Un mur très perméable entre Darmanin et Marine …

Nous rappelons à nos abonnées lectrices lecteurs que l’analyse du débat entre Marine Le Pen et Gérald Darmanin appartient à un journaliste. Pour autant l’administrateur du blog entend présenter une analyse parmi tant d’autres. Ce qui ne sous-entend nullement de l’administrateur une acceptation tant parcellaire qu’entière, pas plus qu’un désaveu des comptes rendus.

  • Lu dans le Parisien sous la plume d’Alexandre Sulzer. Titre «Vous avez la parole» : quand Darmanin juge Le Pen trop «molle» – Source (Extrait)

La présidente du RN face au ministre de l’Intérieur, a joué la modération ce jeudi soir sur France 2, quitte à se faire accuser de ne pas être assez dure.

L’échange était aussi attendu dans un camp que dans l’autre. Habillés tous les deux en bleu marine, Marine Le Pen et Gérald Darmanin ont débattu jeudi soir, parfois de façon technique, sur le plateau de « Vous avez la parole » sur France 2.

Pour la présidente du Rassemblement national, visiblement un peu stressée mais soucieuse d’adopter un ton solennel éloigné de celui qu’elle avait lors du débat d’entre-deux-tours face à Emmanuel Macron, il s’agissait de démontrer que la loi sur le séparatisme est un « texte de police administrative ». « Vous ne luttez pas contre l’idéologie islamiste », a-t-elle accusé le ministre de l’Intérieur, présentant son propre contre-projet qui vise à l’interdire. « Est-ce que vous voterez ce texte? », a immédiatement tenté de la piéger Gérald Darmanin tout en la ramenant systématiquement à son « simple » statut de députée.

« Ça dépendra de ce qui se passera ce soir », a-t-elle répondu prudemment, en référence au débat sur l’article 21 qui vise à encadrer davantage l’enseignement à domicile. « Il y a des articles qui vont dans le bon sens. Il faut être objectif », a concédé Marine Le Pen, conformément à sa stratégie de présidentialisation. Jouant à front renversé, la présidente du RN a assuré que l’islamisme ne représentait « pas un problème avec l’islam » mais que « c’est une idéologie ». Avec l’idée de démontrer que le gouvernement s’en prend à toutes les religions, à défaut de s’attaquer aux islamistes.

Faussement surpris

« Je ne vous trouve pas assez dure », lui a répondu, faussement surpris, le locataire de Beauvau. « Je trouve Marine Le Pen un peu branlante, un peu molle », a-t-il même ironisé, dans une stratégie claire de ne pas se faire accuser de laxisme.

Souhaitant ramener la présidente du RN à ses supposées faiblesses économiques, le ministre de l’Intérieur a profité de la question de la laïcité dans les entreprises pour attaquer encore : « Vous êtes très approximative sur les entreprises privées. […] Nous, nous faisons confiance aux entreprises, contrairement au FN qui est très étatiste. »

«Il faudra travailler davantage le débat»

Multipliant les chausse-trappes, Darmanin a aussi demandé à Marine Le Pen ce qu’elle entendait par « tous les moyens » dans sa contre-proposition pour expulser les étrangers en situation irrégulière. Car la patronne du RN (comme Les Républicains) lie le sujet de l’immigration à celui du séparatisme. Ce que refuse de faire le gouvernement.

Alors que le RN veut interdire le port du voile dans l’ensemble de l’espace public, Darmanin a souhaité coincer sa contradictrice : « Vous admettrez qu’il y a des femmes qui portent le voile de façon libre et qui sont complètement républicaines ». Et de citer le cas de Latifa Ibn Ziaten dont le fils, militaire, avait été tué par le terroriste Mohamed Merah en 2012. « Elle le porte en deuil, lui a répondu la présidente du RN. Ce n’est pas un voile islamique. » « Il faudra travailler davantage le débat » pour la présidentielle, a conclu Gérald Darmanin. « Vous êtes un génie de la politique », lui a-t-elle rétorqué, ironique.


  • Lu dans l’Humanité sous la plume de Cyprien Caddeo. Titre original : “Sur France 2, déplorable concours de muscle entre Gérald Darmanin et Marine Le Pen”. Source

Vous n’avez pas eu le courage de consacrer votre soirée au débat entre le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et Marine Le Pen ? On l’a regardé pour vous.

21h05. Coup d’envoi de « Vous avez la parole » sur France 2. En apéritif, un tour de chauffe avant le brûlant débat pour Gérald Darmanin. Le « premier flic de France », « au franc-parler », comme le décrivent Léa Salamé et Thomas Sotto, a le droit à un grand oral face aux deux présentateurs. Sans grand intérêt. Interrogé sur les affaires Chouviat et Zecler, le locataire de la place Beauvau récite son texte habituel : « Le procès insensé, répété, systématique, de la police, est extrêmement choquant. J’entends les critiques, mais je veux dire que les gendarmes et les policiers sont des gens formidables ».

