… aux déclarations euphoriques des acoquinés aux pouvoirs en place et reprisent en echo par l’ensemble des medias…
Selon la vision d’un verre à moitié vide, le front du chômage, c’est (presque) l’euphorie.
Mercredi 25 août, le ministère du Travail a battu tambour sur le thème d’une victoire annoncée en publiant les statistiques pour juillet. Avec un peu moins de 3,6 millions de demandeurs d’emploi exerçant auparavant à temps complet, les fichiers de Pôle emploi se sont allégés, sur un an, de 11,1 %.
La performance mériterait une médaille d’or.
En fouinant dans les savants tableaux de chiffres mis en ligne par la direction des statistiques du ministère (Dares), toutefois, les vilains petits curieux peuvent découvrir des détails nettement moins rutilants.
D’abord, la comparaison sur un an pile-poil sent le Ripolin.
Juillet, en effet, a été l’un des pires mois de 2020. L’épidémie de Covid tournait à plein régime et le chômage avait explosé. Plus pertinente serait la comparaison avec février 2020, dernier mois de l’avant-Covid.
Chômeurs planqués
Là, on constate qu’en dépit de la croissance annoncée par Bruno Le Maire la France métropolitaine (l’outre-mer est absent des tableaux statistiques…) compte encore 116 000 chômeurs de plus que lors de l’« avant ». A croire que l’économie française est meilleure pour distribuer des dividendes que des jobs…
D’autre part, la reprise a, certes, joué un rôle depuis février dernier, point de départ du redémarrage de l’économie (215 000 demandeurs en moins).
Mais le gros du travail a été effectué par… les ordis de Pôle emploi. Ces derniers, en effet, ventilent les inscriptions par catégories, et seule la fameuse A (un travail à temps complet) est prise en compte dans le chiffre officiel du gouvernement.
De nombreux chômeurs, qui auraient pu entrer dans le décompte statistique de la catégorie A, disparaissent au fond d’une corbeille magique.
Ainsi, le nombre de demandeurs estampillés comme cherchant un boulot à temps partiel (la corbeille en question) a gonflé de 143 000 en six mois. Ces éjectés de la statistique représentent près des deux tiers de l’« amélioration » du chômage.
Gomme magique
Il faut bien reconnaître que ni Jean Castex ni Elisabeth Borne n’ont inventé ce tour de passe-passe. Comme « Le Canard » l’avait révélé, il a été mis au point en 1983 par des conseillers du Premier ministre Pierre Mauroy. Les vieilles recettes sont indémodables…
Enfin, même si une légère brise souffle dans les voiles de certains secteurs (comme la restauration, dite « en tension ») la reprise n’a pas exercé un effet miraculeux sur le marché du travail. En juillet dernier, Pôle emploi n’a enregistré que 125 000 reprises d’un job par des chômeurs, contre 114 000 il y a dix-huit mois : juste un léger mieux.
Autre critère ? Au cours du dernier trimestre, seulement 37 200 offres d’emploi de plus qu’en 2019 (sur 820 000 !) ont été collectées par l’organisme. On pouvait rêver meilleure pêche.
Quand il juge inutile de discuter sur des augmentations de salaires (car ceux-ci seraient dopés par la raréfaction de la main-d’œuvre), on peut donc se demander si Geoffroy Roux de Bézieux ne se paie pas la tête des syndicats.
Président du Medef, c’est un métier…
Article signé des initiales A.G. – Le Canard Enchainé – 01/09/2021
« La perversité de la nation passe par la fraude des mots ».
Platon pourrait y ajouter celle des chiffres…