Un « tas d’âneries » pour Claude Lelièvre, les propositions du polémiste Zemmour.
Note : l’article ci-dessous n’est relayé qu’à titre d’info et en rapport avec l’élection présidentielle 2022.
Ce lundi 10 janvier 2022, Zemmour a adressé ses vœux à la presse face à des journalistes entassés façon cluster dans l’étroite salle de réception de son chic QG de campagne.
L’occasion pour l’intéressé de dire tout le bien qu’il pense de la profession qu’il a quittée, tout en étrillant ceux qui l’exercent. Et de dévoiler, au passage, le volet « éducation » de son projet.
Pardon. Le volet « instruction » de son programme. Car le candidat d’extrême droite entend créer « un grand ministère de l’Instruction publique » qui aura pour mission de « refonder l’école ». Une priorité, selon lui, car « depuis une quarantaine d’années, on a utilisé l’école pour endoctriner les enfants ».
Éric Zemmour a ainsi dévoilé une série de mesures qu’il entend mettre en place, comme le rétablissement du certificat d’études à la fin du primaire, la fin du collège unique en instituant des classes de niveau ou encore « rétablir le port de la blouse ».
Comme il l’avait déjà annoncé, l’ancien journaliste du Figaro veut également « interdire toute forme de propagande idéologique à l’école » ou encore suspendre les allocations familiales des parents des élèves perturbateurs. Une série de mesures qui relèvent « d’une vision fantasmée du passé » observe pour Le HuffPost Claude Lelièvre, historien de l’éducation et auteur de L’École d’aujourd’hui à la lumière de l’histoire (éd. Odile Jacob).
« Son programme repose sur deux aspects: une envie de restauration et une forme de tri, ou de séparation, entre les uns et les autres. Or, tout cela se base sur une mythologie, une vision fantasmée d’une école qui n’a jamais existéé », observe le spécialiste, amusé par le « tas d’âneries » qu’il relève dans ce programme.
« Il dit qu’il veut recentrer l’effort sur les savoirs fondamentaux: lire, écrire, compter. Or, c’est Jules Ferry lui même qui, sous la IIIe République, disait qu’il fallait dépasser les savoirs fondamentaux pour instaurer d’autres matières. En établissant un ratio comptant 60% pour les savoirs fondamentaux, et 40% pour le reste. Ce ratio est toujours le même aujourd’hui, cela n’a pas changé », note le spécialiste.
Autre exemple, « le rétablissement du certificat d’études à la fin du primaire pour mesurer l’acquisition des savoirs fondamentaux ».
« Cela n’a aucun sens, puisque le certificat d’études signifiait pour la grande majorité leur seul diplôme de fin d’études. Il ne s’agissait pas de mesurer l’acquisition des savoirs fondamentaux! D’ailleurs, pendant longtemps, les instituteurs ne le faisaient passer qu’à ceux qu’ils jugeaient capables de l’avoir, ce qui donnait des chiffres à 90% de réussite », rappelle Claude Lelièvre, qui souligne que ceux qui le passaient étaient âgés de 13 à 14 ans, à une époque où il était très marginal d’aller au-delà.
« À la fin de la IIIe République, seuls 10% des élèves allaient dans le secondaire. C’est sous De Gaulle, en 1963, que ce système a été abandonné, avec l’éducation obligatoire jusqu’à 16 ans », poursuit l’historien. Même remarque sur le « rétablissement » du port de la blouse. « Là, encore, il flatte un passéisme qui ne correspond à aucune réalité historique: il n’y a jamais eu d’obligation du port de la blouse, il suffit de regarder les vieilles photos de classes! Ça existait seulement dans des établissements privés, ou alors de façon très marginale », s’étrangle Claude Lelièvre.
« À travers ce programme, il propose une photo faussement sépia. Mais ça relève de la mythologie, c’est un faux passé qu’il met en avant. Ce qui est intéressant d’ailleurs: puisque c’est une vision très idéologique de l’école, alors qu’il promet justement de préserver l’école des propagandes idéologiques », analyse le spécialiste, qui observe le même paradoxe sur la volonté de changer le terme « éducation » par « instruction », alors que cette appellation remonte à l’entre-deux guerres et que les débats sur la terminologie renvoie à des querelles d’influence sur l’école entre monarchistes et républicains à la fin du 18e siècle.