Puis questionné sur le terme même de violences policières, qu’il refuse d’assumer, notamment pour éviter de se mettre à dos les influents syndicats policiers, le ministre de l’Intérieur lâche ceci : « L’État a le monopole de la violence légitime parce qu’il protège les plus pauvres ». Les dizaines de milliers de manifestants précaires qui se sont faits gazer et nasser depuis 2017 apprécieront. Tandis qu’à Heidelberg, Max Weber fait des roulés-boulés au fond de sa tombe.

21h30. « Comme promis on accueille Marine Le Pen ». Chic. Première surprise : la présidente du Rassemblement national apparaît très calme. Elle a visiblement appris de son débat catastrophique contre Emmanuel Macron en 2017. Seconde surprise : son angle d’attaque. Là où on l’attendait sur un procès en laxisme face au « péril islamiste », Marine Le Pen préfère fustiger un texte qui « fait de l’ingérence dans la liberté de culte » et s’en prend « à la liberté d’instruction » : « Votre loi s’attaque à des religions, or c’est une erreur, l’islamisme n’est pas une religion, c’est une idéologie, il faut le combattre en tant que tel ».

Résultat, la candidate déclarée pour la présidentielle fait mine de vouloir défendre les musulmans qui seraient amalgamés par ce texte, quand le ministre de l’Intérieur, désarçonné, se retrouve à devoir adopter la position inverse : « l’islamisme est bien une question religieuse, c’est une dérive sectaire d’une religion ». Et apparaît comme plus radical et énervé que Marine Le Pen sur la question. « C’est étrange que nous soyons à front renversé sur ce point », « vous êtes étonnamment calme ce soir », note d’ailleurs le ministre, prenant conscience, peut-être, d’être au fond du traquenard auquel il s’est très volontairement livré. Et la députée RN de lui faire le baiser de la mort, en évoquant le livre que le ministre a récemment publié, « Le séparatisme islamiste » : « votre livre, j’aurais pu le signer ».

22h. Le débat dérive sur la « lutte contre l’immigration ». On ne sait plus trop où on est, ni le rapport avec un texte de loi qui traite de « séparatisme », d’incitation à la haine et d’instruction à domicile. Marine Le Pen redevient elle-même, faisant un lien implicite entre terroriste et immigration, alignant les chiffres fantaisistes « sur l’immigration massive », les « clandestins » : « Présidente, je demanderai par référendum aux Français s’ils veulent supprimer le droit du sol ». Gérald Darmanin l’accuse « de raconter n’importe quoi » mais se défend d’être laxiste sur l’immigration. Personne ne relève que le débat a complètement dérapé en hors sujet. Puis c’est au tour de la question du voile. Là encore, Marine Le Pen abandonne la quiétude qui était la sienne lors de la première demi-heure : elle annonce vouloir bannir tout signe religieux ostentatoire de l’espace public, au nom du « trouble à l’ordre public ».

Malgré cela, Gérald Darmanin peine à se redonner une contenance. Marine Le Pen n’aura pas brillé, mais le ministre a loupé son grand duel. Un échange final relève à quel point l’ex-LR se prend les pieds dans le tapis. Lui : « Vous devriez bosser plus pour le débat présidentiel. » Elle : « Ah parce que j’y serai ? Merci de votre confiance ! » Dévastateur.

Le débat s’achève. « C’est une des rares soirées où on n’a pas parlé du vaccin et du virus », rappelle Léa Salamé en guise de conclusion. C’est vrai, et on en viendrait (presque) à le regretter.


  • Lu dans Challenges sous le titre « Marine Le Pen face à Gérald Darmanin, un débat trop sage » Source

Marine Le Pen et Gérald Darmanin ont débattu jeudi soir sur France 2 à fleurets mouchetés de l’islamisme et de l’immigration, tombant d’accord par endroits, le ministre de l’Intérieur accusant son adversaire d’« approximations » et la candidate RN fustigeant un texte insuffisant contre l’islamisme.

Le débat était très attendu à 15 mois de la présidentielle, entre une candidate à l’Elysée désireuse de faire oublier son duel raté face à Emmanuel Macron en 2017, et un poids lourd de la majorité en première ligne sur les textes régaliens de la macronie.

En quête de crédibilité, forte de sondages qui la donnent au second tour face à Emmanuel Macron, la dirigeante d’extrême droite a jugé que le projet de loi du gouvernement sur le séparatisme, « vidé de son sens », l’avait « beaucoup déçue » alors qu’elle se voulait « constructive ».

Elle n’a pas exclu de voter le texte mais que cela « dépendrait » de l’examen à l’Assemblée d’une mesure gouvernementale encadrant l’instruction en famille, critiquée de toutes parts. « Je ne veux pas d’un Etat qui s’ingère dans la liberté des familles » et des religions, a-t-elle dit.

Mme Le Pen était venue avec une contre-proposition de loi ciblant les « idéologies islamistes » qui sont à ses yeux « partout » et qu’elle entend bannir de toutes les sphères de la société, à commencer par le voile.

