Facebook : Face à ses obligations !

Reporters sans frontières (RSF) a bouffé du lion.

L’association de défense des libertés des journalistes était jusqu’alors plus connue pour ses rapports et ses albums de photos défendant la liberté de la presse que pour l’attaque frontale.

Désormais, RSF (Reporter Sans Frontière) a la niaque et s’en prend à un gros morceau : le géant Facebook, ou du moins ses filiales France et Irlande – où la multinationale a son siège social, le climat fiscal étant plus clément outre-Manche.

Pour une fois, ce n’est pas d’évasion fiscale qu’il est question.

La plainte au pénal déposée par RSF concerne le droit des contrats. Et plus précisément le non-respect par Facebook de ses propres engagements.

Explication : pour utiliser Facebook, il faut accepter des conditions générales d’utilisation (CGU). Ces petites lignes que personne ne lit jamais mais qui lient les parties d’un contrat. Et si chaque internaute est responsable de ses publications devant la loi, Facebook affirme dans ses CGU garantir un « communauté ».

Or il suffit de surfer sur Facebook pour constater combien cette mention est bidon. Torrents d’insultes, harcèlements en ligne, menaces de viol, de mort… Tout passe sans véritable filtre sur la plateforme aux quelque 40 millions d’utilisateurs en France (plus de 2,7 milliards dans le monde).

Incohérence et inefficacité du système de contrôle

Quant à l’absence d’erreur…

Surfer sur Facebook se révèle presque aussi fiable en matière d’information que les prédictions de Mme Irma. Pour preuve, le pseudo-documentaire Hold-u p, ses délires complotistes sur le Covid allègrement postés sur Facebook.

« Cette vidéo, dont plusieurs médias ont établi le caractère mensonger et manipulatoire, a été partagée par des millions d’utilisateurs, avec parfois un avertissement mais parfois non. Ça montre l’incohérence et l’inefficacité du système de contrôle de Facebook dans sa politique de lutte contre la désinformation », constate Paul Coppin, le responsable du secteur juridique de RSF(1).

Pour l’ONG, cela constitue « une pratique commerciale trompeuse », au sens du Code de la consommation français. Un délit passible d’une amende « qui peut atteindre 10 % du chiffre d’affaires annuel moyen ».

Le surpuissant Facebook peut-il alors être sous-responsable ? Non, répond RSF, qui a fait constater par voie d’huissier les allégations mensongères de Facebook et ses manquements graves à ses propres engagements.

RSF s’est concentré sur la page Facebook avec la « une » de Charlie Hebdo « Tout ça pour ça », notre journal ayant le triste privilège de décrocher le pompon des insultes et menaces en ligne.

Mais d’autres médias sont également concernés. « Nous avons aussi versé au dossier les insultes reçues par les journalistes de Quotidien, l’émission de Yann Barthès, ou encore par L’Union de Reims avant et après l’agression sauvage du reporter photographe. Des propos qui témoignent d’une fracture des citoyens avec leur presse », explique encore Paul Coppin. Et d’une grande fragilité de la démocratie face aux Gafam.

Reprendre la maîtrise des réseaux sociaux, stopper la prolifération massive et sans aucun contrôle des messages de haine et des fake news sur Facebook…

La décision est entre les mains du procureur de la République.

L’enjeu est d’importance, car les CGU de Facebook étant les mêmes partout sur la planète, une décision de justice en France qui reconnaîtrait leur caractère trompeur pourrait, selon le juriste de RSF, « avoir un impact mondial ». Et mettre un sacré souk dans le « village global ».


Natacha Devanda – Charlie Hebdo – 31/03/2021


  1. Retrouvez l’intégralité de l’interview de Paul Coppin sur tinyurl.com/azvdzs55

6 réflexions sur “Facebook : Face à ses obligations !

  1. etoile31 04/04/2021 / 13h19

    Une réaction d’un carré de journalistes qui s’abriter derrière une institution corporatiste pour défendre ses intérêts privés et le maintien de leurs reconnaissance de courroies de transmission du pouvoir et de tous ses formes de pouvoirs de domination.
    Ils revendiquent le fait de pouvoir continuer à servir la soupe et servir le système… ils devraient sans aucun problème obtenir satisfaction grâce à l’aide et le soutien d’une autre coterie de transmission: la Justice…
    Charlie Hebdo, de bons et fidèles serviteurs s’il en est..
    🌿😬🌿☠🌿😬🌿

    • Libres jugements 04/04/2021 / 15h12

      Bonjour,
      Je rappellerai que ce blog, c’est donné pour mission de diffuser sur un même événement, les différentes analyses existantes sans pour autant (en dehors des rares annotations de l’administrateur) porter jugement direct laissant la libre analyse à chaque lectrice/lecteur de se faire son opinion.

      Dans les instants présents, rares sont les médias (en général dirigés par des entreprises toujours en connivences avec le gouvernement), qui diffusent des articles autres que celles servant la communication élyséenne.
      Il est donc très difficile d’assurer la diffusion du pluralisme événementiel en dehors des quelques informations données par des médias indépendants qui comme chacun peut s’en rendre compte ne sont plus légion actuellement.
      En toute cordialité

      Michel

      • etoile31 04/04/2021 / 15h23

        Merci pour ta compréhension, mais pour avoir connu Charlie Mensuel devenu Charlie Hebdo et son esprit « Hara-Kiri », tout comme le Libé vendu à la sauvette, voir ces journaux devenus ce qu’ils sont est pathétique, c’est « révoltant », mais je comprends ce que tu dis concernant les modes de pensées diffuser par les journalistes. « on ne mord pas la main de celui qui te nourrit ! »

        • Libres jugements 04/04/2021 / 15h38

          Sur le point que tu évoque, tu as mon adhésion …

          D’où l’importance de croiser et recroiser les informations… et même en faisant cela, d’un événement important il faudrait attendre « un certain temps » pour connaître un tout petit peu de la vérité.
          La seule chose qui est sur, c’est que toutes les informations actuelles sont diffusées libellées pour honorer les dires du locataire temporaire de l’Élysée, avec si possible le minimum de contestation dans les rangs.

          Ce qui laisse une place temporaire dans l’information via les réseaux sociaux, du moins tant que le gouvernement n’y aura pas mis le holà au travers de quelques lois restrictives.
          Jusqu’à quel moment serons-nous libres de nous exprimer sur les blogs ou réseaux sociaux ?
          Méfions-nous aussi de ce flot de moralistes de tout poil, guindés, entendant faire régner la vertu selon les cultes et combattant tous les mœurs libres.

          • etoile31 04/04/2021 / 15h42

            Oui, nous sommes actuellement dans des interstices de Libertés qui commencent à être méticuleusement colmatés définitivement au nom de la démocratie, c’est dire la nature et la qualité des arrières pensées de ces hommes politiques et zélés fonctionnaires soumis, molasses et aux ordres (et pas que des gens en uniformes, Hein!)

  2. jjbey 04/04/2021 / 20h27

    On ne va pas tout de même faire la fine bouche si quelqu’un dénonce les turpitudes de Facebook que tout le monde subit. Ce que font et sont certains ne les couvrira pas d’immaculation mais pour autant il faut aussi savoir apprécier leur objectif qui peut servir à tout le monde. L’objectivité doit rester notre direction et faire casquer Facebook un acte non de bravoure mais de respect au regard des citoyens qui paient normalement leurs impôts.

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