La bataille du « IEL » !

Il n’y aura donc pas que l’immigration ou la religion comme sujets clivants de la campagne présidentielle; la question du genre devrait y occuper une bonne part.

Dernier indicateur en date : les polémiques suscitées par l’introduction récente du pronom « iel » dans la version en ligne du Robert. Iel, ou la contraction de « il » et de «elle », pour désigner les personnes qui se vivent non binaires, c’est-à-dire ne relevant ni du masculin, ni du féminin.

Si son usage reste rare, il est en pleine expansion, surtout parmi les moins de 30 ans — tout comme la notion de genre neutre, qui apparaît désormais aux côtés d’« homme» ou « femme » sur des documents de l’Union européenne.

En intégrant le « iel » à sa dernière mise à jour, Le Robert ne fait donc que remplir sa fonction de dictionnaire, en prise avec les évolutions de la langue. Pourquoi alors une telle bronca, notamment de la part du ministre de l’Éducation nationale, qui a condamné l’initiative ?

Parce que ces trois petites lettres portent à elles seules une vision de la société radicalement différente de celle que nous connaissons. Trop radicale pour ne pas susciter de controverses.

 Au-delà, c’est toute la mouvance dite du « wokisme » qui est au coeur des polémiques, ce courant de pensée et d’études visant à déconstruire (autre terme très en vogue) des phénomènes de domination invisibles pesant sur les minorités.

Or la déconstruction de normes identitaires et sociales séculairement établies recèle un gros potentiel anxiogène, surtout dans un pays déjà peu serein, cerné d’incertitudes économiques, géopolitiques, climatiques…

Autant dire que loin d’être anodin le iel est foncièrement politique.

Capable d’engendrer des fractures dont on commence tout juste à mesurer l’ampleur


Valérie Lehoux – Télérama – N°3750 – 24/11/2021

3 réflexions sur “La bataille du « IEL » !

  1. bernarddominik 24/11/2021 / 07:52

    Jusqu’à maintenant l’évolution de la langue venait de ses usagers et se faisait sur la durée.
    Aujourd’hui elle vient de quelques philosophes ou gourous qui veulent imposer leur vision, comme l’écriture inclusive, le neutre.
    Allez sur les marchés de Toulon, de Nantes… vous n’entendrez personne parler inclusif ou utiliser le neutre.
    Le peuple s’est vu désaproprier de sa langue.
    C’est une idiotie de plus qui sépare un peu plus une minorité qui se prétend élite de la masse de la population

  2. jjbey 24/11/2021 / 09:24

    Il ou elle, that is the question.
    Que la nature produise des êtres humains pas bien dans le genre qui leur a été attribué à la naissance n’est pas nouveau et le moins que l’on puisse faire est de respecter le choix qu’eux-mêmes décident de faire.
    Admettre cette réalité de préférence sexuelle et la faire vivre à l’abri de toute discrimination est une règle républicaine incontournable.
    Dans ces conditions, il est légitime de s’interroger sur ce « IEL » qui, pour moi, semble montrer du doigt celles et ceux qui doivent vivre normalement acceptés par la société.

  3. Danielle ROLLAT 24/11/2021 / 20:59

    je n’ai pas envie de me faire des nœuds au cerveau, mais je vois le bazar dans les courriers et appellations, et j’en plains les rédacteurs.
    Il aurait été de bon ton, que j’écrive aussi les rédactrices.. Madame La Ministre, Madame La Secrétaire d’Etat, Madame la Députée (çà passe mieux) Madame la Sénatrice (aussi) Madame La Maire ou Madame la Mairesse, Madame La Docteure ou Doctoresse, Madame la Procureure, Ma Colonelle, Ma Capitaine, Madame la Sergente, Madame la Chauffeuse de taxi, Madame la Concierge, Là c’est de l’humour grinçant.

    Je ne suis bien sûr pas indifférente à la question des genres, ni aux questions physiques, psychologiques, familiales et sociétales qu’elles ont soulevé, qu’elles soulèvent encore, qu’elles soulèveront demain, mais là on n’a pas fait pas forcément dans la dentelle, sans se préoccuper des dégâts éventuels.. on pouvait mieux faire… prendre des avis autorisés avant d’agir.
    Si demain on devait me demander ce que j’en pense, je répondrais certainement, excédée : NIEL !

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