Il n’est pas vraiment le genre de confrère avec lequel on créerait une école de journalisme dit Christophe Nobili, journaliste entre autres au « Canard Enchainé » dans le numéro du 27 oct 2021
Gattegno, ce directeur capable des grands écarts… transformait, une semaine, le « JDD » et « Paris Match » en cabinet d’avocats de Sarkozy, l’autre semaine, en agence de com’ du gouvernement.
Sa tendresse professionnelle était également réputée. Mais, Gattegno ne racontera sans doute jamais les coulisses de son limogeage.
Il a signé un accord assorti d’un chèque et d’une clause de confidentialité. La technique est rodée et efficace. Bolloré avait procédé de la même manière avec l’équipe des « Guignols de l’info », leurs amis de « Groland » et tous ceux qui ont suivi depuis le lancement de sa croisade à Canal Plus, il y a six ans. Dans la presse, les gens sont bien élevés, ils n’arrachent pas la chemise du patron qui les flingue.
Si Bolloré a viré Gattegno, c’est avant tout pour poursuivre son entreprise de rachat massif de journaux, de radios et de télés, et pour mettre tout ce petit monde au service de son business, de ses idées et, désormais, du Zemmour Circus.
À « Match » et au « JDD », le patron des rédactions a été remplacé par des confrères plus droitiers que lui, Patrick Mahé et Jérôme Bellay.
A Europe 1, le matin, la promotion des thématiques zemmouriennes par Sonia Mabrouk et Mathieu Bock-Côté est devenue une farce.
Sur CNews, le reste de la journée, le matraquage zemmourien signé Pascal Praud, Morandini et compagnie est obsessionnel.
Il laisse le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) sur place, tétanisé, incapable d’imposer un quelconque pluralisme, condamné à saupoudrer les « mises en garde », que Bolloré et ses sbires accueillent avec un grand éclat de rire.
Leurs gémissements au moment où le CSA a décidé de décompter le temps de parole de Zemmour étaient des larmes de crocodile du CAC 40 : il a, depuis, tout son temps pour faire campagne, et CNews, les mains libres pour le mettre en orbite. L’ex-chroniqueur des émissions est devenu l’invité régulier et le sujet permanent des mêmes émissions. Et tout est bon pour le propulser, jusqu’au bidonnage !
Lundi 25, dans son premier « Face à la rue », sur CNews, Morandini a repris ses habitudes audiovisuelles pour fabriquer une scène à peine orientée, dans laquelle Zemmour croise opportunément une femme voilée à Drancy et la convainc, quel héros, d’enlever son fichu en direct.
On le sait depuis, la dame en question a été recrutée par la production, transportée de chez elle à Drancy (elle habite à 40 bornes) et postée à proximité du Zemmour Circus avant d’être envoyée dans l’arène. Elle a aussi bossé pour le groupe Bolloré jusqu’en 2017 et n’a pas eu trop de mal à ôter son voile, qu’elle ne porte que « depuis quelques mois ».
Pour rattraper le coup, la machine à fake news à la sauce Fox News n’a pas tardé à se mettre en marche. En circuit fermé : la « dévoilée » de Drancy a été invitée chez Hanouna, sur la chaîne Bolloré C8, pour justifier son entente avec l’animateur de CNews Morandini, lequel a été convié chez son collègue Praud, histoire de jurer qu’il ne s’agissait pas d’une mise en scène de campagne grossière…
On se croirait dans l’Amérique de Donald Trump !
Oui c’est inquiétant
Le mensonge est un péché et Bolloré devrait le savoir. Vrai qu’à la messe, au regard de sa participation au denier du culte, il sera facilement pardonné par un ministre compatissant. Lui ne pardonne pas et ceux qui moindrement ne suivent pas sa ligne sont irrémédiablement exclus Ad vitam æternam.