Stop à la «déformation» historique.

Interview après interview, Zemmour s’applique à jouer les historiens du dimanche avec une belle assurance. […]

Dans son entreprise, il se livre à des approximations historiques qui laissent pantois.

A peine arrivé au pouvoir, au lendemain de la défaite, le maréchal Pétain fait préparer, à l’été 1940, un statut des Juifs. Une décision prise alors que les Allemands n’en avaient pas encore fait la demande.

L’avant-projet de loi lui est soumis deux jours avant son adoption en Conseil des ministres. Et, comme le prouve l’original de ce document, découvert en 2010 et publié, notamment, par « Le Figaro » (3/10/10), Pétain le corrige de sa main pour en durcir encore les dispositions.

C’est, le maréchal soit disant selon le trublion, si soucieux des Juifs français, qu’il les exclut de la justice et de l’enseignement. C’est lui, encore, qui ajoute, d’un trait de stylo, aux mandats qui leur sont interdits les sièges dans « toute assemblée issue de l’élection ». C’est lui, toujours, qui exige que les « descendants de Juifs nés français ou naturalisés avant 1860 »ne soient pas épargnés, comme le prévoyait le projet de loi.

Quatre ans plus tard, la « protection »que le maréchal Pétain a, selon Eric Zemmour, accordée aux Juifs français peut se mesurer en chiffres. Tous les historiens sont d’accord sur le fait que la déportation a coûté la vie à 24 000 Juifs de nationalité française et à plus de 51 000 d’origine étrangère.

Tous les historiens sont d’accord pour estimer, grâce aux listes de déportés, train par train, publiées par Serge Klarsfeld, que plus de 20 % des enfants exterminés dans les camps allemands ou polonais étaient de nationalité française.

Le gaullo-pétainisme d’Eric Zemrnour tient, lui aussi, de l’escroquerie. Car, pour parvenir à mettre le Général et le maréchal sur le même plan, il faut oublier quelques détails, si l’on ose écrire.

Notamment le fait que, quatre jours après le 18-Juin et son appel à la Résistance, de Gaulle fut jugé par contumace à la demande du nouveau ministre de la Défense nationale, le général Weygand.

Verdict : rétrogradation au rang de colonel, mise à la retraite d’office et déchéance de la nationalité française. Une sentence bien trop clémente aux yeux de Pétain, fâché avec de Gaulle depuis les années 30.

Le maréchal exige immédiatement qu’il soit fait appel, et, le 2 août 1940, tombe l’ultime sentence, rendue par le tribunal militaire permanent siégeant à Clermont-Ferrand : condamnation à mort, dégradation militaire et confiscation des biens et immeubles.

Lors d’un récent meeting à Toulon, Zemmour a tenu à préciser avec sa modestie habituelle qu’il avait obtenu lors de son passage à Sciences-Po « une note magnifique en histoire ».

En réécriture d’histoire, sûrement.


Article signé des initiales N. B. – Le Canard Enchainé – 24/11/2021

2 réflexions sur “Stop à la «déformation» historique.

  1. jjbadeigtsorangefr 28/11/2021 / 12h49

    Zemmour est une ordure, un falsificateur en toutes matières, il convient de l’arrêter dans sa volonté de nuisance, de le condamner ainsi que ses complices.

  2. Danielle ROLLAT 29/11/2021 / 22h40

    « La bave du crapaud n’atteint pas la blanche colombe »…

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