
C’en est fini des uniformes vert olive, des discours fleuves de Fidel qui faisaient piquer les yeux et se dresser les poils des bras, de la fière saga des invincibles guérilleros de la Sierra Maestra.
Miguel Diaz-Canel
Rangez la mythologie, les cigares et les diatribes enfiévrées sur l’impérialisme, c’est poussiéreux, tout ça, le nouveau patron de Cuba a une chouette chevelure blanche à la Ralph Lauren, porte jeans et chemise relax, a deux enfants qui s’affichent à la Gay Pride de La Havane, une tablette, un compte Twitter. Une tête de retraité dynamique de Miami Beach. Il a 61 ans, aime les Beatles, est ingénieur, pas militaire de carrière, et reçoit parfois la presse étrangère.
Miguel Diaz-Canel peut-il, sous la pression de la crise économique, des pénuries, des désillusions et de la montée en puissance d’une opinion publique cubaine enhardie par les réseaux sociaux, devenir le Gorbatchev des Caraïbes ? En fait, bien peu le pensent.
Raul Castro avait prévenu, un rien goguenard : Miguel, c’est « le seul survivant » des purges en série subies par les cadres dirigeants de sa génération. Bref, le plus aguerri, le plus rusé mais le plus conforme, aussi.
Il a toujours joué sa petite musique à lui, toujours à vélo, comme le peuple, quand il n’était qu’un jeune et prometteur dirigeant local, défenseur des minorités sexuelles. Sinon, des gages, des gages, encore des gages : tenant de la plus extrême orthodoxie, de la répression la plus impitoyable.
Les experts du régime l’ont trouvé très en verve au congrès, lorsqu’il fallait pointer du doigt la « subversion politico-idéologique », le nom cubain donné à l’indépendance des réseaux sociaux.
Miguel Diaz-Canel n’a pas l’aura de ses prédécesseurs, il n’est qu’un fonctionnaire du Parti. L’armée garde en main le système touristique, principale source de devises, et Rani lui a expliqué amicalement la règle du jeu des années à venir : « Je continuerai à servir comme un simple combattant révolutionnaire, prêt à apporter une modeste contribution jusqu’à la fin de ma vie. »
La mission de Diaz-Canel, qui n’a nulle intention de libéraliser le régime, est simple : trouver des alliés. Cuba a survécu grâce à l’aide soviétique, puis, après la chute du Mur, grâce au pétrole à bas prix fourni par le Venezuela d’Hugo Châvez, en échange d’une aide médicale envoyée à Caracas. Le Venezuela étant ruiné, sur qui compter aujourd’hui ?
Interrogé sur l’état des relations avec Cuba, Biden a lâché : « Pas une priorité. »
Le Brésil, jadis bienveillant, a tourné la page de la gauche Lula, l’Algérie regarde ailleurs. Diaz-Canel a rendu visite à son homologue de Corée du Nord. Ils ont tous deux pondu un communiqué sur leurs « sujets cruciaux de préoccupation mutuelle », mais qu’échanger ? Il n’y a pas plus de riz dans les greniers de Pyongyang que de tubes de Doliprane dans les hôpitaux cubains. Le Vietnam montre un intérêt poli, le Laos est fort courtois, la Russie assure de son soutien. Reste la Chine, sur laquelle Cuba fait reposer certains de ses espoirs.
Anne-Sophie Mercier. Source (Extraits) Le Canard Enchaîné. 05/05/2021
Cuba vit des heures difficiles du fait du blocus mais résiste et a développé une économie sociale qui répartit les richesses. Mais comme il n’y en a pas beaucoup les niveau de vie moyen est faible. Pour autant la santé, l’éducation sont des points forts il reste à souhaiter que Biden lève ce blocus inique et établisse des relations sereines avec Cuba.