En ces veilles de fin d’année…

Les inquiétudes nous submergent à nouveau.

Le virus du Covid qui avait jusque-là un variant baptisé Delta se double d’un nouveau variant baptisé Omicron dont il semble qu’il répand encore plus vite la maladie.

Des pays comme le Royaume-Uni ou les Pays-Bas sont en état d’alerte maximum avec des retours au confinement. La surcharge des hôpitaux, dont les services de réanimations est relancée. Les inquiétudes sont grandes puisque est annoncé en France un nouveau pic de l’épidémie dans trois ou quatre semaines. Les personnels soignants et les médecins sont déjà au bout du rouleau sans reconnaissance par le pouvoir de leurs efforts.

Cette nouvelle phase de l’épidémie aura des conséquences sur la vie politique au début de l’année à venir, sur les relations sociales et les modes d’organisation de cette vie sociale. Les pressions sur les services de santé vont encore s’accentuer.

Dans un tel contexte, les enjeux de la santé et une nouvelle stratégie pour réparer, développer et moderniser l’hôpital public devraient être au cœur de la campagne électorale. Il n’en est rien.

Pire, les candidats du spectre de la droite et de la droite extrême continuent de s’aligner sur les canons de l’austérité promue à Bruxelles et par les grandes institutions financières internationales, soutenues par les présidents de la République successifs. Dans leur froideur, ceux-ci ne modifient pas d’un iota leurs choix qui affaiblissent les services publics et mettent en pièces les systèmes de santé.

Le télé-président-candidat ne fait aucune autocritique de cette politique et ne propose pas d’en changer. Peut-être compte-t-il sur un réflexe de peur et d’impossibilité d’une réelle campagne électorale démocratique pour conforter son pouvoir.

En effet, au nom de la gestion de cette nouvelle crise, il pourrait avoir lui seul micro et caméras ouverts dans un contexte où peu de gens comprennent exactement les décisions du pouvoir. Pourquoi, par exemple, faudrait-il un pass vaccinal sur les lieux de travail alors qu’il serait inutile dans des transports en commun sur-bondés.

Il n’est pas non plus décidé à porter au débat auprès de la majorité de nos concitoyens, la question de la rémunération du travail et du montant des retraites. Pourtant, pour la majorité des familles, les dépenses d’énergie explosent et les coûts de la nourriture sont en constante augmentation depuis plusieurs mois. Jusqu’à l’élection présidentielle, il continuera de mettre des cautères sur des jambes de bois pour éviter ce débat et surtout protéger les possédants qui s’enrichissent au temps de la Covid.

L’aggravation des souffrances sociales s’accélère dans un contexte très alarmant pour tout démocrate, pour tout citoyen ; pour chaque travailleur et travailleuse ; pour les créateurs. Notre grand tort serait de banaliser la teneur des débats politiques qui se déroulent depuis des semaines, y compris sur les chaînes de radio ou de télévision du service public.

Heureusement, cette semaine, le candidat Fabien Roussel, a pu porter sur les antennes de France 2, la voix de celles et ceux qui souffrent de l’insuffisance de rémunérations, des faibles retraites, de l’affaiblissement des services publics, de la nécessité de moderniser la sécurité sociale. Il a pu leur affirmer qu’il n’y a aucune fatalité à leur situation.

[…]

Regardons de près ce qui se passe au Chili, après un mouvement populaire de plusieurs années et la formation d’une coalition des gauches, Gabriel Boric vient d’être élu président en battant largement le candidat d’extrême-droite, héritier du sanguinaire dictateur Pinochet.

Mais en France, ce qui était inimaginable hier, soit une nouvelle alliance droite-extrême-droite n’est plus à mésestimer. De même, rien n’interdirait aujourd’hui à la faveur de notre système constitutionnel, une alliance-cohabitation entre le macronisme et une nouvelle partie de la droite devenue majoritaire au Parlement.

