Je suis femme, dit-elle
je veux dire majeure
Je porte mon destin comme un diadème
qui pourrait croire que je me leurre
j’épouse mon image
Sur l’épaule de mes compagnons
je baise goulûment des frissons de fierté
je dénoue à leurs bras des bijoux trop sonores
j’ôte des bagues d’esclavage
des colliers d’amertume
Tant et tant de trésors galvaudés
tant de richesses humiliées
J’écoute la rumeur des marées à venir
dans la nacre spiralée des coquillages
Belles balances mes deux mains
qui pourrait croire que je me leurre
Belle balance sur ma hanche
Tout pèsera son juste poids.
(extrait)
Jacques Gaucheron (1920-2009)