Macron « veu[t] le croire » et nous l’a scandé lors de ses vœux : « L’année où nous pourrons voir l’issue de ce jour sans fin » sera 2022.
La formule s’applique à la situation épidémique, mais, à cent jours de la présidentielle, elle vaut plus encore pour la situation politique. Alors que l’année en question vient de commencer, l’une et l’autre n’en ont pas fini de mutuellement s’impacter.
Avec sa contagiosité « fulgurante », le variant Omicron, qui tire à lui la couverture vaccinale comme celle de l’actualité, phagocyte chaque-jour un peu plus la campagne. Et tout est bon, du côté des protagonistes de cette élection, pour instrumentaliser la pandémie à des fins électorales. L’exemple de ce qu’il s’est passé dans la nuit de lundi à mardi à l’Assemblée, lors de la discussion sur le passage du passe sanitaire au passe vaccinal, est à ce sujet plus que symptomatique. Les élus LR, même si leur candidate Pécresse entend voter cette mesure, ont réussi une entourloupe pour tenter de la retarder.
Grâce à une embuscade de buvette, ils ont profité de l’absentéisme de députés LR-EM dans l’hémicycle pour, avec l’aide d’une partie de la gauche, mettre en minorité la majorité sur la poursuite des discussions après minuit. Et, comme Abad, le président du groupe LR, ont plastronné au « camouflet pour le gouvernement » ou, comme Mélenchon, se sont félicités de la « correction reçue par Véran ». Une mauvaise manière certes pas de haute volée, mais que la Macronie aurait pu facilement éviter si ses élus avaient été plus assidus sur un sujet pourtant réputé chaud, sinon bouillant.
D’autant que ce n’est pas la première fois que LR-EM se fait ainsi berner. Attal, le porte-parole du gouvernement, peut bien, à propos de LR, parler d’« une sorte d’amicale de l’irresponsabilité », l’irresponsabilité compte aussi des amis dans son camp.
Certes, en campagne, c’est à la guerre comme à la guerre : tout est bon à récupérer pour canonner l’adversaire. Après ce coup fourré et le numéro du drapeau européen sous l’Arc de triomphe surjoué en chœur par Le Pen, Zemmour, Pécresse et Mélenchon, Macron peut évidemment s’attendre, d’ici au 24 avril prochain, à plus d’une instrumentalisation. Pour autant, il est loin d’être le dernier sur la question.
En arrière-plan de l’épisode du drapeau européen, ses adversaires l’ont accusé de vouloir utiliser la présidence française de l’Union européenne à des fins personnelles. Ce qui n’est pas complètement faux. Le président candidat toujours pas déclaré, qui affirme vouloir « faire de ce moment un temps de progrès » pour le pays, n’entend évidemment pas se priver d’en faire aussi un temps de campagne pour lui.
Et, côté crise sanitaire, il escompte bien tout aussi évidemment, si le « jour sans fin » en trouve une dans les cent jours, en tirer bénéfice dans les urnes. Or, pour y parvenir, la reprise épidémique ne doit bien sûr pas nuire à la reprise économique. D’où la volonté, en dépit de la flambée spectaculaire d’Omicron, d’éviter toute mesure trop restrictive et surtout susceptible de restreindre l’activité. Et, en répétant que le pays doit « continuer à tourner », de laisser entendre que, pour y parvenir, le « quoi qu’il en coûte » continuera à coûter.
Reste à savoir si la « navigation à vue » assumée face à Omicron suffira à conforter les choix de l’exécutif et à exaucer les voeux de l’occupant de l’Elysée. Car, pour ce qui est de voir ce « jour sans fin » se terminer, c’est toujours le virus qui reste « maître » de la suite, et pas seulement du « calendrier ».
Edito d’Erik Emptaz – Le Canard Enchainé – 05/01/2022
Pour moi ce qui m’a le plus déplu c’est son affirmation que la France a un destin et une place singulière, se plaçant par là au dessus des autres chefs d’état. Il faut arrêter de jouer aux donneurs de leçons, la France n’est pas une démocratie modèle, loin de là.
Bonjour. A défaut d’être une démocratie « modèle » -nobody’s perfect- on peut au moins demander à cette République de ne pas trop se vautrer ; la confiscation des libertés publiques commence à prendre des proportions préoccupantes. Pire encore : des opposants d’obédience « démocratique » ne protestent que pour la forme, tant leur horizon indépassé est de pouvoir ferpareil. Et au total on en arrive à une situation d’obscénité dans laquelle l’extrême-droite peut s’offrir jusqu’au luxe de se poser en garante des libertés, on croit rêver…
Les scores cumulés de l’extrême inquiètent en effet les démocrates, donnent des envies de karcher à Madame la Présidente de la région Ile de France, qui vise le 2ème tour… quel gâchis !
… oui mais, Madame la Présidente est bête, Madame la Présidente n’a rien dans la tête : avec ses clins d’oeil graveleux aux amis du karcher elle s’est privée de voix sans lesquelles ce ne lui serait pas si facile de surpasser le sale-teint-banques
Ca ne me rassure pas, sur les noms des finalistes… je n’ai pas envie d’aller à, la pêche ni de me salir les mains…