Dans Jeunes femmes rouges toujours plus belles, publié en 1990, Frédéric Fajardie raconte sa jeunesse sur les barricades de Mai 68, ses engagements et ses tourments : militant à la Gauche prolétarienne, il se demandait s’il pouvait coucher avec une stal (une communiste, ndlr).
Aujourd’hui, quand un adolescent me parle des contraintes qui portent sur sa sexualité, il n’est plus question de partis ou de groupuscules politiques. Je n’ai jamais entendu cette phrase : « Je ne peux pas coucher avec elle-lui, il est aux jeunesses socialistes ».
Bien sûr, les différences entre classes sociales ont toujours un effet sur les rencontres sexuelles (un effet répulsif ou attractif). Mais, bien souvent, l’impossible de la rencontre sexuelle est mis sur le compte d’une appartenance religieuse.
Je ne suis pas sociologue, je vous parle de ma pratique clinique, forcément partielle.
N’empêche, travaillant dans le même biotope depuis vingt ans, aujourd’hui j’entends beaucoup parler de religion dans mon cabinet, alors qu’il en était rarement question il y a encore cinq ou dix ans. J’entends des énoncés comme « On est musulmans, donc je ne peux pas aller plus loin avec lui ». Et quand j’essaye d’interroger le poids de ce « on » familial sur ce « je », c’est très fermé.
Quand il s’agit de mettre à plat des identifications aux parents, de repérer des répétitions familiales morbides, on a un peu de marge de manœuvre; mais quand vous avez affaire directement au sceau des prophètes, il y a beaucoup moins de jeu.
En pleine séance avec un adolescent, une voix de muezzin sort soudain de son portable; il coupe le son aussitôt, et reprend là où il en était, comme s’il ne s’était rien passé. Je marque mon étonnement. Il me dit alors simplement qu’il vient d’installer l’« appli » qui donne l’heure de la prière : il me répond sur le plan technique, mais ne parle pas du fond (il n’avait jamais parlé du fait qu’il était pratiquant). Comme si c’était hors champ de nos entretiens.
L’appel des mères pendant les séances, c’est fréquent, et c’est plutôt marrant, on peut en sourire avec le patient (il y en a même qui répondent : « Je te rappelle, maman, je suis sur le divan »). Mais l’appel à la prière entre deux associations, ça ne m’était encore jamais arrivé.
Un autre patient m’explique que dans le climat actuel d’incertitude généralisée, la religion lui permet de savoir ce qu’il est, et comment il doit se comporter. C’est donc du même ordre que la passion de l’ignorance alimentée par toutes les « applis » qui vous disent, après quelques clics, si vous êtes bipolaire, autiste ou déprimé, avec, à la clé, les conduites à tenir en toutes circonstances, et la liste de ce que vous devez exiger de vos proches pour qu’ils respectent votre singularité.
L’intérêt pour l’islam tient peut-être en partie à la rapidité du processus de conversion : ça peut se faire tout seul, simplement en énonçant la profession de foi musulmane. On peut demander un guide pour répéter (on en trouve très facilement en ligne), mais ça n’est pas obligatoire.
Il est bien plus compliqué de se convertir au catholicisme ou au judaïsme. D’ailleurs, le pape François galère avec Internet ; après avoir vitupéré l’usage que les jeunes font du portable et des « réseaux sociaux » (« Si dans votre vie il n’y a pas Jésus, c’est comme s’il n’y avait pas de réseau! »), maintenant il fait de la retape : l’Église catholique, apostolique et romaine vient de prendre place sur Instagram, Twitter et autre Facebook.
Ça ne la rendra pas moins archaïque. Alors que le mode de conversion à l’islam est syntone avec l’instantanéité des dispositifs binaires de notre « vie numérique », en phase avec la panique identitaire contemporaine.
Yann Diener. Charlie hebdo. 05/01/2022
Note de l’administrateur : il devient très difficile de départager le vrai du faux dans touts les amalgames ce faisant, consciemment ou inconsciemment, autour de la religion, du prosélytisme de certains, de l’impact de réel des réseaux sociaux, dans la mentalité populaire. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas parce que quelques médias et leur journaleux (rétribués de service), en font des tonnes de lignes, qu’il faudrait s’inquiéter outre mesure, contre certains prêches, d’élever un mur entre telle ou telle religion.
Au moment où il est de bon ton de rappeler l’histoire de France et pour avoir été éduqué avec celle de Michelet (ou les événements étaient relatés à travers les faits d’armes catholiques), citons la bataille dite de Poitiers (en vérité a-t-elle existé là ?) 732 par Charles Martel, boutant les Arabes hors de France… sauf qu’avec un minimum de recherche rien n’est évident, Michelet ayant arrangé « une » « histoire de France » à la sauce de l’époque où les églises étaient remplies à chaque messe. Reste que l’éducation de l’islam a toujours existé en France n’en déplaise à certains. MC
En soi l’islam ne me gêne pas et ses méthodes contre la délinquance sont radicales, en Arabie vous oubliez votre porte-monnaie sur un banc public 2 jours après il y est encore, à tel point que l’on pourrait se demander s’il ne faudrait pas introduire la charia pour les musulmans en France.
Mais, ce qui me gêne, c’est l’obligation faite aux musulmans de convertir ou tuer les athées et « de façon plus ambiguë », chrétiens et juifs.
Je suis pour la tolérance à condition qu’elle soit réciproque.
Il n’y a quasiment pas d’émigration africaine en Arabie pourtant des pays qui manquent de main d’œuvre, pourquoi?
L’islam, comme toutes les religions, reste un outil de la classe dominante pour asservir les peuples.
C’est un constat même si l’on connait des religieux qui ne veulent pas se soumettre à ce modèle et qui participent à leur manière aux luttes contre le capitalisme.
L’opium du Peuple ?