La commission européenne en a ras la casquette, d’AstraZeneca.

Et pas seulement à cause des éventuels effets indésirables de son vaccin, qui ont entraîné sa suspension quelques jours puis son retour (sans plus de garantie pour autant).

Comme le confie au « Canard » l’un de ses hauts fonctionnaires, la Commission estime désormais que le laboratoire se fiche comme d’une guigne de ses problèmes de production et de livraison…

AstraZeneca, qui ne possède aucune usine de vaccins en Europe, a confié tout le boulot à des sous-traitants. Les sociétés Halix et Thermo Fisher fabriquent des principes actifs aux Pays-Bas et en Belgique, tandis qu’en Italie un troisième larron s’occupe du flaconnage (fill and finish).

Excédé par l’accumulation de retards de livraison, le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, a déboulé plusieurs fois sur les sites de production au cours des dernières semaines.

Y a quelqu’un ?

Sur place, la délégation de Bruxelles n’a pas marché sur les pieds des représentants d’AstraZeneca : ceux-ci ne se sont même pas donné la peine de faire le déplacement !

Lors de ces visites, « Breton et ses collaborateurs ont demandé aux prestataires comment ça se passait avec le donneur d’ordre. Ils leur ont répondu qu’ils ne le voyaient jamais sur le terrain, râle une source européenne. C’est la Commission qui a dû faire le job, identifier les problèmes et les goulets d’étranglement ».

Sur Europe 1 (14/3), Thierry Breton s’est énervé contre le patron d’AstraZeneca, le Français Pascal Soriot, qui dirige le groupe anglo-suédois depuis l’Australie, où il est confiné ! « Dans des situations comme celles-ci, il est important que (…) les directeurs généraux soient sur les sites », a râlé le commissaire européen.

Obligé par l’université d’Oxford (inventrice du vaccin) de vendre le produit à prix coûtant, le labo ne semble plus très motivé…

Au printemps dernier, AstraZeneca avait accepté cette condition car son contrat avec Oxford lui permettait de s’en affranchir une fois le gros de la pandémie passé. A un moment où seuls seront nécessaires des rappels de vaccination, comme pour la grippe classique (« Les Echos » 16/3). Mais, aujourd’hui, avec les difficultés de fabrication et la multiplication de vaccins concurrents, la perspective de bénéfices rapides ne cesse de s’éloigner…

Labo minable

L’Union européenne ne peut pourtant s’en prendre qu’à elle-même : elle a mis un temps fou à négocier ses contrats avec les labos, les a signés après tout le monde ou presque et n’a pas prévu de sanctions pour les retardataires.

Résultat (pas extra) : fin mars, AstraZeneca devrait (aux dernières nouvelles) avoir livré à la France un total de 4,3 millions de doses, et non de 9 millions, comme prévu en janvier.

En attendant, le laboratoire aura du mal à tenir longtemps sa ligne de je-m’en-foutisme quasi intégral. Les polémiques, ce n’est jamais très bon pour l’image — et donc pour le business. Surtout pour un groupe qui, en engrangeant 3,2 milliards de dollars, se vante d’avoir doublé l’an dernier son bénéfice. Côté financier, les effets secondaires du vaccin ne font peut-être que commencer…

Détail piquant

Alors que le département de la Seine-Saint-Denis bat des records épidémiques, il affiche toujours le pourcentage de vaccinés le plus bas de France métropolitaine : 4,7 % à la date du 14 mars. C’est quasiment le double à Paris, où 9,3 % de la population a déjà reçu au moins une dose.

Même si la jeunesse de la population locale explique en partie ces chiffres, ils apparaissent d’autant plus ahurissants que le ministère de la Santé se vante de mouiller la chemise en faveur des zones les plus touchées. De fait, ces dernières, à l’exception du « 9-3 », sont toutes mieux dotées. La couverture vaccinale atteint 11,2 % en Moselle, 10,4 % dans les Alpes Maritimes, 8,8 % dans le Pas-de-Calais et 8,1 % dans le Nord.