« Vous êtes très approximative (…) vous dites beaucoup de choses qui ne sont pas la vérité ou qui ne sont pas le texte, qui ne sont pas le droit », a accusé pour sa part le ministre de l’Intérieur, qui jouait par procuration le rôle du chef de l’Etat.

Gérald Darmanin lui a reproché de « ne pas voter les textes » comme la loi antiterroriste de 2017, qui permet notamment la fermeture de lieux de culte. « Madame Le Pen dans sa stratégie de dédiabolisation vient à être quasiment un peu dans la mollesse, il faut prendre des vitamines! » a-t-il ironisé.

En l’occurence la cheffe du RN s’est trompée sur les chiffres de l’immigration, sujet fétiche de son parti. Gérald Darmanin l’a encore accusée « d’approximation » sur l’immigration, Marine Le Pen évoquant le chiffre de 471.000 titres de séjour accordés en 2019, alors que le ministre lui a assuré que le chiffre était de 277.000.

Quand la cheffe du RN a souhaité un référendum pour demander aux Français « s’ils souhaitent qu’on supprime le droit du sol, c’est-à-dire l’acquisition quasi automatique de la nationalité », le ministre a répondu que « ce n’était pas vrai ».

« Chacun constatera que vous avez dit absolument n’importe quoi sur absolument tous les sujets ce soir » et « il faut travailler pour le prochain débat présidentiel », a-t-il conclu.

Interrogée pour savoir si elle avait l’impression d’avoir mieux fait qu’en 2017, Marine Le Pen a répondu qu’« on ne peut pas comparer des débats qui n’ont rien de comparable ».

Ce face-à-face était un test pour la candidate de l’extrême droite, qui admet avoir été « trop offensive » dans son débat raté de 2017 et reste attendue sur l’économie.

Dans l’hebdomadaire conservateur Valeurs Actuelles paru jeudi, M. Darmanin avait défendu un projet de loi qui garantit, « par la laïcité, la liberté religieuse de chacun », alors que sa majorité est tiraillée entre les tenants d’une « laïcité de combat » et ceux qui ne veulent pas stigmatiser l’islam.


Note : au travers de La sélection de ces 3 articles, l’information sur le débat de France 2 du jeudi 11 février 2021 est à peu près relatée dans son ensemble et Le ressenti contradictoire des observateurs.

Bien évidemment chaque lectrice lecteur est parfaitement en droit de se faire une idée personnelle de ce débat. Rappelons qu’à ce jour, les élections présidentielles sont en 2022, que 1.000 événements peuvent survenir, y compris l’arrivée d’un programme, prenant en compte les revendications populaires des Français pour une société plus juste, permettant de vivre sainement de la rémunération de son travail. MC

5 réflexions sur “Un mur très perméable entre Darmanin et Marine …

  1. jjbey 12/02/2021 / 23h22

    pas un gros écart entre la droite extrême et l’extrême droite qui comme larrons en foire ont débattu d’une loi dont on n’a pas vraiment besoin, les outils juridiques existent déjà pour combattre les extrémistes de quelque religion que ce soit. Complices ils n’ont à aucun moment évoqué le manque de moyens pour le faire et encore moins la responsabilité de ceux à qui l’on doit la suppression de 10 000 policiers , la suppression de la police de proximité et des renseignements généraux….. Sarkozy on l’a oublié…..

  2. bernarddominik 13/02/2021 / 9h26

    Macron veut Marine Le Pen face à lui au second tour des présidentielles. Et pour ça tout est bon aidé par les médias

  3. marie 13/02/2021 / 9h47

    Débat pour moi sans intérêt, je n’ai regardé que d’un oeil et écouter que d’une oreille, pas convaincue du tout et je ne vois pas Marine Le Pen en présidente , elle n’a pas la stature, mais c’est mon avis bien sûr. Amitiés MTH

    • Libres jugements 13/02/2021 / 11h41

      Le gros risque Marie vois-tu pour 2022 serait d’avoir au 2e tour, un duel entre Macron le honni et la Marine … et que devant ce duo, l’ensemble des électrices et électeurs français s’abstiennent de tout vote.
      Le président ou la présidente, pourrait alors être élue à la majorité des voix des électeurs qui se seront prononcés.
      Le drame absolu serait qu’il soit élu par 50.02 % des 25 % d’électeurs s’étant rendu dans les Isoloirs – soit élu par 12,5 % des Français … pas possible … mais si …..
      Quelle serait la réaction des 75 % de « non votant » à la suite de cette élection fantôme ?

      • bernarddominik 13/02/2021 / 18h04

        Tout à fait d »accord avec Michel.
        Et on voit bien que les médias font tout pour nous faire croire que le scénario de 2017 se reproduira en 2022.
        Canal+ a enfoncé Mélenchon.
        Quant aux 2 candidats LR ils sont inconnus hors de leur région, quant au PS tous sont discrédités, et les verts ils ne sont pas d’accord entre eux.
        C’est mal parti pour la démocratie.

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