L’emprise médiatique Bolloré, inquiète en hauts lieux

Le vidage, illico presto, d’Hervé Gattegno de la direction conjointe du « JDD » et de « Paris Match » a résonné comme un coup de tonnerre à Matignon et à l’Elysée.

C’est la preuve par neuf, pour l’exécutif, que Vincent Bolloré, désormais patron d’Arnaud Lagardère, constitue, pour peser sur la présidentielle, un groupe de presse d’extrême droite : CNews, Europe 1 et, aujourd’hui, « Match » et le « JDD ».

Pour ce faire, Bolloré se débarrasse au passage de tous ceux qui pourraient faire obstacle à la zemmourisation dudit groupe.

Ainsi, Gattegno, le viré, soupçonné d’accointances macronistes, a été remplacé provisoirement par Patrick Mahé (à « Match ») et Jérôme Bellay (au « JDD »), pas vraiment connus pour être des progressistes de pointe.

Il faut savoir que Bolloré, catho de choc, est obsédé, comme Zemmour, par le combat civilisationnel, la question de l’islamisme et la théorie du « grand remplacement». Mais, chez lui, l’idéologie coïncide avec la volonté d’en découdre directement avec Macron, avec qui il a plusieurs contentieux.

À commencer par celui-ci : le chef de l’État a toujours privilégié ses relations avec Bernard Arnault, Xavier Niel et Martin Bouygues, au détriment du milliardaire breton, qui a mal à son ego. Le dîner organisé en juin 2020 par Nicolas Sarkozy pour que les deux hommes dissipent tout malentendu n’a d’ailleurs pas porté ses fruits.

Selon des proches de l’Elysée, l’« animosité » du patron de Vivendi à l’égard de Macron s’est encore renforcée dernièrement, à cause d’une affaire de corruption au Togo.

Une affaire que le groupe Bolloré trimballe depuis 2013 et que le milliardaire avait cru clore en proposant, avec deux de ses adjoints, une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), accompagnée du paiement d’une amende de 375 000 euros chacun.

Manque de pot, cette CRPC, sorte de plaider-coupable, acceptée dans un premier temps par le parquet, a été refusée par la juge Isabelle Prevost-Desprez le 28 février 2021.

Ni une ni deux, Bolloré a vu dans cette volte-face judiciaire la patte de Macron.

Vu les « excellentes » relations que Macron et son garde des Sceaux entretiennent avec les magistrats, il s’agirait d’un authentique exploit…


Le Canard Enchainé – 27/10/2021

3 réflexions sur “L’emprise médiatique Bolloré, inquiète en hauts lieux

  1. bernarddominik 02/11/2021 / 9h04

    Il y a de nombreuses années une loi avait été votée pour limiter la concentration des journaux en limitant le nombre que pouvait posséder un même propriétaire, évidemment la TV avait été oubliée nos députés étant spécialisés dans les trous dans les raquettes.
    Qu’est devenue cette loi ?
    A t elle été abrogée ou ignorée ?

    • Libres jugements 02/11/2021 / 10h32

      Sauf erreur de ma part Bernard, il me semble me souvenir que des « aménagements » ont été apportés notamment a la loi de 45 sur la pluralité de la presse… mais il ne me semble pas qu’il y ait actuellement (sourire) un groupe de presse dominant l’ensemble des titres.
      Il y a bien et la loi est ainsi est respectée, pluralité des possesseurs d’organes de presse; la loi ne dit absolument pas qu’il faut nécessairement des idéologies différentes… et qui peut prétendre dire la vérité…
      Cordialement
      Michel

  2. jjbey 02/11/2021 / 9h19

    Le fric s’est emparé des médias depuis longtemps et les larmes de crocodiles que déversent d’aucuns à ce sujet ne changeront rien.
    La presse est une marchandise pour l’essentiel au service du capital puisque sa propriété.
    Le Canard, Témoignage chrétien, l’Humanité…. échappent à la règle, mais souffrent financièrement (sauf le Canard) parlant, prix de leur indépendance.
    Alors moins il y aura de journaux pour dénoncer les méfaits du fric roi et mieux Bolloré, Drahi et les autres se porteront.
    À nous de choisir notre camp, donc nos lectures.

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