Petit bémol : ces statistiques ne tiennent pas compte du lieu d’habitation des vaccinés mais uniquement de la localisation du lieu d’injection. L’ARS d’Ile-de-France précise ainsi que certains banlieusards profitent de leur journée de travail dans la capitale pour s’y faire vacciner.

A l’inverse, les centres de vaccination des banlieues populaires ne cessent de voir déferler, depuis début janvier, des Parisiens à la recherche d’une dose introuvable chez eux.

Le 8 mars, sur les 4 158 patients piqués par le centre hospitalier de la commune de Saint-Denis, seulement 43 % habitaient le département, 31 % venaient de la capitale et 10 % des Hauts-de-Seine.

Le vaccin contre la discrimination sociale reste à inventer…


Isabelle Barré et Hervé Liffran – Le Canard Enchainé – 17/03/2021

9 réflexions sur “La commission européenne en a ras la casquette, d’AstraZeneca.

  1. jjbey 22/03/2021 / 9h11

    Quel tableau rafraîchissant de la capacité de nos gouvernants à faire entendre la voix de la santé face à celle du profit. Breton qui se remue ça fait des courants d’air et rien d’autre. Il faut dire qu’il a fait fort pour pondre un accord européen que chaque pays s’empresse de ne pas respecter. La mise en danger provient de ceux qui sont payés pour l’éviter. Combien de temps encore allons nous voir ces impuissants faire leur cinéma?

    • Libres jugements 22/03/2021 / 11h50

      Oui pourquoi pas, mais là, la vieille répulsion envers le rideau de fer, l’ex-bloc soviétique et la dictature socialiste est ravivée… je cite « on ne va pas enrichir ces salopards de soviet »… A signalé que Cuba, La Chine et d’autres pays ont une production de vaccins.
      Amitiés
      Michel

  2. Danielle ROLLAT 22/03/2021 / 18h46

    Et ce matin, Thierry BRETON pens

  3. Danielle ROLLAT 22/03/2021 / 18h48

    Et ce matin, Monsieur le Commissaire européen Thierry BRETON estimait que nous serions tirés d’affaire en juillet… Si seulement !!

    • Pat 22/03/2021 / 23h29

      Danielle !!! Ce n’est pas le virus le problème ! mais la façon dont est traitée l’épidémie. Israël montre l’exemple (le mauvais). On y trie les gens grâce au passeport vaccinal. On refuse l’accès aux lieux publics à des gens sains. On propose le bracelet électronique pour contrôler la quarantaine aux arrivants ! La pression sociale augmente de plus en plus pour forcer les gens et séparer les vaccinés des non vaccinés. On va dans le mur.

      • Libres jugements 22/03/2021 / 23h36

        … des lamentations… peut-être… oui, c’était facile de terminer sur ta lancée Patrick…. excuse mon aparté

        Amitiés
        Michel

        • Pat 22/03/2021 / 23h43

          ha ha ! Oui c’est ça Michel, gardons le sourire car c’est en plus la meilleure façon de s’indigner respectueusement.

  4. Pat 22/03/2021 / 19h07

    Je m’en fiche (pardon) étant complètement contre la vaccination sauf pour les personnes à risques à calculer. Et si les gens réfléchissaient au lieu de paniquer sous l’effet d’une propagande savamment orchestrée, ils reviendraient au bon sens et à la réalité pour se rendre compte déjà que vacciner 67 millions de personnes et à répétition est impossible d’autant plus qu’à peine la moitié des français vaccinés, les premiers ne seront plus couverts et que tout le monde ignore si la maladie disparaîtra, si il n’en viendra pas une autre dans quelques mois… et que voulez vous ? Dix piquouzes tous les ans pour vous protéger de la mort ? Mauvaise nouvelle: vous y passerez un jour mais bonne nouvelle : la moyenne d’âge des morts du covid est de 81 ans et la moyenne de vie d’un humain en France à peu près identique. Arrêtez de trembler et avec un minimum d’hygiène et de respect du virus qui circule tout ira bien pour 99.9% des gens. Salutations à tous et vive la vie et vive la France qu’ils sont en train de détruire.

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