Comment, quand on n’est pas encore candidat, occuper la scène de la campagne présidentielle ?
En la matière, Emmanuel Macron ne manque pas de ressources. Après :
- conférence de presse fleuve sur l’Europe la semaine dernière,
- une allocution depuis l’Elysée en novembre essentiellement consacrée à ses projets de réformes,
- la multiplication des visites dans « la France des territoires »,
- deux heures sur TF1 ce mercredi 15 décembre.
De quoi susciter l’ire de ses adversaires, candidats déclarés pour 2022, dont plusieurs – de Fabien Roussel (PCF) à Valérie Pécresse (LR) en passant par Yannick Jadot (EELV) ou Jean-Luc Mélenchon (FI) – ont saisi le CSA. Certains exigeant que TF1 consacre une telle émission à tous les prétendants à l’Elysée
Sur le plateau, le chef de l’Etat a pris le temps de vanter son bilan pour mieux promouvoir sa candidature, tentant, jusqu’à manier le pathos parfois, de rompre avec son image méritée de président des riches.
Satisfecit sur la gestion de la crise du Covid
La première partie de l’émission, intitulée « Où va la France ?», a été consacrée à la gestion de crise sanitaire.
Avant de passer au satisfecit, Emmanuel Macron a rappelé les « trois piliers » de la stratégie de l’exécutif : vaccination, renforcement des gestes barrières, et passe sanitaire. Pas de nouvelles annonces pour autant, la vaccination des enfants étant laissée à l’appréciation des parents.
Au-delà de la 3e dose et des suivantes – pour lesquelles il a promis que tout serait fait pour en garantir l’accès-, le chef de l’Etat a également préparé les esprits à une autre forme de rappel : face à des « variants (qui) parfois peuvent résister un peu mieux », « il est vraisemblable qu’on aille » vers « un autre type de rappel qui s’(y) adapte ».
Mais c’est davantage en regardant dans le rétroviseur qu’Emmanuel Macron a dressé un bilan flatteur. « Nous étions conscients que ce virus était redoutable. La ministre de la Santé nous avait alerté en étant plus alarmiste que l’OMS », a-t-il commencé alors même que Agnès Buzyn déclarait fin janvier 2020 que « le risque d’importation (du virus) depuis Wuhan est pratiquement nul » et que « le risque de propagation est très faible ».
Alors qu’état d’urgence conférant de nombreux pouvoirs à l’exécutif et conseils de défense se sont succédés, il a insisté à plusieurs reprises sur les débats au parlement – « je défie quiconque de montrer une démocratie qui a fonctionné aussi intensément que la démocratie française », a-t-il martelé – se gardant de préciser que le confinement, par exemple, n’en avait pas fait l’objet. Et d’ajouter, interrogé sur les privations de liberté : « je préfère le terme de société de vigilance ou de responsabilité que société de contrôle ».
Rien à redire, ou presque, non plus sur la gestion des masques qui ont fait défaut au début de la crise. Une situation dont il a renvoyé la responsabilité aux équipes de gestion sanitaire antérieures et à la mondialisation – avec laquelle, bien sûr, il ne s’agit pas de rompre.
Quant à l’hôpital au bord de l’asphyxie : « La situation de l’hôpital ne date pas de cette crise. Les soignants en manque criant de personnel apprécieront, puisque la clé semble résider pour l’hôte de l’Elysée dans « une organisation plus souple ».
Le président des riches tente de se défaire de l’étiquette
Emmanuel Macron s’est également saisi de l’occasion pour tenter de muer en président compatissant et empathique. « Cette crise m’a fait toucher plus directement les inégalités insupportables qui peuvent exister. J’ai vécu des moments très marquants pour moi auprès de nos compatriotes », livre-t-il. La caméra passe alors en gros plan (ne manquait plus que les violons)
« Je n’ai jamais été ça (le président des riches). Je sais d’où je viens (citant ses parents médecins hospitaliers et une grand-mère enseignante, NDLR). Mes valeurs ne sont pas celles d’un président des riches », a-t-il également affirmé, aidé par des journalistes lui demandant s’il avait finalement été plus « socialiste que libéral ».
Et d’entonner, à l’appui de la démonstration, le refrain que ses lieutenants scandent depuis des semaines : « Nous avons aujourd’hui un taux de chômage qui est le plus bas depuis quinze ans ». Omettant de préciser que les radiés de la réforme de l’assurance chômage comme les contrats précaires n’y sont pas pour rien.
Quant à ses sorties sur le « pognon de dingue », « les gens qui ne sont rien » ou le fait de trouver un boulot en « traversant la rue », « je suis arrivé avec une volonté de bousculer, mais je ne mesurais pas suffisamment deux choses : nous sommes dans une société de la décontextualisation (…) Ensuite, il y a des mots qui peuvent blesser », a-t-il plaidé.
Sa politique elle ne ment pas et c’est bien au service des classes aisées qu’il l’a menée.
