Hélas, un triste constat…

… la recherche et développement est exante de financement en général, dans le domaine de la santé comme dans tant d’autres, est un parent pauvre dans le choix d’avenir des entreprises et délaissée par les pouvoirs publics. Chercheuses et chercheurs ne « produisant » pas rapidement une rentabilité financière pour les actionnaires, ces derniers préférant les transactions boursières à la rentabilité immédiate. MC

Vous connaissez par cœur les noms de vaccins produits par Moderna, AstraZeneca, Pfizer-BioNtech ou Johnson & Johnson. Et même le russe Sputnik V ou le chinois de Sinopharm.

Mais avez-vous entendu parler des VaccineMaitri, ces dizaines de millions de doses de « vaccins de l’amitié » qui partent, depuis le début de l’année, des ports indiens à destination de pays pauvres d’Asie, d’Afrique ou d’Amérique latine ? Ou de Soberana 1 et Soberana 2 que Cuba, pays exsangue économiquement, finit de développer avec comme objectif d’immuniser l’ensemble de sa population en 2021, mais également d’aider l’Iran ou le Venezuela, pénalisés sanitairement par les sanctions internationales ?

Quoi qu’il en soit, vous n’entendrez pas de si tôt parler d’un vaccin du laboratoire français Sanofi.

Ce retard (ou cet échec ?) est symptomatique de la perte de vitesse des laboratoires de recherche de l’Hexagone, qui en ont pourtant été longtemps l’un des fleurons. Symptomatique également de leur attitude actuelle (licenciements à foison et dividendes records), laquelle montre la vanité des différentes saillies sur la « réinvention » ou la « résilience » de modèles qui nous ont menés à la faillite politique et écologique mise en lumière par le coronavirus.

En comparaison de l’Europe ou des États-Unis, la façon dont certains pays asiatiques, tel Taïwan, ont géré l’épidémie nous rappelle qu’il n’y a plus grand sens à parler dichotomiquement de « pays en développement » et de « pays développés ». Et que la « solidarité internationale » (dont l’absence, au-delà de questions morales, serait synonyme de nouvelles vagues épidémiques) ne dépend pas de réunions à Paris, Londres, Washington ni, encore moins, Davos.

Si l’on veut que ce renversement géopolitique déjà en cours ne constitue pas simplement une redistribution des profits, encore faut-il qu’il s’accompagne d’un soulèvement du « monde du maintenant ».


Le monde renversé – Revue du Crieur 2021 (N°18).

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