La têtue, bornée, Elisabeth

Comment une ministre peut-elle réparer une bêtise ?

Réponse d’Élisabeth Borne : par une autre bourde.

La ministre du Travail, qui a fait Polytechnique, avait fini par admettre que ses services avaient introduit une monstruosité technocratique dans la réforme de l’indemnisation du chômage destinée à entrer en application en septembre 2020 : l’aide au retour à l’emploi (nouvelle dénomination de l’allocation ordinaire) était calculée en proportion d’un « salaire journalier de référence ».

Son montant était défini en prenant la totalité des salaires perçus par le chômeur pendant les 24 mois précédents et en divisant ce total par le nombre de jours calendaires, qu’ils aient été travaillés ou non.

Les jours non travaillés ou travaillés à temps partiel, quelle qu’en soit la cause (maladie, maternité, mi-temps thérapeutique, etc.), étaient donc entièrement pris en compte dans le temps de travail pour établir ce salaire moyen quotidien.

Hurlements des syndicats : 850 000 demandeurs d’emploi allaient voir leur alloc amputée jusqu’à un tiers. La ministre du Travail plaide alors la bévue, repousse l’application  de cette mesure au 1er juillet 2021 et s’engage à en gommer, d’ici là, l’aspect inique.

La nouvelle mouture a finalement été soumise aux syndicats.

Elle prévoit de neutraliser les périodes de non-travail. Mais , au lieu de faire simple, Élisabeth a bidouillé un « salaire fictif »(sic). Concrètement, il s’agit de ce que le salarié aurait gagné s’il avait travaillé à temps complet. Les syndicats râlent toujours et ont demandé son avis au service juridique de l’Unédic, l’organisme chargé de gérer les allocations de chômage.

Réponse : ce projet de décret est carrément illégal vu que le Code du travail stipule que les allocs doivent être calculées en fonction du salaire réellement perçu par le chômeur. Résultat, Elisabeth Borne devra une nouvelle fois revoir sa copie sous la menace d’une saisine du Conseil d’Etat.

Remplacer une erreur par une bévue, … et devoir encore rectifier le tir, c’est du travail fictif ou du temps perdu ?


Article signé des initiales : A. G. – Le Canard enchaîné. 19/05/2021

Une réflexion sur “La têtue, bornée, Elisabeth

  1. Danielle ROLLAT 22/05/2021 / 17:48

    Que la raison et le bon sens triomphent, dans l’intérêt des personnes concernées, qui ont droit, comme chacun à la solidarité active et à la dignité.

Les commentaires sont fermés.