Prendre ainsi le peuple en tenaille entre l’extrême-droite et le camp du Président de la République, c’est donner une assurance-vie au système et au capital international. Cette opération d’enfermement de la démocratie est ourdie dans un climat de guerre froide impulsé par les États-Unis contre la Chine et la Russie.

Dans un contexte aussi dangereux, il est bien normal que les citoyennes et citoyens de gauche ou écologistes se questionnent, débattent sur les moyens d’empêcher le pire alors que la totalité des voix de leurs candidats respectifs sont évalués aux alentours de 28% dans les enquêtes d’opinion (même si plus de la moitié des électrices et des électeurs ne font pas connaître aujourd’hui leur préférence).

L’aspiration à l’union, au rassemblement est tout à fait légitime. Seulement le problème auquel est confronté la gauche française est sérieux, profond, inquiétant. Sa crise s’est encore amplifiée après le dernier quinquennat et l’illusion créée par l’actuel Président de la République, qui fut proche de François Hollande, puis son ministre.

En s’affirmant candidate de la social-démocratie, puis en allant se promener au marché de Tulle avec François Hollande, Anne Hidalgo a encore brouillé le message. Son projet est peu lisible. La social-démocratie est un projet. La politique social-libérale de François Hollande en est un autre.

S’inscrire dans cette filiation tout en appelant à l’union de la gauche ne peut qu’éloigner des électrices et des électeurs qui pourtant ont intérêt au changement progressiste.

Or, on ne fait pas l’union sur un coin de table sans que la participation des travailleurs et des citoyens ne crée un rapport de force susceptible de transformer l’ordre existant.

[…]

Tout ceci préparerait un projet de primaire d’une partie de la gauche. Cette idée est en apparence alléchante. Mais, est-ce la solution ?

[…]

Déjà des divisions autour du choix de Christiane Taubira apparaissent au sein du parti socialiste et dans le parti des Verts.

La primaire dite populaire pourrait donc constituer une machine de guerre supplémentaire pour affaiblir chacune des forces politiques de gauche au nom prétendument de l’unité. Le rapport de force pourrait en sortir encore plus dégradé. Il n’est pas possible de faire l’économie du débat sur la nature du rassemblement, des contenus le permettant pour changer positivement la vie des gens. C’est ce que s’évertue à faire le candidat Fabien Roussel.

Il met dans le débat, des propositions pour l’action visant le post-capitalisme ; c’est ce qui est à l’ordre du jour.

  • Aucune politique d’aménagement du système n’empêchera la montée de la droite extrême.
  • Au contraire, en le protégeant sous des tonnes d’illusions, elle confortera le pire. La candidature communiste doit être comprise comme un outil à la disposition des citoyens pour modifier le rapport des forces politiques en faveur d’une rupture avec ce système et engager un processus de transformation progressiste.
  • L’enjeu des élections des députés, c’est-à-dire un programme de législature antilibéral, de transformations structurelles et de reconquête de pouvoirs nouveaux des salariés, ne doit pas être sous-estimé.
  • Un débat entre forces de gauche et écologistes avec les citoyens pourrait avoir lieu sur un programme de législatures permettant d’unifier les électrices et les électeurs dans un combat pour le progrès social et humain contre l’obscurantisme.

Ceci ne peut évidemment se faire qu’en créant un rapport de force permettant de reconquérir les droits perdus depuis une quinzaine d’années. Des idées pour un tel projet unificateur pourraient être mises en débat :

