Violence éducative, fruit de notre culture !

Quatre-vingt cinq pour cent des petits Français seraient victimes de violences éducatives. Ces maltraitances sont le fruit d’une culture ancestrale. Heureusement, l’État et le corps médical prennent la mesure du problème.

À l’image du Relais parental de Saint-Nazaire, des structures commencent à essaimer pour accueillir et aider des parents à bout de souffle.

La fessée ? Lætitia (le prénom a été changé) le reconnaît, « ce n’est pas à faire », mais elle en a déjà donné, lorsqu’elle était vraiment excédée. Et pas qu’une fois. « Quand j’en arrive là, je ne suis plus capable de raisonner. Mon cerveau déconnecte. Je pète un câble ! » raconte cette aide-soignante, qui élève seule ses jumeaux de 5 ans. « J’ai peur du mot, du geste de trop. Alors je prends mes enfants avec moi, et je les amène au Relais. Ils peuvent aussi y passer la nuit, au calme, en sécurité. Et moi, je souffle, je me ressaisis. C’est un répit. »

Direction le Relais parental de la Croix-Rouge, donc, dans le centre de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Une maison blanche, typiques de cette ville ouvrière, où le vent de mer vient s’engouffrer. À l’intérieur, une cuisine où gratinent des lasagnes, une salle de jeux où l’on a le droit de n’être encore qu’un enfant, et, à l’étage, cinq jolies chambres aménagées.

Un havre de chaleur et de paix. « Ici, nous accueillons des enfants de milieux différents. De manière inconditionnelle, sans jugement, y compris dans l’urgence, et toujours à l’initiative des parents, explique Romain Besse, le directeur de ce lieu de prévention. Ce n’est pas l’alpha et l’oméga, c’est simplement ce dont ont besoin les familles démunies, débordées à un moment donné par leurs charges éducatives : de la souplesse, un appui. Pour empêcher les moments de casse. »

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S’il est arrivé à Lætitia de donner des fessées, d’autres assènent des coups, au besoin avec une ceinture ou un bâton, tirent les cheveux ou traînent sous la douche froide. Sans compter les insultes, les privations, les humiliations, les menaces, les intimidations.

Auxquelles s’ajoutent « les violences à bas bruit (silence, indifférence, apathie) qui, lorsqu’elles sont répétées, sont plus néfastes encore », poursuit Romain Besse. Accablant inventaire où l’adulte use de sa force physique et de sa supériorité pour soumettre ou « corriger » l’être vulnérable et dépendant qu’est l’enfant.

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Cette norme éducative est aujourd’hui de plus en plus questionnée. Si les sociétés les plus inégalitaires en restent les adeptes, une lente prise de conscience est à l’œuvre. Notamment en France. « Après bien des résistances, notre pays, très élitiste, où la toute-puissance de la psychanalyse a parfois contribué à occulter le sujet, semble enfin s’en emparer », poursuit Daniel Delanoë.

Quelque quarante ans après la Suède (remarquable pionnière, en 1979) et dans la foulée d’une soixantaine d’autres États désormais, la France s’est finalement dotée, le 10 juillet 2019, d’une loi relative à l’interdiction des violences éducatives.

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Lorraine Rossignol. Télérama – titre original : « Fessées, insultes, privations : la “violence éducative », un fléau tristement banal ».

Source (extrait)


Va-t-on, par ce biais résoudre une partie de l’incivilité et le respect d’autrui au quotidien ?

2 réflexions sur “Violence éducative, fruit de notre culture !

  1. jjbey 03/04/2021 / 10h24

    La violence des rapports parents enfants est souvent celle générée par la société dans laquelle nous vivons. L’âpreté du gain , la concurrence entre salariés, la carotte érigée en système déséquilibrent les individus et si, à la maison il faut subir encore la tyrannie de sa progéniture il y a da quoi s’énerver. Alors ce sont les plus faibles qui subissent, conjoint, enfants, animaux. L’amour sous toutes ses formes se conjugue alors au passé et le système survit.

  2. Danielle ROLLAT 03/04/2021 / 23h06

    Il arrive aussi, hélas, que les parents reproduisent ce qu’ils ont vécu, subi, dans leur enfance. Nul doute, que la crise sanitaire et sociale que nous subissons n’aggrave ce triste tableau.. Combien manque-t-il de médecins, de psychologues, d’infirmières dans les établissements scolaires et structures d’accueil pour enfants et jeunes ? Idem pour les service de médecine du travail… Comment prévenir, détecter avant l’accident, le passage à l’acte ?

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