Avec tant d’arrogance !

Les rapports les plus sérieux s’accumulent pour démontrer que la baisse de la fiscalité sur le capital et la diminution du coût du travail coûtent une fortune aux finances publiques, sans créer d’emplois et en faisant exploser les inégalités. […]

En ce moment, on ne parle plus économie, mais fiscalité.

Partout, tout le temps. Cela vient confirmer le paradoxe Macron constaté tout au long du quinquennat. Alors que Manu était l’élu de la « start-up nation », l’homme qui connaissait les entreprises, il aura passé tout son temps à bousiller le système social, sans rien faire pour que les universités, la recherche et les entreprises travaillent mieux ensemble.

Que la France retrouve une capacité à innover, à créer de nouveaux produits, de nouvelles filières. Même le marché très prometteur des filtres à air est passé au-dessus de Manu-le-petit-génie. Il n’aura pas su l’exploiter alors que, c’est un peu d’actualité et que toute une filière n’attend que ça.

Baisse de charges pour tous ? Champagne pour les autres !

Au lieu de cela, que de temps perdu sur cette débile réforme des retraites qui, heureusement, n’a pas eu lieu, quand il faudrait agir pour que les entreprises gardent leurs salariés au-delà de 50 ans.

On n’aura pas échappé non plus aux sempiternels « débats » nauséabonds sur les assistés. Réussir à imposer la baisse des allocations chômage en pleine pandémie, fallait le faire ! Plus facile que de faire en sorte que chaque chômeur ait une personne qualifiée face à lui, qu’il soit possible de chercher gratuitement, facilement, efficacement un emploi.

En bon inspecteur des finances, Macron n’aura donc pas cessé de tripoter ce que nous économistes appelons du doux nom de « système socio-fiscal ». Et donc la dernière lubie de Bruno Le Maire, son valet de Bercy, c’est de toujours plus baisser les « charges » – dont le vrai, et seul nom, est cotisations sociales.

Jusqu’à 2,5 Smic, c’est-à-dire un niveau de salaire qui concerne tranquillement la majorité des salariés (80% pour être précis). Le raisonnement est toujours le même : il faut réduire ce que le travail coûte aux entreprises, afin d’être plus compétitifs.

Une idée hyper originale puisque, en 1994, quand j’étais étudiant débutant en économie, j’avais déjà eu pour sujet le CIP, le Contrat d’Insertion Professionnelle, qui reposait déjà sur la baisse du coût du travail. À l’époque, le prétexte était l’embauche des jeunes. Et j’espère que vous vous souvenez qu’en 2012, le camarade patron Louis Gallois avait déjà proposé… exactement cela. Ce qui démontre, si besoin en était, qu’en plus de n’avoir aucune nouvelle idée et pas une once de « disruptivité », l’élève Bruno est un sale copieur !

100 milliards d’euros de recettes en moins

Et, malheureusement, Louis a été écouté par François Hollande, aussi nul en économie que Macron. Le coût du travail a été fortement réduit, privant de plus de 100 milliards d’euros de recettes la Sécurité sociale.

Le résultat, qui avait été exactement prédit par tous les économistes, de droite comme de gauche, a été fantastique : de très faibles créations d’emplois, avec certes des hausses de salaires pour les travailleurs concernés, mais moins de salaire différé, en raison de la diminution des cotisations.

Que nous dit aujourd’hui Bruno, dont les propos sont sérieusement repris par la presse économique ? Que « la France est compétitive désormais pour ses ouvriers, mais pour les ingénieurs, nous sommes complètement largués. Le coût de la main-d’œuvre qualifiée et très qualifiée est devenu un vrai obstacle dans les décisions d’investissements de grands groupes », explique-t-on à Bercy. […]

L’État, un joujou entre les mains sadiques des libéraux

Sans vergogne, l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), héritière des sinistres « maîtres de forges » qui faisaient appel à l’armée pour tirer dans le tas sur les ouvriers contestataires au début du XXe siècle, et qui n’a jamais caché sa haine de tout ce qui est public, propose, elle, de diminuer les cotisations sociales pour des salaires « jusqu’à des rémunérations proches de 3 à 4,5 fois le SMIC, comme le rapport Gallois le préconisait » (en d’autres termes, la quasi-totalité des salaires).

Copie d’écran Twitter

Ce qui montre, pour la millième fois, qu’il est impératif et plus qu’urgent de cesser de raisonner avec des catégories qui n’ont jamais été pertinentes, à commencer par celle de « libéraux ».

Nous avons au pouvoir des gens qui trouvent tout à fait normal que les entreprises versent des salaires de misère, et que l’État passe son temps à courir derrière : prime pour l’emploi, allocation de rentrée scolaire, apprentis quasi gratuits pour les patrons, prime à l’embauche de jeunes même s’ils sortent de HEC ou de Polytechnique, et donc, désormais, une baisse des cotisations sociales généralisée, qui devrait concerner la majorité des salariés, et serait compensée par le budget public…

L’État est à ces gens-là. Que cela conduise à une baisse de la protection sociale des salariés, ils s’en battent l’aile. Surtout si ça ouvre de juteux marchés à leurs potes les assureurs autres mutualistes.

Quant au fait que ce manque à gagner pour l’État creuse inévitablement les déficits, ça ne les gêne que quand ils passent à la radio et à la télé. Le reste du temps, ils adorent ça. D’abord parce que ce type de personnes pratiquent en toute tranquillité d’esprit l’évasion fiscale la plus massive. Ensuite parce que l’inévitable explosion de la dette publique et des déficits sociaux résultant de cet assèchement volontaire des ressources publiques vient légitimer leurs appels désespérés au sérieux budgétaire, aux privatisations et à la diminution du nombre de fonctionnaires.

Aux États-Unis, cette politique porte un nom depuis les années 1980. Elle s’appelle « starving the beast », c’est-à-dire affamer la bête. Jusqu’à la tuer ?


Jacques Littauer – Charlie hebdo Web. Source (extraits)


Note de l’administrateur : Le seul candidat proposant autre chose dans ces programmes est Fabien Roussel tous les autres y compris Jadot, n’entendent pas changer la gestion économique libérale Enrichissant toujours les mêmes, appauvrissant toujours les mêmes. Tous les autres proposent uniquement quelques broutilles pour le pouvoir d’achat. Cependant, tout le reste est dans la même lignée que l’aventurier banquier locataire temporaire de l’Élysée. Autrement dit le seul changement possible sera de voter pour Fabien Roussel, et ce, même si les sondages – au demeurant très arrangés au service des entrepreneurs et du gouvernement. MC


2 réflexions sur “Avec tant d’arrogance !

  1. bernarddominik 11/01/2022 / 12h21

    C’est entièrement vrai.
    En ce qui concerne la csg patronale sur les salaires je suis partisan de la reporter sur les bénéfices, et de la compenser par une augmentation des salaires.
    Il faut laisser une cotisation au salarié pour qu’il garde conscience du coût de la santé quant aux retraites la cotisation agissant sur la pension, elle ne peut être que par cotisation individualisée.

  2. jjbadeigtsorangefr 11/01/2022 / 18h39

    La seule force créatrice de richesses est le travail. Tout le reste est blablabla. Sur ces richesses crées un salaire direct est réglé au salarié c’est son salaire net. Un salaire indirect est versé aux organismes sociaux sous forme de cotisations appelées charges abusivement par le patronat. Ces cotisations que ce soit la part dite employeur ou salarié proviennent de ces mêmes richesses crées par le salarié. Un abus de langage qui veut faire croire que les patrons cotisent alors que c’est le travail salarié qui seul est à l’origine de la richesse crée.

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