Misandrie !

Aujourd’hui la misandrie s’affirme [comme le] rejet du masculin, une riposte à l’oppression patriarcale revendiqués comme une étape radicale mais indispensable vers une révolution des relations femmes hommes.

« Moi les hommes, je les déteste »…

Six mots d’une blogueuse féministe de 25 ans, Pauline Harmange, ont suffi à déclencher une bombe. Et à faire éclater sur la place publique la « misandrie », mot rare désignant la haine des hommes, « sentiment négatif à l’égard de la gent masculine dans son ensemble, écrit-elle, que ce soit de l’hostilité, de la méfiance ou du mépris ».

Le titre de son court essai, sorti au creux de l’été chez un éditeur confidentiel, Mostograph, a déplu à un fonctionnaire zélé du ministère de l’Égalité entre les femmes et les hommes, qui a menacé de l’interdire, rappelant que « la provocation à la haine à raison du sexe est un délit pénal »… Peine perdue. Cette intervention inespérée a donné une visibilité internationale au pamphlet, republié par Le Seuil.

Paraissait en même temps, aux éditions Grasset, Le Génie lesbien, qu’Alice Coffin voulait d’abord intituler « Misandre ». Activiste au sein du collectif féministe La Barbe, l’élue écologiste au Conseil de Paris, née en 1978, y aiguise ses tactiques de lutte : son lesbianisme politique  […]

En se disant misandres, Harmange et Coffin s’arment jusqu’au cou contre la misogynie. Deux Amazones, un même combat. Radical et séparatiste. « La misandrie revendiquée est très rare dans l’histoire du féminisme, analyse l’historienne Christine Bard, professeur à l’université d’Angers. Elle se conçoit le plus souvent comme un mouvement d’émancipation non violent, qui ne vise pas les hommes, mais le patriarcat. Le terme de misandrie est d’ailleurs traditionnellement employé par les adversaires des féministes pour les disqualifier. » Une rhétorique bien huilée, qui qualifie même certaines militantes de « féminazies », attisant la guerre des sexes.

La misandrie serait alors une menace pour le mâle blanc, infériorisé et censuré, nouveau « bouc émissaire », selon l’essayiste Pascal Bruckner, 71 ans, effrayé que ce néo-féminisme de « procès » ait remplacé le féminisme de « progrès » propre à sa génération.

« Retourner le stigmate, assumer la misandrie, c’est, de la part des jeunes féministes, une stratégie militante frontale qui oblige l’ennemi à abattre ses cartes, développe Martial Poirson, qui a dirigé le volume Combattantes : une histoire de la violence féminine en Occident. Cette tactique de confrontation directe se justifie, à l’heure où les réseaux sociaux désinhibent les positions. Elle risque aussi d’alimenter une très puissante surenchère antiféministe en réactivant tous les préjugés (furie, harpie, virago…) autour de la femme hostile et revancharde. »

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Une brutale poussée féministe

Fervente admiratrice de Valérie Solanas, l’écrivaine Chloé Delaume, dont la dernière héroïne, dans « Le Cœur synthétique » (éd. du Seuil), qui vient d’obtenir le prix Médicis, puise « force et pouvoir » dans le « Scum Manifesto », préfacera l’édition de poche de Moi les hommes, je les déteste. « Nous vivons, se réjouit-elle, un moment féministe ouvertement misandre, qui s’inscrit dans une révolution des mœurs comparable à l’accès au droit de vote. Je comprends que cela effraie et que les privilégiés se sentent agressés, mais cette brutale poussée féministe est saine et nécessaire. Pour ouvrir les portes qui restent fermées, des coups de bélier doivent être portés. »

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La misandrie ne sera pas. « Quand j’ai écrit mon premier livre, « Les Mouflettes d’Atropos », paru en 2000, raconte Delaume, personne ne savait quel était l’opposé de la misogynie. Or, nommer la misandrie est un geste fondamental : reconnaître la possibilité de détester les hommes, c’est reconnaître la violence de leurs privilèges. Utiliser le terme de misandrie, comme celui de sororité, autre mot-clé pour moi, c’est pouvoir modifier l’avenir. »

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Juliette Cerf. Télérama. Titre original : « La misandrie ou haine des hommes : une étape nécessaire pour la libération des femmes ? ». Source (Extrait)


8 réflexions sur “Misandrie !

  1. christinenovalarue 22/12/2020 / 12h03

    Au secours, elles sont folles…
    Et surtout, c’est contre-productif.
    Rassurez-vous messieurs, moi j’ose le dire, j’aime les hommes…
    Sauf quand… Quand… Quand…

    • Libres jugements 22/12/2020 / 12h10

      Bonjour Christine,
      Ton commentaire me fait sourire et comme je suis taquin permets moi d’enchérir sur tes propos … J’adore le S au « j’aime les hommes » et d’autre part pardonne ma question impertinente … sur le « c’est contre-productif » … prit au premier degré ????
      Allez Mesdames un petits sourires après cette misandrie … Vive le matriarcat ! … D’ailleurs j’ai toujours été « tout contre les femmes » … « la moitié » de moi d’abord ….
      Amitiés
      Michel

  2. christinenovalarue 22/12/2020 / 12h49

    Reponse à tous les degrés…le tout étant d’en sourire…

  3. jjbey 22/12/2020 / 23h50

    L’amour on en fait quoi chez celles qui n’aiment pas les hommes et ceux qui n’aiment pas les femmes?
    Aiment-elles? Aiment-ils?

