Vivre ensemble

C’est une tragédie. C’est aussi une litanie, celle des migrants qui meurent noyés, étouffés ou écrasés aux portes de l’Europe.

Cette fois, ils étaient une trentaine, en majorité des Kurdes d’Irak ou d’Iran, hommes, femmes, enfants, à n’avoir pas survécu à leur tentative de traversée de la Manche, ce 24 novembre 2021.

Seules deux personnes ont échappé à la noyade.

  • La faute à un canot pneumatique pourri, selon les sauveteurs en mer.
  • La faute aux réseaux de passeurs, selon Gérald Darmanin.
  • La faute aux frontières, selon les associations.
  • La faute à La France, selon Boris Johnson.
  • La faute à La mer, selon Emmanuel Macron.

L’enquête suit son cours. En attendant, chacun propose sa solution pour que plus-jamais-ça :

  • supprimer les passeurs,
  • supprimer les frontières,
  • supprimer la France,
  • supprimer la mer…
  • certains proposent même de supprimer l’Europe,
  • les plus radicaux d’entre eux de supprimer les migrants.

On peut tourner la question des « flux migratoires » dans tous les sens, on en revient toujours au même point : on n’empêchera pas des malheureux qui n’ont plus rien de tenter leur chance là où ils pensent qu’ils peuvent encore avoir quelque chose.

On le constate partout dans le monde, il n’existe pas d’obstacle susceptible de barrer la route de qui fuit la misère, la guerre ou les persécutions, de qui veut rejoindre sa famille ou tout simplement espère retrouver un avenir. Ceux qui échouent recommencent, encore et encore, quels que soient les dangers.

On peut édifier des murs, dérouler des kilomètres de barbelés, couvrir les mers de vedettes de gardes-côtes et les cieux de drones, soudoyer des régimes plus ou moins dictatoriaux pour faire le sale boulot, prier pour que les bidonvilles géants du voisin ne débordent pas, c’est aussi vain que de penser stopper le réchauffement climatique en roulant en trottinette électrique. Sans comp­ter qu’en plus, désormais, ces pauvres bougres peuvent servir d’armes « hybrides » – quelle délicieuse appellation – dans des conflits « asymétriques », comme on l’a vu tout récemment avec la Biélorussie.

D’ailleurs, en parlant de réchauffement climatique, la désertification des terres et la montée des océans vont rendre, dans un avenir plus proche que l’on ne croit, littéralement invivables des millions de kilomètres carrés de contrées aujourd’hui habitées. Ce n’est pas une probabilité, c’est une certitude, établie.

On arrêtera encore moins ces réfugiés-là, qui n’auront pas d’autre choix, sauf à se métamorphoser en lézards ou se laisser pousser des branchies, que de migrer vers des régions encore à peu près tempérées. Et ils seront autrement plus nombreux que les quelques milliers de Kurdes, de Syriens ou d’Afghans qui donnent aujourd’hui tant de cauchemars à nos dirigeants européens…

Face à ce nouveau naufrage mortel dans les eaux franco-britanniques, et en attendant le prochain en Méditerranée, on se paye d’indignation et d’incantations.

Les associations réclament davantage de filières d’immigration légales, Londres s’arc-boute sur les accords du Touquet, signés par Sarkozy, qui laissent la France se démerder avec les candidats à la traversée, Paris veut tordre le bras des Anglais pour qu’ils prennent leur part de demandeurs d’asile.

L’Union européenne, faute de politique commune de gestion des migrations (Frontex est une police, pas une politique), se défausse une fois de plus sur des accords bilatéraux.

Mais, le cœur du problème, pourtant évident – le monde rétrécit, sa population augmente, les crises de toutes natures se multiplient et s’intensifient -, personne ne semble s’en soucier.


Gérard Biard. Charlie Hebdo. 01/12/2021


4 réflexions sur “Vivre ensemble

  1. marie 09/12/2021 / 11h39

    Bonjour Michel, supprimer les passeurs et aider les pays d’Afrique de façon que les habitants puissent y vivre correctement?
    Ah si j’étais présidente…
    Amitiés
    MTH

    • jjbadeigtsorangefr 09/12/2021 / 18h37

      Préparer le terrain pour demain est une nécessité si l’on veut la paix dans le monde. IL faut cesser d’exploiter honteusement les Africains et leur donner les moyen de faire de ce continent un havre pour le futur. Pendant que j’ai écrit cela combien de milliards de marchandises pillées?

  2. bernarddominik 09/12/2021 / 17h24

    Quelle est la solution au regard de la surpopulation?
    Certains diraient une bonne guerre, d’autres une famine, d’autres une maladie. Mesdames messieurs choisissez!

  3. bernarddominik 09/12/2021 / 17h29

    Je précise : les régulateurs de la nature n’existent plus car nous avons rendu la guerre impossible, car trop destructrice, avec nos fondations nous avons fortement limité famines et pendémies. Donc nous attendons un nouveau fléau non répertorié, météorite géante, volcans gigantesques, nouvel Attila? Punition divine?

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