Comment l’État a planqué plus de 100 milliards de dette… oui, ce n’est pas rien… et devinez celles et ceux qui devront contribuer a son absorption dès le prochain quinquennat !
L’aveu figure dans un document (non publié) transmis au début de l’été par Bercy à la commission des Finances de l’Assemblée. Au 3 juin, la dette de l’Etat était sous-estimée de… 105 milliards. Au lieu des 2 762 milliards annoncés officiellement, celle-ci s’élevait en réalité à 2 867 milliards.
La « vraie » dette publique devrait donc, à la fin de l’année, frôler les 120 % du PIB, et non 115,6 %, comme prévu dans le budget par le gouvernement. Un chiffre rond et un nouveau palier…
Ce tour de passe-passe a été rendu possible par des « primes d’émission », un subterfuge budgétaire particulièrement ingénieux déjà dénoncé par la Cour des comptes en 2016. Le principe ?
Soucieux de financer son déficit budgétaire, l’État lance des emprunts à des taux très supérieurs à ceux du marché.
Pour souscrire ces emprunts, qui leur rapporteront de très gros intérêts, les investisseurs-prêteurs sont disposés à payer beaucoup plus cher que le montant affiché. Un titre d’emprunt annoncé à 100 euros sera, par exemple, vendu 150 euros. Le souscripteur ne se verra finalement rembourser in fine que 100 euros, mais, avec les énormes intérêts qu’il aura touchés, il s’y retrouvera.
De son côté, l’Etat encaisse immédiatement 150 euros.
Selon les critères de Maastricht, sa dette n’augmente donc officiellement que de 100 euros (valeur « faciale » de l’emprunt). Les 50 autres euros représentent ce qu’on appelle la « prime » payée par les investisseurs ; elle entre discrètement dans les coffres de l’État sans être comptabilisée par Bruxelles.
En 2020, le total de ces primes s’est élevé à 31 milliards. La dette réelle enregistrée l’an dernier est donc supérieure de 31 milliards à celle annoncée par le gouvernement.
Intérêts d’y croire
Le document de Bercy (c’est la première fois qu’un tel calcul est effectué sur dix ans) montre qu’au fil des années ces minorations de dette se sont accumulées jusqu’à atteindre, en juin, le montant pharaonique de 105 milliards. Et l’année n’est pas terminée !
En 2011, la dette cachée ne représentait que 19 milliards. Un montant multiplié par plus de 5 en dix ans.
De même, les intérêts majorés versés s’avèrent chaque année plus importants. Selon le document de Bercy, ils représentaient un surcoût de 1,2 milliard en 2011, contre 11,3 milliards en 2021 (soit, à eux seuls, plus du tiers des intérêts versés aux souscripteurs d’emprunts publics français).
Vice-président de la commission des finances et commanditaire du document, Charles de Courson a appelé Bercy à « en finir avec cette illusion comptable, afin que le Parlement connaisse le véritable niveau de l’endettement public ».
Réplique benoîte de Bercy : « il n’y a aucune volonté de baisser artificiellement le montant de la dette. Il s’agit simplement de bonne gestion, en répondant à la demande des emprunteurs. »
Dans son (sévère) rapport de 2016, la Cour des Comptes soulignait notamment que « ce moindre endettement [était] temporaire et sera[it] progressivement effacé » par l’augmentation des intérêts à régler.
En attendant l’astuce aura permis de ripoliner la dette…
Hervé Martin – Le Canard Enchaîné 01/12/2021
Le bonneteau ne suffit plus pour cacher les réalités on passe au jonglage….Quel cirque…………
Scandaleux honteux.
Le Maire doit être renvoyé au motif de comptes non sincères.