Taxer les entreprises multinationales qui ont « profité » de la pandémie de la Covid, permettrait de construire 11 hôpitaux en France.
Selon l’étude commandée par le groupe de « La Gauche » au Parlement européen, la taxation des multinationales qui ont enregistré des bénéfices exceptionnels pendant la pandémie, pourrait rapporter 25 milliards d’euros à l’Union européenne, dont 5,6 milliards à la France. De quoi répondre aux besoins en hôpitaux ou en personnels de santé.
La crise de la Covid a décidément fait beaucoup d’heureux.
L’étude menée par trois chercheurs spécialisés dans les impôts payés par les multinationales de l’Université de Prague (1) le confirme pour la première fois en se fondant sur l’analyse des résultats financiers réalisés par des multinationales présentes dans l’Union européenne, et qui présentent un chiffre d’affaires supérieur à 80 millions d’euros.
Mention spéciale à Sanofi
Sur les 8292 entreprises concernées, 1763 ont réalisés des surprofits pendant l’année 2020, pour un montant qui s’élève à 364 milliards d’euros au niveau mondial, soit 14,7% des bénéfices de ces sociétés réalisés dans la première année de la pandémie.
Si l’on retient les sociétés dont le siège social se trouve en France, les bénéfices excédentaires s’élèvent à 20,4 milliards.
Si les Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) sont les grands bénéficiaires de la crise sanitaire, les grosses entreprises françaises du CAC 40 comme Orange (+57% de surprofits en 2020), Atos (+34%), Carrefour (+17%), ou Capgemini (+12%) en ont, elles aussi, largement profité, avec une mention spéciale pour Sanofi qui a vu ses résultats bondir de + 338% entre 2019 et 2020, sans avoir réussi à mettre au point un vaccin, tout en annonçant la suppression de 1700 emplois, dont 1 000 en France.
Un rapport d’Oxfam avait déjà établi que six grands groupes pharmaceutiques mondiaux avaient fait à eux seuls 12 milliards de dollars de profits exceptionnels pendant 2020.
« A partir du moment où les très grandes entreprises, qu’elles soient françaises ou non, mais qui ont une activité sur le sol français, ont fait un bénéfice exceptionnel pendant cette crise, il serait logique et normal qu’elles soient davantage mises à contribution, comme cela s’est fait au cours de l’histoire quand en 1916 une taxation a été instaurée sur les profiteurs de la guerre », estime Manon Aubry, co-présidente du groupe de la Gauche au Parlement européen et membre de la France insoumise.
Un système fiscal plus juste
L’étude a examiné plusieurs scénarios de taxation des surprofits, allant de 10 à 70%. En retenant une taxation à 50%, ce sont 182 milliards d’euros qui seraient ainsi collectés au niveau mondial, dont 25 milliards d’euros pour l’Europe et 5,6 milliards pour la France.
En France, le produit de cette taxe, toujours limitée aux seules entreprises ayant réalisé des bénéfices excédentaires, permettrait de construire 11 hôpitaux ou de recruter 105 500 personnels soignants et non soignants, ou bien encore de construire 4 000 km de voies ferrées TER, ou de construire 143 lycées.
« Dans le débat qui fait rage pour savoir comment répondre à la crise économique et sociale engendrée par la Covid, aussi bien au niveau européen que dans la perspective de la campagne présidentielle en France, la question, au vu des résultats de cette étude, c’est de se demander si l’on continue à faire des cadeaux aux grandes entreprises, ou si l’on se donne les moyens d’avoir un système fiscal plus juste », estime la co-présidente de la Gauche au Parlement européen.
L’étude menée par l’Université Charles de Prague, fournit en tout cas les éléments chiffrés complets pour le faire.
Jean-Jacques Régibier – L’Humanité – Source Au passage rappelons que ce quotidien est le seul à ne pas être sous la coupe d’un industriel. Il n’édite régulièrement depuis de longues années que grâce aux abonnements et dons de ses lecteurs ; raison pour lequel nous vous invitons à respecter ce quotidien, voir à l’aider financièrement. MC
- Excess Profits Tax : Estimating the Potential Tax Gains for the European Union », étude rédigée par trois chercheurs du département de l’intégration européenne et de la politique économique de l’Université Charles de Prague, dans le cadre du projet Corptax lancé en janvier 2021.
Excellente idée. Il y a aussi les complémentaires santé qui depuis 2 ans remboursent moins mais continuent à augmenter leurs tarifs. Puis depuis peu les pétroliers…
L’argent na pas d’odeur. Ces profits sentent la mort, celle de ceux qui n’ont pas survécu au virus…………
Banco !