Des conseils payés… mais pas toujours payants !

Les cabinets ministériels sont envahis par les cabinets de conseil.

Dès 1986, Chirac leur avait ouvert les portes, pour préparer les privatisations d’entreprises nationales. Les consultants surfent aujourd’hui sur tous les événements (terrorisme, crise sanitaire, gilets jaunes, réforme de l’Etat) pour vendre leur sauce aux ministres en panne d’idées. Combien coûtent-ils chaque année à la collectivité ?

Interrogé par « Le Canard », Castex se garde bien de donner un chiffre précis. Il a besoin d’un cabinet de conseil pour répondre ?

La Cour des comptes, en 2014, avait pourtant tenté une estimation : 150 millions d’euros par an. « Ils sont partout, plus aucun secteur ne leur échappe. Ce sont eux qui ont rédigé le plan de relance de Bruno Le Maire », se plaint un inspecteur des Finances, à Bercy, fâché de se voir ainsi dépossédé.

Dans le cadre de ce plan de relance, le ministère de l’Agriculture, par exemple, a sollicité le cabinet McKinsey afin, comme le dit la lettre de mission, de « bénéficier d’un accompagnement de courte durée pour structurer le pilotage stratégique du volet agricole et en assurer la qualité et la rapidité d’exécution ».

Les fonctionnaires du ministère ne connaissent-ils rien aux aides agricoles ?

PRESTIGE.

Soucieux d’asseoir leur réputation et leur prestige, ces cabinets savent se vendre. Ils offrent des ristournes aux pouvoirs publics : les prix sont, en général, 15 % moins élevés que lorsqu’ils officient pour le privé. Mais le tarif journalier moyen, selon la Cour, reste trois fois plus cher que celui d’un haut fonctionnaire 1 500 euros, contre 500 euros (pour une efficacité très discutable).

Le pire, c’est que ce ne sont pas les ministères les moins bien pourvus en personnel qui emploient le plus de consultants : Bercy, Matignon et la Défense figurent parmi les premiers consommateurs.

Les militaires sont conseillés pour leur gestion financière, leurs ressources humaines, leurs services de santé, la transformation du ministère de la Défense…

Lequel dépense ainsi, en toute liberté, 13 millions d’ euros de conseil par an dans le cadre d’un accord pluriannuel de 87 millions !

Ce n’est plus tout à fait le cas des autres. A la faveur de la réforme de la fonction publique, le gouvernement Philippe a créé, en 2017, une Direction interministérielle de la transformation publique, censée coordonner les commandes.

L’Union des groupements d’achats publics passe contrat pour du conseil en stratégie, du conseil financier, du conseil immobilier, du conseil en organisation, et les ministères n’ont plus qu’à se servir. Pour les abreuver, McKinsey a obtenu, en 2018, un flux constant de missions jusqu’en mars 2022, au minimum.

Qui osera encore affirmer que le « ruissellement » promis par Macron n’a pas eu lieu ?


Article non signé – Lu dans le Hors série N°162 – Dec 2021 – Le Canard Enchainé.


Note : depuis des décennies, les présidentiables ne cessent d’affirmer qu’il faut supprimer des postes dans les services publics. Dans le même temps les élus en postes de décisions, font appel à des entreprises de consultants privés… qui souvent sont des lobbyistes en sous-main… et personne ne dit mot, une bien étrange façon de gérer les finances et la moralité ! MC


2 réflexions sur “Des conseils payés… mais pas toujours payants !

  1. bernarddominik 19/12/2021 / 14h03

    Bientôt, nous apprendrons qu’il y a eu des rétro commissions.
    La corruption encore et toujours.
    Triste est la République gouvernée par un roi.

  2. jjbadeigtsorangefr 19/12/2021 / 23h54

    C’est mieux d’avoir des conseils que des fonctionnaires, ils sont moins contrariants car ils veulent garder leur clientèle à qui ils donnent les réponse que celui qui le utilise attend. Sarko grand spécialiste de ce mode de fonctionnement qui a supprimé un très grand nombres de fonctionnaires dont 10 000 policiers, plus encore de personnels hospitalier…..

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