Il est interdit d’interdire de tracter l’interdiction de tracter
Le 8 avril 2021, à Saint-Antonin-Noble-Val (Tarn-et-Garonne), le maire (sans étiquette), Denis Ferté, dégaine un arrêté municipal qui interdit la « distribution de tracts dans le périmètre du marché dominical ».
Raison invoquée : il faut « en finir avec quelques individus qui sont contre tout et qui créent des attroupements en distribuant des tracts, au mépris des règles de distanciation sociale et des gestes barrières ». Faut dire qu’il y a quelques anti-passe et anti-tourisme de masse dans le coin…
Dix jours plus tard, à la fin du même marché, Frédéric, 58 ans, se fait contrôler par la gendarmerie. Il est en train de tracter l’arrêté municipal qui interdit la distribution de tracts. Quelques jours plus tard, il reçoit une amende de 135 euros. Comme il refuse de payer, le voilà, ce 25 novembre, devant le tribunal de police de Montauban.
L’économie du marché
Où l’on a pu assister à cet échange croquignolet.
La présidente : « Vous avez distribué un tract ! »
Frédéric : « Non, j’ai distribué l’arrêté. D’après le Larousse, un tract est une petite feuille que l’on distribue gratuitement à des fins de propagande. »
La présidente : « Mais vous n’êtes pas habilité à faire la publicité des arrêtés pris par la mairie !»
Frédéric : « Je ne faisais pas de la pub, j’informais la population, personne n’était au courant. »
Même pas le maire, d’ailleurs…
Lequel, comme l’ont raconté des témoins au « Canard », a été vu en juin dernier, lors de la campagne des élections départementales, en train de tracter aux abords du marché.
Mais, comme il nous l’explique : « Et alors ? J’ai très peu tracté. Et puis, ce n’était pas dans les mêmes circonstances. » Imparable !
Frédéric a été relaxé…
…. Pour la bonne raison que l’arrêté municipal faisait référence à un décret qui avait été abrogé un an auparavant.
S’attaquer aux libertés publiques, c’est tout un art…
Article signé des initiales J. C. – Le Canard enchaîné. 01/12/2021
Excellent !
l’Absurdie existe 🙂
Interdire de s’exprimer sur les lieux fréquentés voilà l’objectif à atteindre par ce genre d’arrêté.
La police municipale de mon village a tenté de dissuader des militants de le faire.
Menaçant de l’envoyer devant un tribunal pour atteinte à la libre circulation des hommes et des idées, j’attends toujours le texte qui légitimait cette interdiction.
Cela fait déjà quelques années…
idem dans certaines villes, le 1er mai, pour la vente du muguet… le ridicule ne tue pas, heureusement !