[…] Un spectre hante l’Europe, celui de l’inflation…
[…] La spectaculaire hausse des prix (+ 4,9 % sur un an en zone euro) constitue une bombe à fragmentation qui pourrait menacer la reprise économique, mettre les entreprises à genoux et miner le revenu des citoyens.
Ces craintes sont-elles fondées ?
L’inflation peut-elle servir de prétexte à des politiques économiques austéritaires ?
Une analyse – décryptage.
1. Aux origines d’un phénomène mondial
Jusqu’ici, avec la modération salariale et la concurrence entre travailleurs imposée par la mondialisation, les prix évoluaient peu. La crise du Covid a bouleversé ce contexte.
Le circuit économique, mis à l’arrêt en 2020, est reparti aujourd’hui de plus belle. […]
Ce boom de la consommation, alors que la pandémie est toujours active, a pris de court les usines. Les pénuries se sont accumulées et même amplifiées avec la désorganisation mondiale des chaînes de production et de livraison.
Résultat : le prix des biens intermédiaires nécessaires à la production comme les semi-conducteurs a grimpé.
À cela s’est ajoutée une explosion des tarifs des matières premières, dont ceux de l’énergie. Rien qu’en France, ils ont progressé de 21,6 % en un an, selon l’Insee.
Autre point important : les banques centrales, avec leurs politiques monétaires dites « accommodantes », et l’épargne […] ont créé une frénésie boursière sur les actifs et les prix de l’immobilier. […]
Au final, le coût de la vie augmente et […] pour les ménages atteint un niveau très élevé. Cette tendance concerne toute la France mais est accentuée dans les zones rurales, là où la dépendance à la voiture est forte, le passage à la pompe plus fréquent et le niveau global des salaires plus faible.
[…]
2. Dans le patronat, la peur des conflits sociaux
La flambée des prix est-elle en train d’installer (ou réinstaller) la question des salaires au centre du jeu ? Le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, y a répondu à sa manière dès octobre, alors que grimpaient les cours de l’énergie : « Les hausses salariales généralisées ne sont pas soutenables pour l’économie. » Et si jamais cet avertissement n’était pas suffisamment limpide, le même annonçait, deux mois auparavant : « Si vous augmentez le salaire d’un employé de McDo, cela veut dire que le prix du burger va augmenter. » En clair, le grand patronat menace de répercuter sur les prix d’éventuelles hausses de salaires afin de préserver ses marges, et satisfaire les appétits des actionnaires.
Ses craintes ne sont pas tout à fait infondées : il y a bien une multiplication des conflits sociaux en ce moment sur la question des salaires (voir notre carte), confirmée par les responsables syndicaux.
[…]
3. Des risques pour les épargnants
En théorie, l’inflation a pour conséquence de faire baisser la valeur du capital. C’est ce que les économistes appellent la « perte de créances », lorsque l’inflation est plus forte que le taux d’intérêt (ce que leur rapporte une créance). À l’exception de l’immobilier, dont la valeur des biens est « plus ou moins indexée sur l’inflation et même augmente plus vite », précise Dominique Plihon.
En revanche, pour les détenteurs d’actions ou d’obligations, « la hausse durable des prix » va entraîner comme une sorte d’ « érosion de leur capital », explique l’économiste. […]
Les banquiers centraux ont entre les mains le curseur du niveau des taux d’intérêt, seul outil capable de mettre un coup d’arrêt à une inflation excessive. Seulement, son utilisation n’est pas sans effet secondaire.
Par exemple, la hausse des taux d’intérêt aura pour conséquence de faire grimper le coût de la dette publique et d’augmenter le déficit des États. Le risque, prévient Jonathan Marie, est que la réaction des banques centrales déclenche « une cure d’austérité alors que l’économie est encore sous la menace de la pandémie et demeure très fragilisée ».
[…]
4. Comment reguler l’inflation au niveau salarial ?
Si, pour l’heure, le retour de l’inflation n’a rien de la catastrophe économique annoncée par certains, il pèse sur les finances des ménages. Pour limiter les dégâts dans l’immédiat, la meilleure façon est encore d’augmenter les salaires. […] Pour l’économiste, le gouvernement français doit augmenter le point d’indice servant de base au calcul des rémunérations de ses fonctionnaires, mais également revaloriser le Smic. Il ajoute : « Au-delà, les syndicats pourraient chercher à réintroduire des mécanismes d’indexation des salaires sur les prix. »
[…]
« Indemnité inflation », un premier versement ce lundi
« C’est toujours ça de pris, mais il y a des laissés-pour-compte », avait réagi Fabien Roussel en octobre à l’annonce par le gouvernement d’une « indemnité inflation » de 100 euros. Destinée à 38 millions de personnes, elle commencera à être versée ce lundi aux étudiants boursiers, a annoncé le ministre du Budget, Olivier Dussopt.
Les versements s’étaleront jusqu’à fin février 2022. Les salariés de droit privé « devraient » toucher la prime fin décembre 2021, via leur entreprise[…] L’Urssaf sera chargée de verser la somme dès le 20 décembre 2021 aux salariés employés à domicile par des particuliers (certains doivent encore transmettre leurs coordonnées bancaires, l’Urssaf disposant d’environ 400 000 RIB sur le million de salariés recensés).
Pour les agents du secteur public, ce sera « au plus tard » en janvier 2022, précise le ministère. Les retraités, eux, devront patienter jusqu’en février 2022.
Cyprien Boganda, Clotilde Mathieu – L’Humanité – Source (Extraits)
Encore un outil qui permet de d »valoriser les économies des plus pauvres. Quelque milliers d’euros sur un livret de caisse d’épargne à 0,5% ça fait beaucoup de pertes…………….