, persifle un haut fonctionnaire. C’est un techno comme Macron les aime. Il représente l’aile sociale-libérale et arrive au moment où le Conseil examine des dizaines de textes liés à la pandémie. »

Faute avancée…

Proche de Martin Hirsch (directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris), il a également bénéficié du soutien de Nicolas Revel, ex-directeur de la Caisse nationale d’assurance maladie et actuel dircab de Jean Castex.

Le chef de l’État n’est pas rancunier. Le 24 juin 2020, à l’instigation de Tabuteau, le Conseil avait rendu un avis très sévère sur la loi Retraite et l’étude d’impact présentées par le gouvernement, déplorant « des projections financières lacunaires » et une impossibilité de « garantir au mieux la sécurité juridique » du texte.

En passant l’éponge, Macron s’est fait un obligé. Pas inutile, à trois mois de la présidentielle. D’autant qu’à la fin de janvier le patron du Conseil d’État prendra les rênes de la Commission nationale de contrôle de la campagne électorale, chargée de veiller à son bon déroulement. Et il y aura du boulot…


Article signé des initiales O. B.-K. – Le Canard enchaîné. 12/01/2022


3 réflexions sur “Révolution sans velours au Conseil d’État

  1. Matatoune 17/01/2022 / 8h14

    Oh, merci le  » Canard Enchaîné  » de dévoiler ce genre d’arrangement entre amis !

  2. bernarddominik 17/01/2022 / 9h23

    C’est peut-être un bien pour un mal.
    Ça révèle surtout qu’il n’y a pas de vrai contrepouvoir en France, les hommes au pouvoir choisissant ceux qui dont censés censurer leurs écarts.
    Notre république est bien une république bananière dirigée par une oligarchie.

    Un autre élément de réflexion : les présidents n’étant pas soumis à la justice grâce à leur immunité, les ministres étant jugés par leurs pairs échappant ainsi à la justice, cela rend légitime la justice populaire, celui qui a giflé le président était donc dans son bon droit.

  3. jjbadeigtsorangefr 17/01/2022 / 23h11

    La république des copains et des coquins, air connu, musique douce aux effets brutaux.
    Si on changeait de chef d’orchestre pour jouer moins classique et plus social.

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