Pigeon vole…

Parfois, on se demande ce qui se passe sous leur crâne.

Les têtes pensantes de la RATP, entreprise publique, sont si fières de leur dernière trouvaille que la régie s’est offert de pleines pages de pub pour la vanter. Il s’agit de faire voler, à l’occasion des Jeux olympiques de 2024, des taxis dans le ciel parisien.

Ce serait une première mondiale. Il y aurait « quelques milliers de vols par jour », rêve Marie-Claude Dupuis, la directrice stratégie, innovation et développement de la RATP. La planète applaudirait à tout rompre.

Les taxis volants iront à 120 km/h. Ils ressembleront à des hélicoptères de poche. Ils transporteront quatre personnes maxi. Ils feront surtout le trajet aéroport de Roissy-Paris. Pour commencer. Leur moteur sera électrique, donc « propre » (traduire : fonctionnant à l’électricité d’origine nucléaire).

La course coûtera 100 euros, ou trois fois plus, on ne sait pas trop, pas question d’effrayer le populo, surtout si on veut faire croire que ces taxis volants ne seront pas réservés à une micro-élite prête à claquer sans compter pour faire Paris-Roissy en quinze minutes au lieu d’une heure.

Bon, d’ici là, ne reste plus qu’à régler quelques menus problèmes. D’abord, le bruit. L’idée est de ne pas dépasser les 65 décibels, l’équivalent d’une rue animée, dit-on. « En volant au-dessus des grands axes de communication, leur bruit serait ainsi couvert par la circulation », notent « Les Echos » (16/11). Futé ! Ensuite, les « vertiports », où atterriront les engins à décollage et atterrissage vertical. Où les installer ? Au sommet des gratte-ciel ? sur des barges flottant sur la Seine ?

Et la sécurité ? Comment faire en sorte de rendre impossible un crash en plein Paris ? Là aussi, ce serait une première mondiale… Comment parer aux attentats ? Les terroristes, forcément, vont étudier de près cette innovation riche d’opportunités. Explosifs glissés dans les bagages, pilote menacé au cutter (direction l’Élysée !)… Se passer du pilote et opter pour un vol autonome serait-il plus sûr ?

Pas sûr : « Les taxis volants étant bourrés d’informatique, des hackeurs pourraient les intercepter» (« Libé », 23/10). Alors ? Alors, hum, on réfléchit… On est entre gens sérieux : Aéroports de Paris et Choose Paris Région (un machin institutio-communicationnel) sont partenaires de ce projet mirifique. Lequel, n’en doutons pas, fait rêver les usagers du métro.

Et, surtout, le Ministre des Transports Djebbari, qui, lors des premiers essais, la semaine dernière, a lancé ce défi planétaire (« Le Parisien », 26/11) : « Le futur commence aujourd’hui, ici, à l’aérodrome de Pontoise, et je refuse qu’il soit inventé ailleurs. »

Et la vice-présidente du conseil régional Alexandra Dublanche d’ajouter qu’il va falloir faire un gros effort sur l’« acceptabilité », car « il y a beaucoup de pédagogie à faire ».

On attend les JO avec impatience.


Jean-Luc Porquet. Le Canard enchaîné. 01/12/2021

Une réflexion sur “Pigeon vole…

  1. jjbey 05/12/2021 / 09:07

    L’utilisation de l’espace « ciel » est une évidence pour le futur, le sol est très encombré.
    La maîtrise humaine des trois dimensions me paraît impossible, seuls des engins automatiques, coordonnés par plusieurs sources se recoupant peut gérer ce trafic.
    Mais pourquoi pas?
    Des solutions terrestres type volumes automatiques sur rail sont encore plus facilement abordables utilisant l’espace aérien relié au sol au-dessus des infrastructures routières déjà en place.
    Laissez moi rêver…

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