La Banque postale détruit 30.000 dossiers d’emprunteurs
La Banque Postale, quand on se lance dans le grand nettoyage, on n’y va pas de main morte : une entreprise d’archivage, chargée d’emporter des documents périmés, a détruit par erreur, en janvier 2020, plus de 30.000 dossiers de crédits immobiliers.
Interrogée par « Le Canard », la banque s’est refusée à indiquer le montant de son préjudice potentiel. Pour éviter que certains emprunteurs, devenus ainsi « clandestins », profitent de la situation…
Tout ça parce que la société d’archivage a confondu les numéros des dossiers à sortir (car périmés) et les numéros des caisses où ils étaient rangés. A la suite d’une « inversion de fichiers », au lieu d’emporter 2.052 dossiers, ce sont 2.052 cartons contenant 30.527 dossiers que la société d’archivage a envoyés au pilon…
Carton sur les crédits !
Par malheur, ces dossiers, pour la plupart anciens, n’étaient pas numérisés. Pas plus, d’ailleurs, que les cautions et documents qui les garantissaient. La banque est privée de tout recours contre d’éventuels mauvais payeurs. Les contrats, en effet, exigent qu’en cas de contentieux le banquier produise les documents originaux, désormais réduits à l’état de confettis. La Banque postale risque par ailleurs d’être poursuivie par les autorités monétaires pour non-conformité d’archivage (avec, à la clé, une sanction pouvant aller du blâme à la suppression d’agrément, en passant par une forte amende).
Selon un document interne, « le préjudice réel peut s’étaler sur plusieurs décennies ». Il dépendra du nombre de mauvais payeurs dont la caution ne pourra, au cours des années à venir, être appelée au secours, les documents originaux l’y obligeant ayant disparu.
A La Banque postale, on se console en soulignant qu’en matière de crédit immobilier les impayés ne représentent que 1 % du total. Mais, si des clients venaient à apprendre qu’ils peuvent arrêter de rembourser leur prêt sans risquer grand-chose, des vocations pourraient éclore…
Hervé Martin Le Canard Enchainé. 20/01/2021
Confier au privé des tâches aussi importantes relève de l’hérésie. Tout comme la privatisation……………….