Ça pose toujours question …

Certes l’info fît la une … quelques journées … et oublié depuis … pourtant c’est une inquiétante prise de pouvoir juridique par des entreprise privées dont il faut s’inquiéter, de la strategie et dénoncer sa toute puissance hors cadre juridique d’etat.

Nous entendons l’argument declarant qu’il fallait clouerle bec devant les inepties et ordres factieux expédiés par Donald Trump… oui nous les comprenons (même si la decision à été tardive et ne pouvait porter réélement prejudice ni aux entreprises, ni a ce cher Donald) … mais si poursuivant leur censure arbitraire, ils fermaient les comptes de tous les dirigeants d’états, d’entreprises, d’informations divers et variés …

  • En bloquant les comptes du président sortant et de milliers de militants d’extrême droite, les réseaux sociaux ont pris leurs responsabilités. Mais était-ce bien à ces compagnies privées de le faire ?  […]

Dans un Bureau ovale transformé en bunker, Donald Trump a perdu son nécessaire de pyromane. Le 8 janvier, à moins de deux semaines du terme de son mandat, le président américain a été destitué numériquement, banni par Twitter et Facebook à la suite de la prise manquée du Capitole. […]

Cette procédure de révocation ne satisfait personne.

  • Pour certains, la sanction intervient trop tard.
  • Pour d’autres, elle est disproportionnée.
  • Pour beaucoup, elle témoigne du pouvoir exorbitant des plateformes.

La question est aussi délicate que lancinante : des entreprises technologiques ont-elles le droit de faire la police et de réduire au silence une personnalité démocratiquement élue ?

Au nom de la lutte contre le terrorisme, la puissance publique a longtemps renforcé le monopole de la « Big Tech » en lui déléguant des fonctions régaliennes, les États veulent désormais reprendre la main.

C’est par exemple l’un des objectifs du Digital Services Act, discuté en ce moment par la Commission européenne : responsabiliser la Silicon Valley face à la prolifération de discours haineux en ligne tout en limitant son hégémonie.

La régulation n’est pas le seul enjeu.

Outre-Atlantique, la radiation expérimentée par Trump porte un nom barbare : le deplatforming. Il ne s’agit pas simplement de couper le sifflet d’un histrion dangereux, mais de le faire disparaître, au moins virtuellement.

 […]

Face à la nécrose du débat public, le deplatforming autoritaire est-il un remède miracle ou un pansement sur une jambe de bois ?

Dans une étude interne menée en 2016, Facebook estimait que « 64 % des adhésions à des groupes extrémistes [étaient] liées aux algorithmes de recommandation ». Mais comme le souligne David Kaye, professeur de droit à l’université d’Irvine et ancien rapporteur spécial sur la liberté d’expression à l’ONU, attention à l’effet de loupe : « Les plateformes ont-elles une responsabilité ? Évidemment. Tout comme le divertissement nocif déguisé en journalisme d’opinion. La boucle entre Fox News, Facebook et YouTube est très puissante, et il est extrêmement difficile de briser le mur de désinformation qui enferme des millions de mes concitoyens. »

 […]

« Trump n’a pas été expulsé de l’espace public, mais d’un ensemble de sites », pondère David Kaye. « Il bénéficie d’autres supports. Il pourrait avoir une émission sur le câble ou racheter un journal. Surtout, il existe à l’extrême droite un écosystème très actif aligné sur la politique qu’il a menée pendant quatre ans. » Parler, qui a vu son nombre d’inscriptions bondir de 500 % le jour du coup de semonce de Twitter, est financé par Rebekah Mercer, dont la richissime famille avait déjà investi dans Cambridge Analytica, l’officine politique qui a siphonné les données Facebook de 87 millions de personnes pour aider le magnat de l’immobilier à conquérir la présidence.

 […]

En faisant refluer la trumposphère dans des territoires moins surveillés, les plateformes, soucieuses de se racheter une morale et d’envoyer des gages à l’administration Biden, risquent-elles de la renforcer ? « Pousser des groupes toxiques vers un écosystème alternatif peut aider à réduire leur influence, mais risque d’affaiblir notre capacité à étudier leurs conversations », avertit Ethan Zuckerman, professeur de politique publique à l’université du Massachusetts.

Le danger est réel : selon les premiers résultats d’une étude menée par l’université Cornell, qui s’est intéressée à deux communautés bannies du site Reddit,  […] . Ce qui laisse augurer d’une inquiétante guerre culturelle, dans un pays fracturé : la haine peut-elle être refoulée aux marges quand 74 millions d’électeurs ont voté Trump en novembre dernier ?


Olivier Tesquet. Télérama. Titre original : « Trump expulsé de Facebook et Twitter : était-ce aux géants numériques de le réduire au silence ? ». Source (Extrait)

3 réflexions sur “Ça pose toujours question …

  1. bernarddominik 01/02/2021 / 16h28

    La force de la démocratie n’est-elle pas justement dans le droit de parole laissé à ses adversaires ? Et au nom de quoi juger ce qui est contraire à la démocratie tant que la liberté et l’universalité de vote et de candidature sont respectées ? A ce titre en demandant une caution de 5 millions et 500 signatures de notables pour être candidat à la présidentielle la France n’est pas une démocratie mais une oligarchie. Le procès en destitution de Trump est un simple règlement de comptes. Trump a détruit la diplomatie américaine en ne respectant pas la signature des USA et en mettant les alliés des États-unis au niveau de ses adversaires, sa politique d’amitié avec Kim Jong Un et Poutine n’a fait que donner plus de marges de manœuvres à la Corée du Nord et à la Russie. Je comprends que les démocrates et certains républicains ne voient pas d’un bon œil la négation de 50 ans de diplomatie des 2 partis, qui étaient, avant le trumpisme, plus proches qu’on veut nous le faire croire (les démocrates ont voté la guerre contre l’Irak tout en sachant que tout reposait sur des falsifications).

    • jjbey 01/02/2021 / 18h45

      Trump a été privé de tweet pour la seule raison qu’il avait utilisé la plate-forme pour appeler à investir le Capitole. On couperait volontiers le sifflets de certains mais pour autant tant qu’on reste dans le cadre la liberté d’expression ils ont le droit de s’exprimer et nous devons défendre ce droit Les propos haineux, diffamatoires, racistes, sexistes ………..ne ressortent pas de camp de la liberté d’expression mais tombent sous le coup de la Loi ce qui interdit leur publication.

  2. Danielle ROLLAT 03/02/2021 / 21h19

    J’ai des amis usagers de Facebook qui sont régulièrement censurés ou privés d’accès pendant quelques jours. J’ai constaté moi même lors d’échanges sur la vaccination qu’on me demandait par un message, si je voulais poursuivre la conversation ou l’arrêter. J’ai toujours poursuivi.. .je ne suis pas tombée de la dernière pluie…

Les commentaires sont fermés.