    Non? Triste vie. Oui une personne de leur sexe alors tant mieux pour elles, tant mieux pour eux, leur préférence sexuelle bien vécue dans l’amour n’impose pas de haïr l’autre sexe bien au contraire.

  4. vdragon75 23/12/2020 / 12h29

    Personnellement, ces deux ouvrages me mettent en joie: en lisant les citations extraites de ces deux oeuvres majeures, et en découvrant le frais minois des deux auteurs, je me dis qu’en tant qu’hommes, on a évité au moins (si elles s’en tiennent à leurs déclarations) d’avoir à interférer avec ces dames: elles vont se tenir à distance. C’est déjà ça de gagné.

    Concernant le titre « le génie lesbien » de madame Coffin, je crains que l’éditeur ait omis le sous-titre:  » … et donc, puisque lesbienne, je suis géniale ».
    Ca coule certes de source, mais cela aurait été déclaré en toutes lettres, ça aurait pu être top. En tout cas drôle.
    Quelqu’un devrait dire à cette délicieuse pamphlétaire, que sur un siècle, lesbien ou pas, les génies se comptent sur les doigts des deux mains. Et que ses velleités d’appartenir à cette catégorie enviée semblent donc un peu outrancières. Quelqu’un se dévouerait-il pour lui faire passer le message?

    Quant à Mme Harmange, je conçois son ire. C’est juste le « LES hommes » qui me dérange.
    J’avoue que je considère aussi que des gens déplorables, haineux, stupides et infréquentables, ça ne manque pas. Femmes comme homme, à proportions égales.

    Mais on ne peut pas jeter le bébé avec l’eau du bain: tout le monde n’est pas une monstruosité sur patte. En bon MGTOW (c’est le vocable à la mode), je n’ai pas une très grande considération pour le genre féminin: nous avons une propension à mettre nos distances avec lui. Mais, une fois encore, il y a des filles tout à fait charmantes, brillantes et fréquentables.
    Sans doute pas Mme Coffin, ni Mme Harmange, mais ne pas échanger avec elles n’impacte nullement ma vie. Ni celle d’l’humanité dans son ensemble.

    PDO

    • Libres jugements 24/12/2020 / 10h26

      Bonjour à vous Patrick,
      Merci pour ce commentaire courageux et argumenté.
      À titre purement personnel je me contente de suivre l’évolution des mœurs. Dans tous les cas ce n’est pas à 80 ans passés, 50 ans de mariage, athée jusqu’au bout des ongles, aimant la solidarité, l’entente avec toutes les formes de pensée, qu’il me deviendra l’idée d’intercéder entre faveur de telle ou telle partie de la société.
      Mon éducation rejaillit sans sans doute, m’a toujours poussé à penser que tous les humains étaient égaux en respect, droit et devoirs.
      Loin de moi l’idée de condamner quiconque de par sa façon de se comporter, d’évoluer, de penser, du moment qu’elle-il reste dans la légalité et le respect des uns et des autres.
      Cordialement
      Michel

      • vdragon75 25/12/2020 / 11h47

        Cher Michel

        Vos positions vous honorent. Quant à moi, je profite de l’espace que vous laissez à vos lecteurs pour qu’ils puissent s’exprimer. Et je vous en remercie.
        Ceci dit, une petite remarque encore concernant le sujet qui nous occupe (enfin, le sujet à propos duquel nous échangeons plutôt).

        Personellement, je suis contre toute forme de censure. Je le précise. Au contraire même concernant les textes médiocres qui sont le sujet de cette intervention. Au moins, il donnent l’occasion de rire un peu.

        Vous citez un élu qui a voulu interdire la publication des élucubrations de Mme Harmange. Perso, je trouve que c’est d’une part contre-productif (cette intervention a donné à celle-ci une visibilité qu’elle ne méritait pas) et d’autre part, si cette dame est convaicue par sa position, pourquoi ne pas le dire, le ridicule ne tue pas ou peu.

        Qu’elle nous fasse donc part de ses états d’âme et de ses positions. (Bon, j’avoue que je n’ai pas lu l’entièreté de son pamphlet, je refuse d’acheter cette petite bafouille et d’augmenter ne fut-ce que d’un euro l’escarcelle de son auteur. On trouvera bien cette oeuvre majeure dans une bibliothèque publique un jour prochain. Mon avis est donc peu éclairé, je me base sur les petits extraits représentarifs qu’on trouve facilement sur Internet).

        Mais fondamentalement, cet élu a raison. Le sexisme et racisme sont interdits en France. Je ne vois pas pourquoi on interdit les spectacles racistes d’un Dieudonné (par exemple) et qu’on autorise les errements de MMe Harmange.
        C’est l’un ou l’autre. Pas les deux.

        Bon, my two cents s’entend.
        Bonne continuation.

        PDO

        • Libres jugements 25/12/2020 / 18h01

          Bonjour et merci pour ce commentaire.
          En tant qu’administrateur je tiens à préciser deux choses : 1) si je fais des sélections de phrases dans les articles, c’est uniquement pour des raisons de copyright et pour se garantir l’authenticité je joins toujours le lien officiel. 2) en dehors de la « copie » d’articles il m’arrive de mettre quelques commentaires. Dans la majorité des cas j’évite de le faire laissant l’appréciation aux lectrices lecteurs… sauf qu’entre les déformations sont trop criantes ou le rappel à l’origine de l’article en déforme ou évite de le relater.
          Vous souhaitant de bien terminer l’année 2020 et d’entamer la prochaine avec plein de vœux
          cordialement
          Michel

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