« Le roi du shit français » est-il détenu arbitrairement à la prison de Gradignan, près de Bordeaux ? Oui ! clament ses avocats.
Et il faut reconnaître que les conditions de son incarcération ne sont pas tout à fait réglo. Mais relâcher Moufide Bouchibi, présenté comme le plus gros trafiquant de cannabis de France, ferait un peu tache… Bouchibi (alias « Mouf », en cavale pendant dix ans) a été condamné, en 2015, à vingt ans de taule et 1million d’euros d’amende par le tribunal correctionnel de Bordeaux.
À 41 ans, ce champion aurait importé en France entre 40 et 50 tonnes de cannabis par an. Mais voilà : sous le coup d’un mandat d’arrêt international, « le Fantôme » (son autre surnom) ne se laisse pas attraper facilement. Les enquêteurs de l’Office central des stups finiront par le coincer à Dubai en mars, pour le ramener en France quelques semaines plus tard.
Sauf que, selon ses trois avocats, les règles contenues dans la convention bilatérale entre la France et les Emirats arabes unis de 2007 n’ont pas été appliquées. « C’est une extradition déguisée ! » s’insurge Me Thomas Bidnic, qui réclame la remise en liberté « immédiate » de son client.
Enfumages
La preuve, ajoute-t-il, c’est que le tribunal de Bordeaux, dans sa décision du 6 juillet, écrit noir sur blanc que la procédure de restitution à la France « n’apparaît pas avoir été concrètement mise en oeuvre ». Oups.
Filouteries d’avocat, selon les magistrats du tribunal de Bordeaux, qui, de leur côté, affirment que les juges n’ont pas pour compétence de vérifier le respect des conditions d’extradition. D’ailleurs, « Moufide Bouchibi a accepté sa remise à la France, c’est son propre avocat qui l’a dit en audience », contre-attaque Mathieu Fohlen, premier vice-procureur chargé du dossier. En tout cas, « Mouf » devrait rester en prison… sauf si la seconde demande de mise en liberté est acceptée pour un vice de forme bien bêta. A croire que justice et droit ne coïncident pas toujours…
Article signé des initiales M. B. – Le Canard Enchainé – 21 Juillet 2021
Le droit, c’est aussi la procédure, c’est elle qui garantit les droits des justiciables et règle la manière dont la justice est conduite.
Les avocats dont le client est coupable font usage de tous les moyens pour le faire libérer, voire user de procédures dilatoires pour retarder l’issue du procès…
Dur, dur d’être magistrat…