Les visées de Martin Hirsch, se faisant le rebelle de l’AP-HP

Tenu (par son statut de haut fonctionnaire) de ne jamais critiquer publiquement les décisions de sa tutelle, le patron de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), Martin Hirsch, n’hésite plus à ouvrir le feu sur le quartier général.

Depuis quelques semaines, il s’oppose de plus en plus ostensiblement aux mesures anti-Covid décidées par Macron, qu’il juge trop laxistes.

  • Le 20 janvier sur France Info, le patron des hostos parisiens se dit ainsi « un peu inquiet » et assure qu’« il faudra peut-être aller au-delà du couvre-feu ».
  • Le 22 février sur France Inter, alors que le chef de l’Etat a décidé de ne pas confiner le pays durant les vacances d’hiver, il lui fait quasiment la leçon : « Si le nouveau variant anglais aboutit à une accélération de la circulation du virus, les mesures [prises par le gouvernement] ne seront pas suffisantes. »
  • Le 11 mars, dans « L’Express », nouveau cri d’alarme en forme d’appel au reconfinement : « Ne pas freiner l’épidémie n’est plus une option. »
  • Le 17 mars, Hirsch convoque carrément une conférence de presse pour insister, avec ses chefs de service, sur le fait que « le virus n’est pas sous contrôle » et suggérer au chef de l’Etat de remettre fissa la France sous cloche.

Cette liberté de ton inédite peut paraître d’autant plus admirable que le patron de l’AP-HP, nommé en 2013 par Hollande, peut être congédié à tout moment. Un grand manitou de l’AP-HP, lui, fait une lecture un peu plus terre à terre de ces déclarations en chaîne : « Hirsch a lâché Macron, dont il n’attend plus rien. Depuis que Véran a remplacé Buzyn, il sait qu’il ne sera pas ministre de la Santé. Du coup, il a décidé de jouer la carte Hidalgo, en espérant devenir son ministre de la Santé… »

Cet éventuel axe Hirsch-Hidalgo est accrédité par Jean-Louis Borloo. L’ex-ministre a raconté à ses proches avoir eu la surprise de recevoir un coup de fil du grand chef de l’AP­HP alors qu’il quittait la Mairie de Paris, au début du mois de février. « Je sais que tu es allé chez Hidalgo », lui a lancé Hirsch (dont le bureau est situé juste de l’autre côté du parvis de l’Hôtel de Ville), avant de l’inviter à venir le voir sur-le-champ.

A en croire Borloo, Hirsch a passé cet entretien à dézinguer la politique de Macron et à encenser Hidalgo. Une prise de position que l’entourage du patron de l’AP-HP s’évertue à démentir. « Cela fait deux mois qu’on entend ça, mais il n’y a rien du tout, zéro politique dans ces déclarations », assure un proche. Avant de préciser que, « par ailleurs, Martin s’entend bien avec Hidalgo ». Au cas où Macron en douterait encore…


Article non signé – Le Canard Enchainé – 31/03/2021

2 réflexions sur “Les visées de Martin Hirsch, se faisant le rebelle de l’AP-HP

  1. jjbey 02/04/2021 / 18h06

    ALLO je n’entend rien! pas ministre avec toi? Avec qui? Hein? Hidalgo? pas encore présidente! tant pis on aura essayé……………

  2. Danielle ROLLAT 03/04/2021 / 23h48

    Et il s’est mis à dos, la communauté soignante, en ne l’écoutant pas :
    – sur l’urgence d’ouvrir des lits de réas, sur l’urgence de recruter des infirmiers, des aides soignants,
    – sur la « con… » de fermer Bichat et Beaujon, dans l’Ouest parisien, pour construire à Saint Ouen, en supprimant 400 lits qui vont faire défaut en Seine Saint Denis, un hôpital local devant aussi y être supprimé..
    – et L’hôtel Dieu vaque.. salles vides qui pourraient accueillir un hôpital d’urgence.. tout comme le Val de Grâce ex hôpital militaire vide… pendant que les patients sont transférés en province.. en avion, en train spécial avec une quarantaine de personnels soignants à bord…
    – autre perle : les néo retraités de l’AP-HP (moins de 5 ans de retraite) rappelés en urgence ont eu la très désagréable surprise de voir la rémunération qu’ils attendaient, amputée par la Caisse de retraite CNRACL (la mienne aussi) au réel motif que si la réglementation permettait de cumuler pension et revenu d’activité, celui- ci ne devait pas être supérieur à 50% du montant de la pension. Avaient-ils été prévenus ? Les agents qui ont pourtant travaillé à plein temps doivent rembourser le trop perçu… Une négociation n’était-elle pas possible au préalable au niveau de l’AP-HP et du Ministère, d’autres hôpitaux pouvant effectuer la même démarche ?

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