L’ombre de Pécresse, ex-ombres de… et de… et… et…

Qui est l’autoritaire et très droitier Patrick Stefanini, premier collaborateur de Pécresse, qui travailla aussi pour Juppé, Hortefeux, Fillon… Un directeur de campagne électorale… plus efficace pour ses clients… que pour lui !

Le « faiseur de rois », le « talisman de Pécresse », le « magicien »… N’en jetez plus !

Patrick Stefanini, 68 ans, surnommé « E.T. », passe pour le directeur de campagne miracle qui fait élire ses candidats à tous les coups : Chirac aux présidentielles de 1995 et 2002, Filon à la primaire de 2016 et, aujourd’hui, Pécresse, dont il a déjà dirigé la campagne victorieuse aux régionales de 2015… « C’est lui qui a fait gagner la candidate en s’occupant des cartes et des adhésions », confirme un ministre actuel qui le connaît bien. Même si des interrogations se font jour sur des cartes d’adhérents d’origine asiatique…

« Ça me fait rigoler, cette réputation de sorcier, tempère un autre conseiller senior de l’équipe Pécresse qui faisait déjà partie de la « cellule idées » de l’équipe Chirac, en 1995. Cette fable de la marionnette et du marionnettiste est très désobligeante pour les politiques. Car, une élection, c’est d’abord le ou la candidate qui la gagne, même si il ou elle s’appuie sur des collaborateurs. » Or Patrick Stefanini, ‘nommé au Conseil d’Etat au tour extérieur par Chirac en 1998; traîne derrière lui une longue carrière de collaborateur politique, d’« éminence grise », voire d’âme damnée, passé tour à tour au service de Juppé, d’Hortefeux, de Fillon…

Super-Immigrator, le retour

Préfet dans l’âme, il est reconnu comme « un très bon organisateur », mais ce n’est pas lui qui coordonne le projet de Pécresse, même s’il s’est réservé comme chasse gardée l’immigration, son dada, son obsession depuis toujours.

Avec, comme haut fait, l’expulsion des sans-papiers de l’église Saint-Bernard, en 1996, qu’il supervisait, depuis Matignon, auprès de Juppé. Est-ce un hasard si Zemmour a songé à le débaucher comme directeur de campagne ? « Il aspire aujourd’hui à sortir de son rôle d’organisateur pour devenir concepteur », diagnostique Brice Hortefeux, qui l’avait nommé secrétaire général de son ministère de l’Immigration, en 2007-2008, avant de le bombarder, deux ans plus tard, préfet de la région Auvergne.

Mais E.T., reconverti dans le lobbying à 200 000 euros par an en recyclant son carnet d’adresses d’ancien préfet, s’efforce de faire oublier un passé encombrant.

De 1986 à 1988, il a été chef de cabinet de Robert Pandraud, ministre délégué à la Sécurité qui flanquait Pasqua, et aux premières loges lors de la répression des manifs étudiantes de 1986.

Dircab de Juppé, secrétaire général du RPR de 1991 à 1995, il verrouille l’appareil et se voit surnommer « le Garde-Chiourme » ou « le Flic », puisqu’il tient des fiches sur les élus chiraquiens et balladuriens.

Or, travaillant pour le parti, il est en fait payé par la Mairie de Paris, après avoir été nommé, par Chirac en personne, sous-directeur de l’Inspection à l’Hôtel-de-Ville, où il n’a ni bureau ni téléphone… Et ce pendant quatre ans, pour un montant estimé à 1,4 million de francs.

Cet emploi fictif lui a valu d’être condamné, en 2004, à dix mois de prison avec sursis. « Emploi fictif le mot l’a blessé, se souvient Hortefeux, car il travaillait comme un fou, en fait ; ce n’était pas Penelope Fillon ! »

La blague qui circulait à l’UMP après sa condamnation : « Pourquoi n’a-t-il pas écopé d’une peine d’inéligibilité ? Parce que les électeurs s’en sont chargés ! »

Ce grand winner a en effet perdu quatre élections d’affilée, aux municipales à Nice en 1995 et aux législatives à Paris en 1997, 2002 et 2003…

En 1997, il était aussi codirecteur de la campagne de la majorité chiraquienne après la dissolution… Avec le succès que l’on sait !

Le « talisman » ou le mistigri de la droite ? Ce n’est qu’en juin 2021 qu’il s’est enfin fait élire sur son nom : conseiller départemental des Yvelines. « Il est ravi », relève Hortefeux.

Courage, fuyons Fillon

Auprès de Fillon, son rôle a été tout aussi brillant.

Quand l’ex-Premier ministre cherche à enfoncer Sarko, en juin 2014, sur le remboursement de ses frais de campagne, c’est lui qui prépare une lettre de dénonciation que Fillon a soumise à Juppé et Raffarin.

Puis, en capitaine de campagne de choc, il quitte opportunément le navire début mars 2017, quand le candidat plonge dans le mensonge, le déni et les sondages.

Il explique ensuite ingénument sur Europe 1 que Fillon a été « victime d’un système » permettant de mieux rémunérer les parlementaires à travers les revenus de leurs collaborateurs, ce qui ruine toute la défense à laquelle s’accroche le candidat !

Ouai, sauf que c’est un spécialiste des emplois fictifs qui l’assure…

En privé, il explique à l’époque que Fillon l’a « trahi » en lui cachant une partie de ses « casseroles ». Et il relève, à propos de la campagne des régionales de 2015 : « Au moins, Pécresse m’avait tout dit, et j’ai pu me faire une idée des éventuels conflits d’intérêts avec son mari ».


David Fontaine – Le Canard Enchainé – 15/12/2021


[Ah, là, là, ces candidates-candidats qui ne peuvent s’empêcher de recruter un vieux renard roussi rompu au feu du combat politique. MC]


3 réflexions sur “L’ombre de Pécresse, ex-ombres de… et de… et… et…

  1. bernarddominik 24/12/2021 / 14h28

    Énarque comme Macron et Pécresse.
    Tous ces hauts fonctionnaires s’entendent comme larrons en foire.
    Ils se partagent la République et ses prébendes. Il serait logique, pour éviter les conflits d’intérêt, d’interdire les fonctions électives à ces gens, et de plus d’imposer une démission totale et entière pour ceux qui passent dans le privé.
    Parfois je me demande s’il ne faudrait pas les reléguer dans un territoire lointain, Guyane, Wallis et Futuna, Miquelon…
    Peut-être le meilleur moyen de sauver notre démocratie

    • Libres jugements 24/12/2021 / 14h51

      Il me semble beaucoup plus utile Bernard, de dénoncer, toujours dénoncer et encore dénoncer, ce genre de personnage qui intercède auprès de certaines personnalités avides avant tout d’exister au travers d’autres personnalités. L’art d’une double autosatisfaction sans doute.

      Après il est vrai que la plupart des personnes préfèrent des « Tapi » gouailleurs, arnaqueurs, guignols, girouettes gesticulantes… à des personnalités exposant schéma de pensées, de réelles programmes innovants, ne laissant personne à la traîne, équilibrant la société, permettant à chacun de vivre une vie saine, dans un monde en paix.
      Cordialement,
      Michel

  2. jjbadeigtsorangefr 25/12/2021 / 18h44

    Quel bordel !
    Suivre les péripéties d’un triste individu comme celui-là c’est le film du superman de la politique.
    Sauf que lui il fait plutôt dans le gangstérisme que dans le sauvetage de l’humanité.

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