Une position anti-passe-sanitaire, expliquée !

Pourquoi je m’oppose à des mesures aussi inefficaces que liberticides – André Chassaigne – Député.

Le 12 juillet (2021), le Président de la République a pris la parole devant les Françaises et les Français parce qu’une quatrième vague épidémique s’apprête à déferler sur notre pays et le continent européen. Une nouvelle vague prévisible puisque, dès le 12 mai, le variant Delta avait été classé préoccupant par l’OMS.

Deux mois après, pour tenter d’amoindrir sa virulence, le Gouvernement annonce brutalement des mesures engendrant de graves tensions et déconnectées des réalités du terrain, soumises à partir d’aujourd’hui au Parlement, devenu simple chambre d’enregistrement. 

Les solutions préconisées par le chef de l’État tiennent en trois points : la vaccination obligatoire pour toutes les personnes qui travaillent dans le soin, un élargissement considérable du « pass » sanitaire et la fin du remboursement des tests.

  • L’élargissement du « pass » sanitaire, assorti d’un contrôle généralisé, et la fin du remboursement des tests convergent de fait pour rendre la vaccination obligatoire pour tous.

Mais cette obligation ne veut pas dire son nom. Et elle est instaurée par le pire des détours : celui de la contrainte individuelle en mettant en avant une vision utilitariste et consumériste du vaccin. Il n’y a pas de doute sur le message envoyé par le Président de la République : vaccinez-vous pour pouvoir consommer, manger, vous distraire et voyager ! La protection des plus fragiles et l’immunité collective suivront. 
Cette inversion, qui place l’intérêt collectif au second rang, n’est en réalité guère surprenante. Depuis quatre ans, le Président de la République et sa majorité appliquent avec méthode des politiques néolibérales qui détricotent, maille après maille, notre contrat social et ses valeurs collectives. Cette idéologie individualiste anime Emmanuel Macron en toutes circonstances. C’est pourquoi il lui est si facile d’évoquer dans la même séquence le « pass » sanitaire, la réforme de l’assurance chômage et celle des retraites. Pour le Chef de l’État, le collectif n’a pas sa place. Seuls comptent les individus soucieux de maximiser leurs propres intérêts.

  • Pourtant, la France porte en elle assez de générosité et de ressorts collectifs pour se mobiliser autour d’une stratégie vaccinale altruiste, fraternelle et acceptée par le plus grand nombre.

À la double condition évidemment de s’en souvenir et de s’en donner les moyens.

Il faut d’abord rappeler l’importance des vaccins dans notre histoire. Les grandes campagnes de vaccination que notre pays a connues ont eu des motivations pour l’essentiel altruistes, protégeant autant, sinon davantage, la collectivité que l’individu lui-même.

Les vaccins contre la rubéole et la coqueluche en sont les exemples les plus caractéristiques : les enfants sont vaccinés contre la rubéole pour protéger les femmes enceintes, ce qui a permis une baisse spectaculaire des cas de rubéole congénitales tandis que le rappel pour la coqueluche permet de protéger les nourrissons non encore immunisés.

La vaccination contre le Covid-19 ne déroge pas à la règle puisqu’elle vise à freiner la circulation du virus et à nous prémunir contre l’apparition éventuelle de nouveaux variants potentiellement plus dangereux.
 Il faut ensuite mener une politique de santé publique qui permette à tous de pouvoir se faire vacciner en toute conscience et en toute confiance. La campagne de vaccination menée par le Gouvernement dans le cadre de la vaccination contre la Covid, c’est un fait, laisse sur le bord de la route une partie de nos concitoyens et essentiellement les « non connectés », ceux qui vivent dans l’isolement social, la pauvreté et la précarité.

  •  Nous devons, de plus, regagner la confiance des Françaises et des Français. Le gouvernement a nourri un climat anxiogène aux effets délétères.

Les retards, les mensonges et les atermoiements dans la gestion de cette crise en sont les premiers responsables.

 Il faut enfin revendiquer une autre vision philosophique de la liberté que celle qui prédomine aujourd’hui, fruit de décennies de politiques libérales qui ont écrasé nos valeurs et divisé notre société. Non, la liberté ne se résume pas à l’absence de contraintes. Si tel était le cas, que devrions-nous penser de l’instruction obligatoire pour les enfants ?

Que devrions-nous penser du Code du travail ? Ces mesures ne sont pas coercitives pour le plaisir de l’être. Dans notre État démocratique, elles ont été discutées, parfois âprement, contre la volonté des puissants et pour lever les réticences individuelles, puis votées et appliquées pour permettre à nos concitoyennes et concitoyens d’exercer leur liberté.

  • Dans un pays démocratique, la liberté est le fruit d’un approfondissement constant de la relation entre les citoyens et la communauté nationale.

En ce sens, elle est toujours l’objet d’une recherche, d’une tension et d’un travail de conviction pour que les contraintes soient admises comme un progrès et non pas un affaiblissement démocratique. La liberté est toute à la fois équilibre et mouvement.

