Les antivax et les anti-IVG dans le même mouvement de revendication !
Y aura-t-il ensemble à la manif du 16 janvier contre la proposition de loi visant à prolonger de douze à quatorze semaines le délai légal de l’interruption volontaire de grossesse ?
Ce n’est pas impensable ! La crise sanitaire a favorisé un rapprochement pittoresque entre les antiavortements et les vaccinosceptiques. En témoigne le manifeste des « 343 pro-vie », publié sur le site complotiste France Soir (30/11/21) et signé par Alexandra Henrion-Caude. Cette généticienne, qui fait autorité chez les antivax, milite contre la recherche sur les embryons humains et l’avortement.
Catho-sceptiques
Autre reconvertie, l’organisation catho intégriste Civitas, qui priait dans la rue contre le mariage pour tous, a refleuri au printemps pour dénoncer la « dictature sanitaire ». En 2016, l’institut se félicitait d’être « le seul parti qui veut interdire l’avortement ».
Cette double croisade se mène surtout au sein d’un mouvement politique, l’ex-Parti chrétien-démocrate, rebaptisé « Via ». Parmi ses élus, Xavier Lemoine, le maire de Montfermeil (Seine-Saint-Denis), qui, dans un édito destiné à ses administrés (26/8/21), dénonçait les vaccins, comparés à des « thérapies géniques ».
Naguère, le pauvre se plaignait de ne pouvoir offrir une alternative à l’avortement, sous peine d’être mis en cause pour entrave à l’IVG (Boulevard Voltaire, 7/5/16). Patron de Via, Jean-Frédéric Poisson promettait dans son programme présidentiel de 2016, la baisse du nombre d’IVG ; cet été, le même critiquait les « ayatollahs » du vaccin ; en décembre, il a rejoint la campagne zemmourienne. D’autres figures médiatiques sont issues du parti, tel Fabrice Di Vizio, avocat star des anti-passe. Invité par la chaîne Juste Milieu, sur YouTube (12/8/21), cet ancien soutien de Christine Boutin critiquait une société « capable de tolérer, d’ériger en droit l’interruption volontaire de grossesse pour des motifs de convenance personnelle ».
Un cas à part : l’anti-médicaments Thierry Casasnovas. Ce youtubeur, selon lequel tous nos maux pourraient être guéris si nous mangions des légumes crus, a, dans une vidéo de 2016, fustigé l’avortement, « symptôme de la débauche sexuelle actuelle ». Les fausses rumeurs autour de la présence de cellules provenant de fœtus avortés dans le vaccin ont, bien sûr, fait converger les fantasmes des antivax et des antiavortements.
La très catholique Fondation Lejeune, notamment, n’a pas manqué de réagir, par la voix de Jacques Suaudeau, à la fin de 2020 (« Libé »,19/1/21) : « Se taire sur le caractère non éthique du vaccin AstraZeneca reviendrait à coopérer au mal de l’avortement. »
Pour rassurer les fidèles, le pape François, qui compare l’IVG au recours à un « tueur à gages » (22/11/20), a fait de sa piqûre en janvier 2020 un geste politique, qualifiant l’opposition au vaccin de « négationnisme suicidaire ».
Musclé !
Fanny Ruz-Guindos. Le Canard enchaîné. 12/01/1022
Tous les rapprochements sont possibles, mais pour l’instant dans mon entourage les antivax sont plutôt à chercher chez les écolos et les anarchistes.
L’extrême droite est au contraire contre les antivax