Emmanuel Macron n’a cessé de s’en défendre, allant jusqu’à contester les chiffres donnés par ses intervieweurs démontrant une baisse du pouvoir d’achat pour les plus pauvres. Outre des réductions d’impôts, qui n’ont que peu concerné les Français les plus précaires, le président de la République n’a, pour justifier son action auprès « des plus modestes », mis en avant que deux mesures. L’augmentation du minimum vieillesse et celle de l’Allocation adulte handicapé, « de 100 € pour atteindre 900 € par mois » – alors même qu’il promettait en 2017 qu’elle passerait « au-dessus du seuil de pauvreté », aujourd’hui supérieur à 1 000 € par mois.
La désindustrialisation ? La faute aux impôts
Se targuant de « très bons résultats économiques », Emmanuel Macron s’est aussi félicité de la casse sociale qu’il orchestre, avec deux réformes emblématiques.
- Celle de l’assurance-chômage d’abord
- Quant à la réforme, inachevée, des retraites, le chef de l’État y tient, mais souhaite un nouveau texte, qui repousserait l’âge de départ
- « On doit produire plus », a conclu Emmanuel Macron, avant d’insister sur son modèle économique : « On n’a pas de grandes nations sans des gens qui investissent dans les entreprises. »
- Le président de la République a ainsi défendu la suppression de l’impôt sur la fortune : « Nos compatriotes les plus aisés partaient, allaient investir ailleurs, c’est pour cela que notre pays s’est désindustrialisé ». Absolument pas du fait d’un libéralisme rampant dont il a dressé les louanges mercredi soir.
La suppression de l’ISF a d’ailleurs été au cœur d’une des périodes les plus importantes du mandat d’Emmanuel Macron : la mobilisation des Gilets jaunes – qualifiée de « crise » sur le plateau de TF1. Avant de finalement reconnaître une « France qui se sent invisible », le président de la République a d’abord abordé ce sujet uniquement sous le prisme des « violences » commises par certains Gilets jaunes, comme à l’Arc-de-triomphe et au Puy-en-Velay.
Sur la sécurité, le chef de l’État a cherché à se départir des accusations de « laxisme » venus de sa droite, en évoquant « plus de policiers qu’il y en avait au début de mon quinquennat ». Des forces de police qui ont par ailleurs été « formées » sur la prise en charge des femmes victimes de violences, « une des priorités de mon quinquennat », sur laquelle il a peiné à afficher de réelles évolutions.
Quant à l’affaire Nicolas Hulot, qui en 2018, alors ministre, avait déjà fait l’objet d’accusations de violences sexuelles, Emmanuel Macron a justifié le soutien qu’il lui avait alors apporté : « Il a nié avec beaucoup de forces. Il n’y avait aucune procédure judiciaire en cours. Donc il est resté ministre, quel était l’autre choix que nous aurions pu faire ? »
Les dernières minutes de ce long entretien accordé à TF1 ont été consacrées aux questions de l’immigration – qu’il veut « choisie » – et de l’islam.
« Il y a au sein même de la société des femmes et des hommes qui ont appris qu’il fallait haïr cette république et que leur avenir était dans l’obscurantisme. Nous avons mis en place une série d’actions très concrètes. Des contrôles des associations, des mosquées, des écoles. Il faut convertir les esprits, c’est un combat culturel, civilisationnel », a développé Emmanuel Macron,
Emmanuel Macron a ensuite conclu ses deux heures d’entretien sans annoncer sa candidature à la prochaine présidentielle. Reste que si cette « soirée » d’autosatisfecit a démontré que la campagne pour sa réélection avait bien commencé.
Julia Hamlaoui Florent LE DU – Source ‘Extraits)
Macron peut aussi compter sur l’audiovisuel public.
Sur France info et France inter il suffit d’écouter le ton des journaliste obséquieux ou agressif pour savoir qui il a en face de lui, un ministre, un député LR-EM, ou un représentant de l’opposition.
En ce moment c’est Pecresse qui fait peur à Macron et le journaliste interviewant le ministre Lemoine à lourdement introduit les maladresses de Pecresse pour lui donner l’occasion de la démolir.
Ça montre aussi l’amateurisme de l’entourage de Macron.
Personnellement Bernard, je trouve que la situation actuelle de tous les médias qu’il soit audiovisuel de papier, sans aucune exception, je dis bien sans aucune exception, est catastrophique ne faisant absolument pas leur métier, mais réagissant aux volontés gouvernementales.
De temps à autre on lit ou entend, par-ci par-là quelque journaleux poser une question qui fâche un peu, vite lissé pour ne pas trop se retrouver licencié de son employeur, quelques jours voir quelques instants.
Alors oui, la réussite, il faut bien le reconnaître est de dégoûter au maximum les électeurs de la politique, et de se rendre dans les urnes. Une tactique qui mène à se faire élire avec le moins de votants possibles est mise en route. Il faut le dénoncer avec force d’une part et surtout ne pas s’abstenir
Cordialement
Michel