À quoi sert ce pantin !

Le patron de l’AP-HP, c’est l’autosatisfaction personnifié. À Matignon et surtout à l’Élysée, il a tendance à énerver… En somme un pantin de plus dans la vitrine… énervant d’autres pantins pas rassurés devant les échéances électorales… MC

Martin Hirsch adore parler de lui. Son obstination à lutter contre la souffrance des autres. Son papa, sa maman, son pépé, ses études, ses origines, son enfance, son éducation, ses loisirs. Il n’est pas le seul, mais il est bien atteint.

Il le fait en toute occasion, avec cette fausse simplicité du gars rieur et souvent mal attifé qui mâchouille non-stop des Nicorette dans un bureau où règne un invraisemblable désordre, attitude qui ravit toujours la presse.

Il a maintes fois confié qu’il aurait aimé être médecin, ou romancier, ou journaliste, ou chercheur, ou peut-être bien psychanalyste, et aussi guide de montagne. Ce serait plutôt des compétences de barreur par gros temps qui lui seraient précieuses en ce moment.

« Recadré » par Olivier Véran, vivement attaqué par Florian Bachelier, le questeur de l’Assemblée, le directeur de l’AP-HP est devenu l’homme à abattre.

Il n’a jamais été trop « en cour » à l’Élysée, mais, là, ça devient chaud : suspecté d’avoir suscité la pétition, publiée dans le « JDD », des 41 médecins de l’AP-HP réclamant davantage de moyens sous peine de devoir trier les malades de la Covid, soupçonné de souffler sur les braises.

On lui demande des comptes, on raconte qu’il fait ouvertement campagne pour Anne Hidalgo, on menace de dévoiler son salaire. « On peut tout dire de Martin, mais pas que c’est un homme d’argent », glousse un député socialiste qui, pourtant, ne l’apprécie guère. Son rôle dans la signature de la pétition fait bien rigoler les bons connaisseurs de l’AP-HP.

Sauvé par le Covid

« Les signataires l’ont évidemment prévenu de l’existence de la pétition, mais c’est mal connaître les médecins que de croire qu’ils sont manipulés par Hirsch », assure Jean-Marie Le Guen, ancien président du conseil d’administration puis du conseil de surveillance de l’AP-HP.

A-t-il des arrière-pensées politiques ?

Tous l’estiment plausible, rappelant qu’il eut rang de ministre sous Sarkozy, lorsqu’il était haut-commissaire aux Solidarités actives, puis fit en vain le siège de Hollande pour devenir ministre de la Santé. « Hirsch est un homme de conviction qui, ces temps-ci, est un peu sorti de son rôle. S’il a envie de faire de la politique, c’est tout à fait son droit, mais alors que les choses soient claires et qu’il quitte son poste », estime Jean-Pierre Door, député LR du Loiret, qui le connaît depuis longtemps.

La crise sanitaire et la polémique sur la pétition des 41 médecins « directeurs de crise », qui gèrent l’urgence dans 39 hôpitaux, c’est pain bénit pour Hirsch. Car, début 2020, le ministère de la Santé ne cachait pas son envie de le remplacer.

Son bilan était alors jugé « calamiteux » : « Le déficit de l’AP-HP s’est creusé, ce qui est une vraie prouesse, car l’Assistance publique est inondée de subventions. Pour réussir ce tour de force, Hirsch a développé l’administration au-delà du raisonnable et fait fuir un nombre incroyable d’excellents médecins de spécialités comme l’orthopédie, la gynécologie ou l’ophtalmologie. Résultat : des patients délaissent l’AP-HP pour aller se faire soigner à la Fondation Roth-schild, à l’hôpital Marie-Lannelongue, à l’Institut Montsouris ou à l’hôpital Saint-Joseph, qui, eux, attirent les meilleurs médecins. »

Une version des faits confirmée par nombre de pontes de l’AP-HP, poussés vers la sortie, dénonçant une politique d’« humiliation ». « Hirsch ne promeut que les soumis, ce qui a entraîné un nombre jamais vu de départs de l’AP-HP », tacle un professeur de la Salpêtrière.

 Ce départ des meilleurs va de pair avec un parfait immobilisme. « Il n’a rien fait, il a juste évité tout affrontement avec les syndicats. A titre d’exemple, en six mois, il n’a pas créé un seul lit de réanimation », rappelle un chef de clinique de Cochin.

Biberonné au pouvoir

Dans la tourmente, Martin Hirsch garde son éternel sourire. Tout glisse sur cet homme de 57 ans qui conserve sa tête de Tintin. « Le père de Martin Hirsch fut directeur des Ponts et Chaussées. Dans les années 60 et 70, les Ponts et Chaussées étaient aussi puissants que l’Inspection des finances aujourd’hui. Dans le grand appartement familial, on recevait les parlementaires, les ministres. Martin a grandi dans le pouvoir, il est conseiller d’Etat, et il a l’assurance de ceux qui ont toujours évolué dans cette atmosphère. Ses arrière-grands-parents étaient des amis de Jules Ferry ! » raconte un haut fonctionnaire qui le connaît bien.

Il a travaillé avec Sarkozy en gardant ses distances, après avoir fait ses classes avec Aubry et Kouchner. Macron ne l’apprécie pas, mais il a sauvé sa peau.

En octobre, il croise à Necker un professeur de médecine qui lui raconte qu’il a attrapé la Covid. « Vous n’êtes même pas capable de vous protéger ?» lui lance-t-il sèchement. Voilà une question qu’on ne lui posera pas.


Anne-Sophie Mercier – Le Canard Enchainé. 07/04/2021

3 réflexions sur “À quoi sert ce pantin !

  1. bernarddominik 13/04/2021 / 16h55

    Typique de cette classe sociale des « fils de ». Pas de compétence en gestion mais bombardé patron d’un des plus gros employeurs d’île de France. Triste démonstration de la gestion des services publics dans une république bananière

  2. jjbey 13/04/2021 / 21h44

    Pauvre Martin pauvre misère……La santé parisienne lui doit bien cette misère qui a réduit les moyens mis à la disposition des patients, avec la destruction d’outils irremplaçables et les suppression d’emplois correspondantes. Ses ambitions pour le moment freinées restent intactes. L’espoir fait vivre….

  3. Danielle ROLLAT 15/04/2021 / 22h37

    N’aurait-il pas mieux fait de rester chez Emaüs ?

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