  • C’est pourquoi la vaccination ne peut être un acte liberticide.

Elle doit être conçue comme un instrument mis à disposition par la puissance publique pour, à la fois, garantir l’intérêt général et préserver chacun des sévices de la maladie. Elle ne peut avoir comme objectif que de sortir de la crise sanitaire et éviter un nouveau confinement, source de terribles ravages pour nos enfants et les plus fragiles d’entre nous.

N’écartons donc pas le principe d’une vaccination qui pourrait devenir obligatoire pour tous, plus respectueuse de nos principes républicains que ne peut l’être un « pass » sanitaire, mesure de police et outil de contrôle social.


 Gageons que cette obligation s’appuierait sur une responsabilité retrouvée si elle était mise en place dans un climat de confiance, donc sans occulter d’éventuelles contre-indications médicales et en établissant un plan de gestion des risques pour parer à des évènements indésirables. Il serait alors inutile de recourir à des moyens coercitifs pour que 90 % de la population soit vaccinée et que nous atteignions ensemble l’immunité collective.

Cette approche altruiste nous oblige également à agir au-delà de nos frontières. La France a un rôle essentiel à jouer au sein de l’UE afin qu’elle plaide pour une levée des brevets sur les vaccins à l’OMC, condition indispensable pour faciliter la diffusion de la vaccination dans les pays qui en sont encore exclus. Tirons les enseignements de l’histoire : l’éradication de la poliomyélite n’a été possible que grâce à la mise en place d’un vaccin non breveté permettant sa large diffusion dans la population. 

  •  La levée des brevets sur les vaccins Covid reste donc une priorité.

Elle n’est, hélas, pas celle d’un Gouvernement pour lequel la vaccination n’est qu’un outil au service du retour à un consumérisme sans frein, pour le grand bonheur des multinationales du médicament.


Source (lecture libre)

3 réflexions sur “Une position anti-passe-sanitaire, expliquée !

  1. marie 26/07/2021 / 8h38

    Coucou Michel, pour moi, je te donne mon avis qui n’engage que moi d’ailleurs.
    Il aurait fallu mettre la vaccination obligatoire pour tout le monde, puisque Macron est déjà traité de dictateur, au moins, cela aurait été vrai, et puis pas de jaloux, et on serait tranquille. J’ai du mal à comprendre, un bébé est obligatoirement vacciné, pour entrer en crèche et à l’école vaccination obligatoire, pour voyager loin vaccination obligatoire et là, c’est un tollé pas possible !
    Voilà mon opinion elle vaut ce qu’elle vaut, mais je sais qu’ici on peut dire ce que l’on pense.
    Cordialement
    MTH

    • Libres jugements 26/07/2021 / 9h18

      Bonjour Marie,
      ce n’est pas à toi que je vais apprendre que sur ce blog tous les commentaires sont acceptés.
      Je peux comprendre ta position concernant la vaccination obligatoire… sauf qu’il peut y avoir des exceptions et j’en suis un cas particulier (je me suis exprimé amplement sur ma situation sanitaire très spéciale dans un commentaire récent). Dans les exceptions, il y a certaines maladies – souvent en évolution – qui ne permettent pas la vaccination. D’autre part, au sujet même des vaccins, à en croire certains spécialistes il aurait fallu que toutes les jeunes filles soient vaccinées contre le cancer de l’utérus… Sauf que ce vœu d’obligation a été démenti par des effets secondaires après injection et s’est révélé catastrophiques, voire stérilisant chez certaines jeunes femmes ayant reçu le vaccin.
      À ce jour personne ne peut garantir que le vaccin contre la Covid19, n’empêche d’attraper le vaccin. C’est d’autant plus vrai que virologues en sont maintenant à dire que les personnes ayant contracté la maladie pourrait l’avoir l’avoir une seconde fois malgré deux injections de vaccins mais (et le mais est fantastique), avec moins de risques de se retrouver en réanimation– Itou pour ce qui ont été vaccinés ne sont pas exemptés de contracter une forme moins forte certes… de la maladie.
      En conclusion Marie,
      Le fait d’user de pédagogie pour que tout le monde soit vacciné est une bonne chose. Par contre, est très discutable l’obligation de présenter un pass sanitaire dont on peut voir les Utilisation plus ou moins fallacieuse, voire dangereuse pour les libertés de chacun.

      En souhaitant du soleil sur l’Aube
      Amitiés
      Michel

  2. jjbey 26/07/2021 / 19h06

    Travail de conviction pour une vaccination généralisée contre obligation de le faire? L’appel à l’intelligence veut que ce soit la première méthode qui doit prévaloir mais pour avoir été en relation ave une personne dont la conviction religieuse lui interdisait d’accepter les soins nécessaires à son enfant, je me dis que dans certains cas la raison doit triompher de la croyance et que l’obligation devient une nécessité.

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