Ils espéraient des moutons…

… Ils engraissaient des ânes !

J’ai grandi [Fabrice Nicolino] et longtemps vécu dans des cités ouvrières du 9-3, ce département maudit où les pauvres sont plus nombreux qu’ailleurs.

Dans les années 1970, jusqu’au début de celles de 1980, chacun était à son poste. J’ai connu 9 députés sur 9 et 27 municipalités sur 40 communistes. Staliniennes, pour dire le vrai. Mais il y avait aussi les chrétiens de gauche, les socialos déjà, l’extrême gauche soixante-huitarde, les groupes Femmes, les comités Larzac, Lip, Chili ou Tartempion, les unions locales – par ville – des syndicats, la Confédération nationale du logement, les centres culturels, les clubs de foot tenus par des militants, les associations antiracistes ou de consommateurs, en somme un maillage extraordinaire.

L’exclusion se combattait pied à pied, rien n’était acceptable a priori, comme aujourd’hui, même si chacun de nous savait de source certaine et répétée que nous étions des parias. Un deal infernal avait eu lieu dans notre dos à tous. Sans qu’aucune trace écrite n’existe, il est évident que les gaullistes et les staliniens s’étaient partagé la région.

Aux premiers, Paris, Auteuil-Neuilly-Passy et quelques autres.

Aux seconds, ces villes ouvrières qui ne seraient de toute façon jamais contentes. Les staliniens ont accepté l’urbanisme délirant de la banlieue parisienne, car ils pensaient, ces sots, qu’ils bâtissaient ainsi des forteresses inexpugnables. On a vu.

Ce monde a disparu, dont j’ai vécu les premiers effondrements. Les staliniens qui se recroquevillent sans être capables d’énoncer une seule idée neuve pour ces « masses populaires » dont Marchais se gargarisait chaque matin devant sa glace.

Ils rêvaient de moutons, ils héritèrent d’ânes.

Une histoire reste à écrire, celle qui montrerait comment ces défenseurs autoproclamés des exploités ont aidé de toutes leurs forces à construire des lieux impossibles, anxiogènes, invivables.

Dites, ce ne serait pas un peu votre bilan, les Bosquets de Montfermeil, les 3000 d’Aulnay-sous-Bois, les 4000 de La Courneuve?

Les socialos, ces infects socialos, ne valurent pas mieux.

Arrivés au pouvoir en promettant d’extirper le capitalisme, ils se couchèrent aussitôt devant les puissants, adorèrent Tapie, paluchèrent Berlusconi en lui offrant La Cinq, date clé de l’asservissement en cours.

Ils les oublièrent tous. Les immigrés, qui n’obtinrent jamais le droit de vote aux municipales, tant de fois promis. Les petits Blancs, qui ne supportaient plus incivilités, menaces et vols. Sans compter la liberté, l’égalité et la fraternité.

Ce M. Mélenchon ne souhaite pas que l’on rappelle le passé.

  • N’a-t-il pas été un membre illustre du Parti socialiste pendant trente-deux ans?
  • N’a-t-il pas participé au premier plan à la mascarade du SOS Racisme des année 1980?
  • N’a-t-il pas soutenu, sourire aux lèvres, les manigances de son maître Mitterrand, qui utilisa jusqu’au bout le vote Front national pour battre la droite?

C’est cette génération politique qui a précipité les Le Pen au sommet. Cette génération de si médiocres politiciens, incapables de poser et régler aucun problème. Du chômage de masse à l’immigration. De l’insécurité à la crise climatique. ;Que se vayan al infierno!


Fabrice Nicolino – Charlie Hebdo – 23/06/2021


Peuple de gauche revient à tes fondamentaux. En premier lieu, va voter dimanche 27 juin 2021, ne laisse pas la démocratie mourir à petit feu. MC

4 réflexions sur “Ils espéraient des moutons…

  1. bernarddominik 23/06/2021 / 13h44

    La mémoire des politiciens est courte, celle des électeurs pas meilleure. C’est toujours le même discours, et plus personne n’y croit. Chez nous on dit « comme on fait son lit on se couche ». Et se coucher devant le grand capital les politiques en ont tellement l’habitude qu’il n’y a même plus besoin de leur demander.

    • jjbey 23/06/2021 / 16h33

      La vie est belle, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil et bientôt les communistes seront responsables de la misère, car les luttes qu’ils ont menées et qu’ils ont provoqué et provoquent la désertification industrielle du territoire. Voire nos amis de la fonderie de Saint Claude.
      Ce ne sont pas les communistes qui ont eu le choix du type de constructions qui allaient accueillir les habitants des bidonvilles et des logements insalubres de la France entière. Le capitalisme a très vite compris qu’il fallait gagner une bataille, celle des idées et au travers de l’acquisition massives des médias, il réussit à faire croire qu’il est le seul système possible. Le capitalisme et ceux qu’il exploite même combat ! Moins de 2% de la population mondiale qui possède autant que le reste de l’humanité vous trouvez ça normal ? Il n’y a que deux catégories de gens sur cette terre, les exploiteurs et les exploités. Chacun appartient à l’une ou à l’autre. Il est vrai que tout est fait pour brouiller les cartes et la conscience de classe est laminée au marteau-pilon des media instruments de propagande des accapareurs de richesses. Il est vrai aussi que de la droite au PS les partis ont fourni de fidèles serviteurs au système, mais l’honnêteté voudra de reconnaitre que le PCF s’y est toujours refusé et que lorsqu’on lui en a donné les moyens, il a toujours mis en place des mesures au service du peuple. Vous avez dit SECURITE SOCIALE, NATIONALISATION DES BANQUES, QUOTAS DE LOGEMENTS SOCIAUX, Mettre tout le monde dans le même sac fait partie de la propagande capitaliste.

  2. marie 23/06/2021 / 14h08

    Coucou, je suis aussi issue du 9.3, j’en suis partie en 1959, j’ai connu tout ce que tu racontes, un père avec une carte du PC, une mère plutôt de droite qui allait à la messe, cela fait de moi ce que je suis, pas une catho BCBG, mais pas non plus une extrême gauche, je penche plus à droite qu’à gauche, en bref je suis moi, avec mes contradictions.
    Bon après-midi Amicalement MTH

  3. bernarddominik 23/06/2021 / 17h59

    J’ai bien connu l’ingénieur norvégien chargé de la qualification des 2 gaziers fabriqués à la Ciotat, et dernière commande, suite à quoi les chantiers ont fermé. C’était les meilleurs gaziers du monde, mais quand à 1 mois de la livraison la cgt fait une grève pour les douches, c’est sur que ça a douché le client. Alors il faut bien dire la vérité la CGT c’est pas toujours bien net. Et je l’ai aussi vu quand elle a signé un accord dans mon entreprise, qui lors d’une fusion et au nom de l’égalité à fait perdre aux marseillais des avantages sociaux, pour maintenir un autre qu’avaient seulement les parisiens. Avec la CGT, comme la CFDT, il y a à boire et à manger (j’étais élu au CE ) …

Les commentaires sont fermés.