  • empêcher le recul de l’âge de départ à la retraite
  • les coups de canif dans la Sécurité sociale
  • agir pour la levée des brevets sur les vaccins. 
  • lancer un grand programme pour la santé,
  • un plan de rénovation et de construction d’hôpitaux et de centres de santé,
  • Un plan de formation et d’embauches de personnels soignants et de médecins,
  • de pousser à l’égalité salariale entre hommes et femmes,
  • de respecter le droit d’asile,
  • de relever le smic,
  • les bas salaires,
  • les minima sociaux
  • les retraites,
  • d’agir à Bruxelles pour mettre définitivement fin au pacte de stabilité (d’austérité) et de commencer à débattre d’au moins un moratoire sur les remboursements de la dette résultant de la pandémie,
  • de mettre un coup d’arrêt aux 1 000 plans de licenciement en cours et étudier d’autres solutions pour chacun d’entre eux,
  • de lancer un projet permettant d’octroyer de nouveaux pouvoirs aux salariés et d’inventer un service public de l’emploi et de la formation,
  • de renforcer tous les services publics
  • d’engager un programme pour le logement
  • d’engager un programme pour les transports s’inscrivant dans la transition environnementale,
  • de revenir à un projet innovant pour le service public de l’Éducation nationale
  • de lancer une allocation pour les jeunes tout en leur assurant des formations qualifiantes débouchant sur un emploi,
  • de conforter EDF comme entreprise publique de l’énergie,
  • d’engager le combat contre l’évasion fiscale,
  • d’engager un processus de transformation et de démocratisation des institutions.

Ce ne sont ici que quelques exemples d’un travail commun pour un nouveau projet de législature qui pourrait être mis à la disposition des citoyens, afin de l’enrichir au service d’un pacte d’engagements communs de candidats de gauche à la députation comme le propose le Parti communiste. Ce débat est ouvert, il mérite d’être poussé le plus loin possible.


La lettre du 21 déc 2021 – Patrick Le Hyaric – Source (Extraits)


4 réflexions sur “En ces veilles de fin d’année…

  1. bernarddominik 22/12/2021 / 11h20

    Ce qui se passe au Chili est très intéressant.
    Mais cette alternance gauche droite pinochiste montre bien que le choix n’est pas si simple entre bon et mauvais.
    Le changement de constitution permettra peut-être moins de collusion entre argent et politique.
    En France les promesses n’engageant à rien on assiste à une débauche de promesses sans que l’on sache réellement avec quelle monnaie elles seront payées.
    L’inflation moyenne en zone euro est autour de 5%. Ça veut dire que l’UE a engagé une politique de baisse du coût de la main d’œuvre et des pensions, ça s’inscrit dans un projet de concurrence avec la Chine et les USA.

  2. marie 22/12/2021 / 12h01

    Bonjour Michel « bonjour l’angoisse » pour cette fin d’année…
    Pire que l’année dernière car l’année dernière j’avais l’espoir d’en sortir de cette pandémie , mais aujourd’hui je n’ai pas l’impression que l’on va vers une sortie!
    Bonne journée
    Amitiés
    MTH

    • Libres jugements 22/12/2021 / 12h36

      Bonjour Marie, oui hélas il est difficile de se faire une raison, d ‘etre optimiste pour les jours et mois à venir, tant que ces laboratoires n’auront pas trouvé le remède, le vaccin éradiquant cette pandémie.
      À bien y réfléchir et certainement à cause de ce monde où il faut d’abord faire du fric même si cela a un côté absolument « dégueulasse » sur la santé de tous, il est à se demander si les laboratoires cherchent vraiment à éradiquer ce virus ou si ils se contentent de nous faire faire des doses de rappel qui rapportent plein de sous à leurs actionnaires ?
      C’est juste une question absolument pas une affirmation fondée.
      Bonne journée aux coin de feu sans doute dans cette Champagne pouilleuse où j’ai passé de nombreuses journées en famille.
      Amitiés
      Michel

  3. jjbadeigtsorangefr 22/12/2021 / 23h04

    Changer, ce n’est pas changer de Kalif, c’est changer de politique et mettre en place un système qui fera les riches moins riches et les pauvres moins pauvres retrouveront leur dignité. Un système qui y compris dans l’entreprise fera que les acteurs sociaux seront maîtres des décisions, que la volonté du peuple pourra s’exprimer et sera respectée dans toute la société……. Je rêve? Non car on va droit dans le mur si on ne passe pas par la case changement profond et Fabien Roussel est porteur de cette possibilité alors pourquoi s’en priver.

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