Un an après l’assassinat de Samuel Paty, comment l’école peut-elle s’emparer du fait religieux ? Rares sont les enseignants à s’y risquer.
En Côte-d’Or, le projet Kaléidoscope pourrait les inspirer. Une fois par mois, des collégiens d’univers différents se rencontrent. Pour prendre conscience de ce qu’ils ont en commun.
« Ah bon, tu bois un bouillon de nouilles au petit déjeuner, toi ? Tu nous feras goûter ? » Au cours de l’automne 2019, c’est bizarrement dans un atelier d’arts plastiques, au collège, que Margaux et Kenza l’ont découvert : leur copine Ha Miên, d’origine vietnamienne, a de drôles d’habitudes alimentaires ! Dans cet atelier, les élèves devaient imaginer ce qui demeure d’une civilisation disparue – donc les croyances, us et coutumes.
Peu après, Ha Miên a invité ses amies à venir partager un pho chez elle. Kenza, raconte Ha Miên, a alors évoqué « de façon très ouverte » ce qu’elle mangeait ou ne mangeait pas, elle, dans son foyer. Elle a parlé de l’islam, la religion qu’elle pratique. De cela aussi les trois amies n’avaient jamais discuté. Il a fallu le programme Kaléidoscope pour qu’elles osent.
Ce projet, c’est leur prof d’histoire-géo et d’enseignement moral et civique (EMC), Mme Lévêque, qui en a eu l’idée – et l’a porté à bout de bras en ce début d’année de 5ᵉ. Le programme est à la fois transdisciplinaire, rassemblant, outre l’enseignant d’arts plastiques, les professeurs de français, d’espagnol et de mathématiques, mais aussi inter-établissements en Côte-d’Or – en plus du Clos de Pouilly, collège public d’un quartier résidentiel de Dijon, deux autres classes de 5e du département y participent. L’une est issue du collège Jean-Baptiste-Rameau, classé REP ; l’autre, du collège Lazare-Carnot, à Nolay, en milieu rural.
Réfléchir à la notion de laïcité
L’objectif est de permettre à ces élèves âgés de 12-13 ans, qui grandissent dans des environnements différents, de se rencontrer. Leur donner, au rythme d’une journée par mois consacrée à des entretiens, des conférences ou des ateliers, l’occasion de se mélanger tout au long de l’année. Afin de former un kaléidoscope humain et de réfléchir ensemble à la notion de laïcité – garante des valeurs républicaines. Une notion qui, dans son acception française, est si singulière qu’elle n’est souvent guère comprise à l’étranger. […]
Le fait religieux ? L’expression désigne les faits historiques et civilisationnels relatifs aux religions, qu’il s’agit d’appréhender en tant que phénomènes socioculturels. L’approche est donc scientifique et non pas confessionnelle. […] À force de travailler ensemble et de nouer des liens d’amitié, ils finiront par prendre conscience de ce qu’ils ont en commun : leur humanité et cet héritage du fait religieux partagé. Ainsi la laïcité leur paraîtra-t-elle pour ce qu’elle est : une règle du jeu.
[…]
L’art, un remarquable outil pédagogique
Il existe en attendant – et les élèves de Kaléidoscope le savent désormais – un remarquable outil pédagogique à leur disposition : l’art. […] … la fréquentation de musées, tels le Mucem, à Marseille, le musée d’Art et d’Histoire du judaïsme (Mahj) et l’Institut du monde arabe (IMA), à Paris. « Ces lieux où l’intime est évoqué libèrent la parole des élèves, que l’Institution est prête à entendre désormais, remarque Évelyne Bechtold, inspectrice pédagogique de philosophie au sein de l’académie d’Aix-Marseille. Ces questions, passées sous silence il y a vingt ans, commencent à être prises en considération. » Une amorce de décrispation ?
[…]
Lorraine Rossignol – Télérama Source (Extraits)
Bonjour Michel,
Un très bel article, un exemple à suivre, quand on connaît, on peut être différent et pourtant s’accorder dans le respect de chacun.
Bon après-midi
Amicalement MTH
Merci Marie pour ton commentaire.
J’ai trouvé que s’était un bon article, sans doute un des meilleurs que j’ai lu sur l’enseignement et le respect de chacune-chacun au travers de la laïcité bien comprise, qu’il fallait absolument faire connaitre cet article, au plus grand nombre.
Merci pour avoir partagé cet avis
Amitiés
Michel
Apprendre l’autre permet de le comprendre et de l’aimer en tant qu’être humain.
Me revient une chanson de colo : « Si tous les gars du monde décidaient d’être copains, et marchaient la main dans la main, le bonheur serait serait pour demain »…