À ce sujet, une anecdote intéressante. Il y a bien une fois où le terme « éducation nationale » a été remplacé par « instruction publique ». C’était en 1940, sous Vichy. Un an plus tard, le régime du maréchal Pétain faisait machine arrière, alors que cette appellation avait « été conservée à Londres, puis à Alger, par les gouvernements du général De Gaulle », rappelle le ministère.
Autant d’éléments qui conduisent Claude Lelièvre à ironiser sur le candidat qui se pique d’une grande culture historique: « Avec ce programme, le fameux grand historien a montré l’étendue de ses limites ».
Romain Herreros – Huffington Post – Source (extraits)
Le port de la blouse à tout de même l’avantage de gommer les discriminations liées à l’habillement. Pour le reste c’est discutable, si ce n’est la question de l’orthographe et du calcul, où il y a un gros problème n’en déplaise à Claude Lelièvre. Peut-être faudra t il un jour se poser la question de rapprocher l’oral de l’écrit, à mon sens plus indispensable que l’intellectualisation de l’écrit par l’orthographe inclusive.
j’ai fait ma rentrée scolaire en 1947. À cette époque, rappelons-le, nous sortions de la guerre et l’habillement comme l’achalandage était fort restreint. Les familles avaient peu de moyens et le plus souvent achetaient des vêtements pouvant durer toute l’année scolaire. ainsi ai-je hérité d’une blouse (elles étaient, soient grises pour les garçons soient roses pour les filles), d’un pull et des galoches à semelles de bois sur lequel mon père avait cloué des rubans en caoutchouc noir avec un dessin en zigzag sur le côté. j’avais déjà la culotte courte depuis longtemps, il ne fallait surtout pas l’accrocher, elle devait faire l’année scolaire. Pour l’hiver, j’ai eu droit à une écharpe tricotée par ma grand-mère. C’était là avec un cartable en espèce de carton bouilli, le seul investissement de la famille. En vérité, je n’étais pas le seul dans ce cas, à l’école élémentaire de garçon.
Alors oui, à l’époque, nous avions des blouses qui ont duré jusque dans les années 50-52, mais la raison n’était pas de flanquer un uniforme pour « uniformiser » les élèves.
L’instruction est-elle « plus laxiste » actuellement… je ne saurais répondre. Je me bornes simplement à constater l’évolution et les changements de programmes éducatifs qu’il y a eut entre notre aîné et le quatrième, (10 ans les sépare), nos deux petits-enfants (9 et 14) et constater que leur savoir est bien plus vaste que le nôtre l’était à la même époque.
Affirmer que tout va bien dans l’éducation, certainement pas, assurer qu’il faut tout réformer… n’étant pas dans le circuit de la formation scolaire, me paraît relever d’une fausse idée.
Ceci Bernard n’est qu’un avis personnel, nullement une critique quelconque, juste du vécu.
Cordialement,
Michel
Dans le coin au fond de la classe s’épanouissent les cancres …… Zemmour a voulu les imiter et a pu ainsi se recouvrir d’une fine couche de culture qui s’effiloche au moindre accroc quitte à inventer ce qu’il ne connait pas pour faire croire en une certaine érudition.
Oui, les blouses avaient leur nécessité : nous en portions tous, libre choix en primaire, mais par la suite couleur bleue pour les filles, grise pour les garçons au collège, les enseignants en portaient aussi, sauf certain qui utilisait un porte craie et une petite brosse pour effacer les traces sur son veston, ce qui nous amusait.
Par la suite au lycée, blouse bleue pour le classique et moderne, bis pour le technique commercial, et écossais pour la section « industrielle ». Comme nous étions nombreuses, çà nous permettait de nous retrouver plus facilement, mais le soir à l’étude et au réfectoire, nous nous mélangions et avions des études surveillées communes, d’autant que souvent nous étions originaires des mêmes villages..